un hemisphère dans une chevelure
Publié le 23/06/2015
Extrait du document
«
Ainsi la chevelure constitue le fil conducteur du voyage mais aussi du texte.
D'autre part on
remarque que le premier et le dernier paragraphe se font écho.
Tous deux commencent
effectivement par l'impératif « laisse moi » , suivie de l'adverbe « longtemps » et sont associés au
même thèmes les souvenirs : « pour secouer des souvenirs en l'air » (vers 3 ) « il me semble que je
mange des souvenirs » ( v.20 ).
C'est comme si le voyage recommençait à l'infini grâce à la poèsie:
ce qu'on appelle un shema circulaire.
En cela nous pouvons dire que un hémisphère dans sa
chevelure est un texte clos et circulaire à la structure très travaillé.
Il s'apparente donc à un poème.
La présence de la poésie se fait également sentir tous au long du texte, à travers les
répétitions, le rythme et les sonorités.
Tout d'abord de nombreuses répétions et d'anaphores
rythment le texte « laisse moi » « longtemps ; longtemps » (v 1 ; 19 ) « tes cheveux » ( v 1,5,6,19),
« comme »( v.2 , 5 ) , « tout » (v 4,6 ) , « tes cheveux contiennent […] ils contiennent » (v 6 ) «
par » ( v 8 et 9 ) « Dans [ … ] de ta chevelure » ( v 10 13 16 17 ) De plus le rythme ternaire appuie
la musicalité du poème : « tous ce que je vois ! tous ce que je sens ! Tous ce que j'entends ! » (v.4)
« par les fruits ; par les feuilles ; par la peau humaine » Enfin la poesie se manifeste par le bias des
echos sonores.
Les sonorités renvoient à l'atmosphère et aux sensations évoquées.
Par exemple les
allitérations en « m », en « r » et en « p » rappelle la musique ( ligne 5 ), les chants mélancoliques
( ligne 10 ) , et les allitération en « s » et en « f » ainsi que la consonance en « ch » évoquent
l'atmosphère douce et feutrée .
Ces éléments sont caractéristiques du poème en prose.
Prose et
poèsie se mêlent et forment une harmonieuse union des contraires.
M aintenant attachons nous à démontrer que ce poème en prose est en effet un poème d'amour.
Baudelaire destine ce poème à la femme aimée.
La présence d'un loc uteur est ainsi marquée
par la 2ème personne du singulier : « laisse moi » ( v 1 et 19 ), « tes cheveux » ( v 1,5,6,19), « Si
tu pouvais savoir » (v 4 ) « ta chevelure » (v 10 ,13, 16, 17, 18), « tes tresses lourdes et noires »
( v.
19 ).
Il s'agit d'une adresse directe , renforcée par l'emploi de l'impératif « laisse moi » (v 1 et
19) Par ailleurs le tutoiement traduit le caractère intime de la relation du poète avec le destinataire.
Enfin, les « tresses lourdes et noires » (v 19 ) indiquent que ce destinataire est une femme, et plus
particulièrement Jeanne Duval, une des maitresses du poète associée à l'exotisme.
Le caractère amoureux de la relation se manifeste à travers une atmosphère intime et
sensuelle.
En effet, un cadre intime se dessine au 5 eme paragraphe à travers un court champ
lexical de l'intimité : « divan » ; « chambre » « pots de fleurs » ( v 14, 15).
Par ailleur, tous les sens
du poète sont mis en éveil : « si tu pouvais savoir tout ce que je vois ! Tout ce que je sens ! Tous ce
aue j'entends dans tes cheveux ! » (v.4) Le poéte est transporté par la chevelure de la femme et pllus
particulièrement son parfum.
Ainsi un vaste champ lexical de l'odorat et du parfum se deploie tout
au long du poème : « l'odeur de tes cheveux »( v 1), « comme un mouchoir odorant » (v3)
« parfumée » ( v8) « je respire l'odeur » (v16).
Mais les autres sens sont également sollicités.
La vue : tout ce que je vois ( v 4) ; j'entrevois ( v 10)
le toucher : « les caresses de ta chevelure » (v13)
l'ouïe : tout ce que j'entends ( v 4 ) ; la musique ( v4 et 5 )
Le goût : « les fruits » (v8) , sucre ( v 16) mordre ; mordille ; manger ( v 19;20)
Le verbes mordre et mordille soulignent aussi le caractère érotique de ce poème d'amour.
En poèsie, un blason est un poème qui célèbre une partie du corps de la femme aimée.
Dans
un hémisphère dans une chevelure, la femme aimée n'est évoquée au'à travers une seule partie de
son corps : ses cheveux.
Ces cheveux désignent par métonymie la femme et sont presque
personnifiés : « tes cheveux élastiques et rebelles » (v 20 ).
Le poète fais ici l'éloge de la femme à
travers sa chevelure, qui lui donne accès à un monde idéal.
Cette idéalisation est marquée par la
plénitude qu'on retrouve dans la répétition de « tout » et « toutes » ( v 1, 4,6,11) et l'abjectif «
plein » (v 6 ) mais aussi par les hyperboles « immense » « éternelle chaleur » et le lexique mélioratif
« charmants climats » (v 7 ) « beau navire » ( v 14)
La chevelure au centre du poème permet au poète d'accéder à l'idéal, à ailleurs..
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