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Un critique, Volker Kapp, parle des Aventures de Télémaque de Fénelon comme d'un "voyage dans l'univers des valeurs". Commentez et discutez cette formule à partir de votre propre lecture du livre de Fénelon.

Publié le 07/10/2018

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Fénelon remet en cause les valeurs très superficielles du peuple limitrophe. On comprend que leur superficialité est mise en avant, et les arts du luxe comme l’ameublement, la décoration, la parfumerie sont dénoncés. La cible visée est

 

ici Versailles et la cour. Ainsi au Livre XVIIe Mentor dira: « L’autre mal presque incurable est le luxe. Comme la trop grande autorité empoisonne les rois, le luxe empoisonne toute une nation. On dit que le luxe sert à nourrir les pauvres aux dépends des riches, comme si les pauvres ne pouvaient pas gagner leur vie plus utilement, en multipliant les fruits de la terre sans amollir les riches par des raffinements de volupté.» Ou encore « ces peuples sont bien malheureux d’avoir employé tant de travail et d’industrie à se corrompre eux même ! ».

 

Comme Ulysse, Télémaque qui est protégé par les dieux est vu comme un être supérieur, un héros que l’on peut prendre comme modèle. Fénélon, homme de Dieu et chrétien fera vivre à Télémaque une expérience mystique : à la recherche de son père il franchira les portes de l’enfer. Si l’homme, le héros et le fils sortiront grandis par cette expérience divine, Télémaque apprendra aussi que l’homme, héros ou roi, n’est rien s’il ne vénère pas Dieu. Dans le livre XIV Minos dira ainsi à un roi condamné: »On ne te reproche rien à l’égard des hommes. Mais ne devais-tu pas moins aux hommes qu’aux dieux ? (...) Tu n’as manqué à aucun devoir envers les hommes, qui ne sont rien...». Plus tard Télémaque observera le supplice du philosophe et Fénélon écrira: « Sa conscience, dont le témoignage lui avait été si doux, s’élève contre lui et lui reproche

 

amèrement l’égarement et l’illusion de toutes ses vertus, qui n’ont point eu le culte de la divinité pour principe et pour fin. Il est troublé, consterné, plein de honte, de remords, et de désespoir.» Si Mentor élève les héros qui donnent l’exemple, les rois qui guident les hommes, il ne manque pas en homme de dieu de les réduire en simple mortels en leur disant vous n’êtes rien sans dieu. Si « Les Aventures de Télémaque» de Fénélon se présente comme un roman d’aventures qui reprend les péripéties du voyage d’Ulysse, la figure de Mentor confirme l’aspect hautement éducatif de ce roman qui se veut plus qu’un simple traité d’éducation. C’est à travers ce père symbolique et en l’occurrence divin, 5

 

puisque Mentor n’est autre que Minerve la déesse de la sagesse et de la guerre, que Fénélon nous fait voyager à travers l’univers des valeurs. Outre les conseils et les mises en garde prodigués à son protégé, il s’inspire de la morale d’Aristote pour lequel la plus haute vertu est la recherche du juste milieu et donc du bonheur. Dans de nombreux exemples donnés Tempérance et sagesse guident toujours les choix et les actions. 

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« offrir l'immortalité pour le garder.

Mentor qui sent venir le danger construit un navire, mais celui-ci sera brûlé par les nymphes.

A la vue des flammes, Mentor jette son protégé à la mer et ils nagent ensemble vers un navire phénicien qui les recueillera.

Adoam, le capitaine du bateau que Télémaque a connu à Tyr lui raconte la mort de Pygmalion et de son épouse Astarbé.

Adoam décide de le ramener à Ithaque mais Vénus toujours en colère obtient à nouveau une faveur des dieux.

Une divinité trompeuse enchante le pilote du bateau, qui croyant faire cap sur Ithaque, aborde en fait à Salente.

Le roi du pays, Idoménée, les accueille chaleureusement.

Mentor aide Idoménée, ce qui permet d'éviter une guerre et de conclure un traité de paix.

Il lui fera retrouver son sage et fidèle ami Philoclès qui s’était exilé pour fuir les machinations de Protésilas, courtisan hypocrite.

Télémaque pour aider les Manduriens fera la guerre aux Dauniens.

Il tuera l’irascible Adraste et retournera à Salente.

Là, il découvrira la prospérité dans laquelle se trouve une ville qui vit dans la paix et la sérénité.

Bien que tombé amoureux d’Antiope, fille d’Idoménée, Télémaque poursuit son périple.

Comme Dante accompagné de Virgile, il ira dans le royaume des morts.

Il verra alors quel est sort est réservé aux rois selon qu’ils ont été bons ou mauvais, et apprendra par son arrière grand-père qu’Ulysse n’est pas au royaume des Morts.

Avant d’arriver à Ithaque Minerve apparaît et donne à son protégé de derniers conseils.

Comme tout héros, Télémaque est beau et téméraire.

Les rebondissements, le merveilleux introduit par les nombreux personnages surnaturels, les récits, les descriptions de jardins magnifiques comme par exemple celui l’île de Calypso ou la prospérité de contrées idéales qui ne connaissent ni les rigueurs de l’hiver, ni les brûlures de l’été, la vie champêtre des bergers et des agriculteurs qui ne manquent de rien et le paradis qui attend les sages, contribuent à enchanter le lecteur qui se retrouve ainsi fasciné et rêveur.

Cependant, rien ne distinguerait ce roman d’aventures d’un autre s’il n’y avait la figure de Mentor.

Faut -il s’étonner si ce nom est passé dans l’usage courant pour désigner l’éducateur plus encore le père spirituel? Mentor est ce père spirituel qui accompagne le fils d’Ulysse dans son devenir, qui lui fait découvrir la vrai vertu et le prépare à être un bon roi.

Chaque étape du voyage est une expérience, une expérience vécue ou le récit d’expérience.

Un roi est un homme et comme tel il est victime de ses sens, l’amour, la passion et les plaisirs pourraient le détourner de son but.

Mais un bon roi doit surtout apprendre à discerner les bons et les faux amis, ne pas céder aux flatteries, rester fidèle à lui -même.

Amoureux d’Eucharis, Télémaque 3 est prêt à oublier l’importante mission qui lui incombe.

Sans Mentor, qui l’arrache aux illusions dans lesquelles le Dieu Amour le berce, il aurait volontiers terminé son voyage sur l’île, sans parler des dangers qu’il aurait encourus auprès de Calypso, jalouse et blessée dans son orgueil.

De même lors du combat contre le fort et courageux Hippias, frère du roi allié Phalante, Télémaque comprend non seulement que sa perte était certaine si les dieux ne l’avaient pas secouru mais il réalise également honteux qu’il s’est laissé emporté, qu’il n’a pas été maître de soi, car s’il avait agi avec sagesse il n’aurait pas à déplorer sa faute.

Télémaque écoute le récit d’Idoménée qui abandonne son véritable ami Philotècte à la calomnie et ne trouve pas le courage de se débarrasser du traitre Protésilas par manque de courage.

Grâce à Mentor, Idoménée reconnaîtra sa faute et punira, toutefois sans vengeance l’arrogant et hypocrite Protésilas, prouvant ainsi que la vrai grandeur est de reconnaître son erreur plutôt que de persister par faiblesse ou par orgueil dans l’erreur.

Quelles sont les qualités qu’un bon roi doit avoir ? Plus qu’un manuel de préceptes moraux Fénélon préconise une attitude.

Dans le texte bien sûr, des valeurs clés sont proposées, des exemples de programmes politiques mais point de système donné une fois pour toutes.

On doit éviter la tyrannie qui est provoquée par la soumission aux passions, les favoris et les flatteurs.

Un des risques pour le monarque est d’être mal conseillé : personne n’a la légitimité de donner des conseils.

Pour Mentor la Tempérance et le vrai courage sont des valeurs de base.

Ce n’est pas être faible que de faire preuve de réflexion et ainsi ne pas céder aux pulsions dévastatrices.

Il peut paraître tiède et un peu médiocre pour un héros de chercher le bonheur dans les plaisirs simples et sereins, de fuir la passion qui est source de douleur, d’éviter le luxe ou de s’abandonner au plaisir qui corrompt.

Mais que pourrait- on attendre d’un homme qui est lui -même esclave ? Qui plus est d’un roi qui a pour devoir le bonheur du peuple. Dans le livre Ve un vieillard lit dans le livre des lois de Minos: « Ceux qui ont dans leurs mains les lois pour gouverner les peuples doivent toujours se laisser gouverner eux mêmes".

Le roi a de grandes responsabilités il veille sur son peuple comme un père sur son enfant et le préserve de toute corruption.

Dans le livre XIe Mentor dira: « Il vaut bien mieux prévenir le mal que d’être réduit à le punir.

(…) qu’on mette l’honneur à fuir les délices et. »

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