Un critique contemporain écrit : « Les Confessions n'ont pas seulement pour fonction d'être une justification et un témoignage : pour un Rousseau meurtri, elles sont ... une consolation, une chanson qui berce la misère humaine. » Vous direz dans quelle mesure cette phrase peut servir de définition aux quatre premiers livres des Confessions.
Publié le 26/07/2013
Extrait du document
Le plan
I. Une justification et un témoignage
a) Une justification
b) Un témoignage
II. Le besoin d'être consolé
a) La nature de cette consolation
b) Nuances et réserves
III. Une justification ou une apologie ?
a) Un témoignage ou un souvenir idéalisé ?
b) Une consolation ou une tentative de récupération du bonheur ?
Introduction
Du bilan d'une vie à l'élucidation du moi, du règlement de comptes
au désir de ressusciter le passé, les raisons qui poussent un écrivain à
entreprendre son autobiographie ne manquent pas. Le plus souvent
d'ailleurs elles s'entremêlent, comme l'écrit un critique contemporain à
propos des Confessions : « Les Confessions n'ont pas seulement pour
fonction d'être une justification et un témoignage : pour un Rousseau
meurtri, elles sont ... une consolation, une chanson qui berce la misère
humaine. « Si les raisons avouées de Rousseau sont effectivement la
volonté de se justifier et d'apporter sur sa vie un témoignage sincère et si
sa raison profonde est le désir d'une consolation, ces trois points appellent
néanmoins quelques nuances et réserves.
«
je ne pu is l 'induire en erreur ».
b) Un témoignage
Pour Rousseau, la meilleure des justifications est en effet ce témoi -
gnage sur sa propre vie que l 'autobiographie va dérouler de sa naissance
jusqu'au moment où il écrit cet ouvrage (1765).
Ce récit de première main
permet au lecteur de connaître les expériences de Jean -Jacques, ses
se ntiments et son caractère.
Comment le lecteur n 'éprouverait -il pas de
sy m pathie pour un jeune homme aux goûts simples, et ne repor terait -il
pas sur l 'adulte une sympathie d'autant plus méritée qu'elle s 'adresse à un
homme malheureux, persécuté, odieusement calomnié ? Une âme
gén éreuse et tendre qui s'enflamme à la vue de l 'arbitraire, un cœur fier,
inc apable de se plier à un joug et dans lequel l 'expérience précoce de
l'inju stice a laiss é une empreinte ineffaçable, voilà le por trait que
Rousseau donne de lui -même.
Chaque fois que le témoignage personnel
s'enrichit d'un témoignage sur l 'époque, Jean -Jacques tient à marquer ses
distances et, le plus souvent, son opposition radicale avec la société de
son temps : aux soupers fins il préfère de loin un modeste repas rustique
composé de laitage et de pain bis, au libertinage une tendre amitié
amoureuse, aux calculs de l 'ambition une occupa tion modeste comme la
copie de la m usique.
L'éducation d'un orphelin autodidacte, la formation d'une person -
nalité exceptionnelle (« Je ne suis fait comme aucun de ceux que j'ai vus
», affirme orgueilleusement le Préambule), les élans et les désillusions
d'un jeune homme naïf : telles sont les pièces destinée s par Rousseau à
ses accusateurs.
Mais en se penchant sur son passé, il retrouve les joies
et les plaisirs de sa jeunesse : voilà ce qui constitue « cette chanson qui
berce la misère humaine » évoquée par notre critique.
II. Une consolation
Par l 'évocation du passé, Jean -Jacques se console des chagrins et
des soucis du présent, comme en témoigne ce soupir mélancolique : «
Que j'aime à tomber de temps en temps sur les moments agréables de
ma jeunesse ! Ils m'étaient si doux ; ils ont été si courts, si rares, et je les
ai goûtés à si bon marché ! Ah ! leur seul souvenir rend à mon cœur une
volupté pure dont j'ai besoin pour ranimer mon courage et soutenir les
ennuis du reste de mes ans » (IV).
Bien plus, par sa démarche, il permet
à tous ceux qui endurent des souf frances analogues de se recon naître en
lui.
Tel est le sens, très général, que prend la fin de la phrase de notre
cr itique, « une chanson qui berce la misère humaine » : l'au tobiographie
panse les plaies de ceux qui sont blessés par la vie, elle a une va leur
th érapeutique et pour l'auteur et pour le lecteur.
Mais pourquoi Jean -
Jacques éprouve -t-il le besoin d'être consolé ?
a) Le besoin d'être consolé
Rousseau est un homme vulnérable en raison d'une sensibilité très
vive, alliée à une grande timidité.
Il sou ffre avec une singulière acuité de
ce qui laisserait d'autres totalement indifférents.
Taciturne, intro verti, mal
à l'aise en société, Jean -Jacques n'a pas tendance à soulager son cœur en
se confiant à un ami ou à un proche.
Il n'a jamais révélé à qui que ce soit
le vol du ruban, pas même à Madame de Warens, avant de le confesser.
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