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Un amour de Swann de Proust (commentaire)

Publié le 28/09/2018

Extrait du document

amour

Une rencontre

 

Mais, tandis que chacune de ces liaisons, ou chacun de ces flirts, avait été la réalisation plus ou moins com plète d'un rêve né de la vue d'un visage ou d'un corps que Swann avait, spontanément, sans s'y efforcer, trouvés charmants, en revanche, quand un jour au théâtre il fut présenté à Odette de Crécy par un de ses amis d 'autrefois, qui lui avait parlé d'elle comme d'une femme ravissante avec qui il pourrait peut-être arriver à quelque chose, mais en la lui donnant pour plus difficile qu'elle n'était en réalité afin de paraître lui-même avoir fait quelque chose de plus aimable en la lui faisant connaître, elle était apparue à Swann non pas certes sans beauté, mais d'un genre de beauté qui lui était indifférent, qui ne lui inspirait aucun désir, lui causait même une sorte de répulsion physique, de ces femmes comme tout le monde a les siennes, différentes pour chacun, et qui sont l'opposé du type que nos sens réclament. Pour lui plaire elle avait un profil trop accusé, la peau trop fragile, les pommettes trop saillantes, les traits trop tirés. Ses yeux étaient beaux, mais si grands qu'ils fléchissaient sous leur propre masse, fatiguaient le reste de son visage et lui donnaient toujours l'air d'avoir mauvaise mine ou d'être de mauvaise humeur. Quelque temps après cette présentation au théâtre, elle lui avait écrit pour lui demander à voir ses collections qui l'intéressaient tant, « elle; ignorante qui avait le goût des jolies choses », disant qu'il lui semblait qu'elle le connaîtrait mieux quand elle l'aurait vu dans \"son home\" où elle l'imaginait «si confortable avec son thé et ses livres », quoiqu'elle ne lui eût pas caché sa surprise qu'il habitât ce quartier qui devait être si triste et « qui était si peu smart pour lui qui l'était tant». Et après qu'il l'eut laissée venir, en le quittant, elle lui avait dit son regret d'être restée si peu dans cette demeure où elle avait été heureuse de pénétrer, parlant de lui comme s'il avait été pour elle quelque chose de plus que les autres êtres qu'elle connaissait et semblant établir entre leurs deux personnes une sorte de trait d'union romanesque qui l'avait fait sourire.

 

Folio, pp. 17-18

Mouvement

 

Le récit présente une structure chronologique, en évoquant successivement les deux premières entrevues des personnages, à «quelque temps» de distance. Mais il s’attache surtout à épouser le mouvement des impressions de Swann: l’évocation des circonstances de leur rencontre aboutit chez lui à un constat d’indifférence (première phrase), qui trouve son analyse et sa justification dans le portrait d’Odette (deuxième et troisième phrases), avant de se nuancer très légèrement dans le sourire qui clôt leur deuxième face-à-face (quatrième et cinquième phrases).

amour

« «si confortable avec son thé et ses livres », quoiqu'elle ne lui eût pas caché sa surprise qu'il habitât ce quartier qui devait être si triste et « qui était si peu smart pour lui qui l'était tant».

Et après qu'ill'eut laissée venir, en le quittant, elle lui avait dit son regret d'être restée si peu dans cette demeure où elle avait été heureuse de pénétrer, parlant de lui comme s'il avait été pour elle quelque chose de plus que les autres êtres qu'elle connaissait et semblant établir entre leurs deux per- sonnes une sorte de trait d'union romanesque qui l'avait fait sourire.

Folio, pp.

17-18 Situation du texte Le récit d'Un amour de Swann s'ouvre dans le salon Verdurin.

Odette, jeune femme aux mœurs assez légères, demande à y introduire un ami, Swann.

Les pages suivantes retracent les débuts de leur liaison, pla­ cée sous le signe du paradoxe.

Toutes les-nombreuses - aventures antérieures de Swann avaient en effet un point commun: «La profondeur, la mélancolie de l'expression, glaçaient ses sens , que suffisait au contraire à éveiller une chair saine, plantureuse et rose.

» Lorsque la narration évoque ses premières ren­ contres avec Odette, on mesure combien cette nouvelle liaison est en décalage par rapport aux précédentes.

Mouvement Le récit présente une structure chronolo­ giq ue, en évoquant successivement les deux premières entrevues des person­ nages, à «quelque temps» de distance.

Mais il s'attache surtout à épouser le mou­ vement des impressions de Swann: l'évo­ cation des circonstances de leur rencontre aboutit chez lui à un constat d'indifférence (première phrase), qui trouve son analyse et sa justification dans le portrait d'Odette (deuxième et troisième phrases), avant de se nuancer très légèrement dans le sourire qui clôt leur deuxième face-à-face (qua­ trième et cinquième phrases).

Important: tout texte présenté au bac doit être lu à voix haute.

Cet te lecture doit s'a ppuyer sur une ana lyse exacte, et en un sens la préfigurer.. »

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