TROYAT Henri, pseudonyme de Lev Tarassov (vie et oeuvre)
Publié le 08/11/2018
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TROYAT Henri, pseudonyme de Lev Tarassov (né en 1911). Né à Moscou, Lev Tarassov a six ans lorsque, avec sa famille, il quitte la Russie en 1917; en 1920, il arrive en France. Licencié en droit à Paris, naturalisé, il devient rédacteur à la préfecture de la Seine et conservera cet emploi jusqu’en 1943. Passionné de littérature, il publie en 1936 son premier roman, Faux Jour, qui reçoit le prix Populiste. L'Araigne (prix Goncourt 1938) lui apporte une popularité qui ne cessera de croître, surtout à partir de 1947 : sans abandonner le roman (la Neige en deuil, 1958; Grimbosq, 1976; le Pain de l'étranger, 1982), la nouvelle (le Geste d'Eve, 1964; les Ailes du diable, 1966) ou les récits de voyages, il édifie de grands cycles romanesques. Dix volumes ont pour cadre la France (Tant que la terre durera, 1947-1950; les Semailles et les Moissons, 1953-1957; les Eygletière, 1965-1967), onze autres la Russie (la Lumière des justes, 1959-1963; les Héritiers de l'avenir, 1968-1970; le Moscovite, 1973-1975). Le réalisme des tableaux historiques, étayé sur une documentation solide et minutieuse, assaille le lecteur. Mais l'histoire n’est qu’un contrepoint aux drames individuels. Ces récits foisonnent de personnages qui se relaient au rythme des générations successives et dont l’aventure s’insère à travers les tourmentes d’une époque, celle de la France contemporaine jusqu'à la Libération, celle de la Russie tsariste jusqu’à la révolution d’Octobre.
Depuis 1977, Troyat (élu à l’Académie française en 1953) s'est fait historien de la Russie avec les biographies de ses tsars : Catherine la Grande (1977), Pierre le Grand (1979), Alexandre Ier (1981), Nicolas II le dernier tsar (1982). Ici encore, ses lecteurs apprécient le conteur, le « romancier tout court ». Il a également consacré plusieurs ouvrages à des écrivains russes (Dostoïevski, 1940; Pouchkine, 1946; Tolstoï, 1965; Gogol, 1971; Tchékhov, 1984; Tourgueniev, 1985; Gorki, 1986), mais aussi français (Flaubert, 1988: Zola, 1992).
Le réalisme, chez Troyat, n’exclut jamais l’espérance, le sentiment supplée à la métaphysique. La banalité des détails et des propos, l’ampleur du récit créent une impression de vraisemblance et de familiarité. L’auteur ne se met pas en scène, sauf dans l’autobiographie Un si long chemin (1976). Il se refuse à tout jugement sur ses personnages, répugne au psychologisme, ce qui n’exclut pas, parfois, un climat d’étrangeté : il privilégie volontiers les exaltés, les êtres ambigus, ceux qui ont le Front dans les nuages (1977) ou poursuivent leur rêve nostalgique (le Bruit solitaire du cœur, 1985), les vies intérieures
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