TRADITION ORALE ET LITTÉRATURE FRANCOPHONE
Publié le 08/11/2018
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TRADITION ORALE ET LITTÉRATURE FRANCOPHONE. Mythes, épopées, contes, fables, chansons, proverbes : autant de genres aux règles et aux usages particuliers, dont l’exposé revient aux spécialistes et qui se trouvent réunis par leur commune appartenance à la tradition orale. Les problèmes liés à l'oralité sont aussi mouvants, fuyants, insaisissables que cette oralité elle-même. Seuls sont esquissés ici ceux qui concernent le passage de la tradition orale, notamment négro-africaine, à la littérature de langue française. Mais le passage de l’oralité à l’écriture est un phénomène général, que la France médiévale a déjà connu.
Sur l’oralité elle-même, qu’il suffise de dire qu’une culture orale est assumée, pour sa création et sa transmission, par l’ensemble des individus d’une société, tandis qu’une culture écrite est l’apanage d’une minorité de lecteurs, d’une plus petite minorité encore d’écrivains, laissant la majorité beaucoup plus inculte, finalement, que dans les civilisations qui ne connaissaient que la tradition orale. Il y a cependant, dans ces civilisations, des « diseurs » professionnels : griots de l’Afrique de l’Ouest, chantres du Mvett de l’Afrique bantoue du Centre et du Sud...
Quand Hampaté Bâ a poussé son cri d’alarme : « Un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle », on s’est préoccupé de la conservation de ces traditions orales, menacées d’oubli ou de décrépitude par la concurrence de l’écrit. Les entreprises de transcription ont été multiples et diverses, qu’elles soient le fait des instituts spécialisés en Afrique ou en Europe ou celui des chercheurs individuels, des écrivains, des amateurs. Il est impossible de faire brièvement l’inventaire de la matière ainsi recueillie. Il est difficile également de porter un jugement pertinent sur sa valeur exacte. Mais il est certain que ces transcriptions sont de valeur très inégale, allant du recueil d’une matière irremplaçable à l’enregistrement des premiers radotages venus, sacralisés par le magnétophone. A côté du très beau Laaytere Koodal d’Hampaté Bâ (1974), on a le médiocre et ennuyeux Da Monzon, Quel que soit le respect dû aux traditions, il faut avouer que trois pages de généalogie, que ce soit dans la Bible ou dans l’épopée bambara, n’ont qu’une médiocre valeur spirituelle et artistique, même si on peut en inférer de savantes conclusions sur la nature et le fonctionnement des sociétés. Les transcriptions n’en ont pas moins l’intérêt, jusque dans leurs excès, d’ouvrir aux chercheurs de demain un ample champ d’investigations et de tri. Telles quelles, ces transcriptions n’ont guère de chances de conquérir le public, en raison de l’aridité littéraire du résultat obtenu — s’agissant, bien sûr, du français, le cas des transcriptions en langues vernaculaires étant très différent et, de ce fait, beaucoup plus précieux et intéressant à pratiquer.
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