« Toutes les nouveautés durables de la première moitié du XIXe siècle, en poésie, en histoire, en critique, ont reçu de Chateaubriand ou la première inspiration ou l'impulsion définitive» (Nisard). Commentez et discutez. On ne saurait suspecter Nisard de tendresse pour tout ce qui touchait au mouvement romantique. Classique plein de prévention, il jugeait avec sévérité toutes les nouveautés de son temps. On n'en est que plus étonné de la clairvoyance du jugement qu'il porte sur l'influ
Publié le 15/02/2011
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I. LA PREMIÈRE INSPIRATION OU L'IMPULSION DÉFINITIVE : a) On sait quels sont les grands principes directeurs de l'art classique : un art mesuré, raisonnable, l'étude de l'homme, mais dans ce qu'il a de plus général et de plus permanent ; la superstition de l'antiquité gréco-romaine ; le respect de règles strictes que l'on tient pour raisonnables : hiérarchie, autonomie des genres. Bref, l'idéal de Boileau, que le XVIIIe siècle ne discutera guère. (Voltaire, les petits poètes...). Chateaubriand n'a plus rien de commun avec ce classicisme. C'est donc un grand novateur.
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dans sa forme, il restait à l'histoire, telle que l'avait conçue Voltaire, à faire vivre, à ressusciter.
Dans l'oeuvre de Chateaubriand, on trouve à la fois l'Orient, l'Islam» la Grèce, Rome, les Barbares, les Francs, leMoyen Age.
Il ressuscite Sparte, Athènes, Rome, Carthage, Constantinople, Jérusalem, l'Amérique.
On voit vivre lasociété grecque, romaine, des païens, des barbares.
L'histoire s'associe à la géographie pour donner une vision pluscomplète du passé.
Le style artiste : Sans doute on dira que les tableaux des « Martyrs » sont plus d'un artiste, d'un poète épique qued'un historien (Bataille du livre VI).
C'est pourtant là que va s'enthousiasmer Augustin Thierry : il y découvre la vie,la couleur locale, les formes et le mouvement du passé.
Michelet sera également, et aux mêmes titres, le filsspirituel de Chateaubriand.
Renan aussi, sans doute.
Il a donné au XIXe siècle le sens historique et artistique du passé.
IV.
LA CRITIQUE :
Rappel de ce qu'était la critique « dogmatique » telle que la concevait Boileau.
Chateaubriand l'a renouvelée à plus d'un titre ; il pose les principes de la critique historique ; l'œuvre d'art s'expliquepar le milieu ; exemple de l'Andromaque païenne et de l'Andromaque chrétienne.
Il étend les connaissances auxlittératures étrangères ; la critique doit être internationale et ne pas se borner à la superstition de la Grèce et deRome.
Il substitue une critique positive (recherche des beautés réelles) à celle, négative, qui consistait à rechercherles défauts.
Villemain, Girardin, Nisard, Sainte-Beuve, Taine, Brunetière naîtront de lui.
V.
LE ROMAN :
— Mais Nisard n'a pas songé au roman.
Chateaubriand l'a également renouvelé.
— Roman confidence personnelle : « René », « Atala », « les Natchez ».
De cette influence procéderont.
«Obermann », « Adolphe », certains romans de G.
Sand.
— Il peindra la nature, recherchera l'expression colorée dans sa peinture : (Flaubert, les Goncourt, Gautier).
Il vaélargir l'exotisme.
Enfin, le régionalisme (l'Auvergne de G.
Sand ou la Touraine de Balzac) trouvera en lui sa premièreexpression.
Conclusion : Nous ne contesterons pas que Chateaubriand ait eu des devanciers : Mme de Staël, Rousseau,Chénier, Buffon, Bernardin de Saint-Pierre...
Mais son influence a été si large et si féconde qu'il a été en quelquesorte, pour le XIXe siècle, toute notre Renaissance, presque à lui seul..
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