Tout est dit et l'on vîent trop tard, depuis plus de sept mille ans qu'il y a des hommes et qui pensent. Sur ce qui concerne les moeurs, le plus beau et le meilleur est enlevé; on ne peut que glaner après les anciens et les habiles d'entre les modernes. Que faut-il penser de cette opinion de La Bruyère, au chapitre « Des ouvrages de l'Esprit »,dans les « Caractères » ?
Publié le 02/06/2012
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Dans son chapitre Des ouvrages de l'Esprit, La Bruyère déclare que, depuis longtemps, tous les sujets susceptibles d'être envisagés ont été traités. Est-il vrai qu'il ne resterait plus aux auteurs contemporains « qu'à glaner après les anciens et les habiles d'entre les modernes « ?
Sans doute, nous sommes, dans une large mesure, esclaves de la tradition. Chacun de nous a derrière lui tout un long passé, dont il est issu et dont il dépend. C'est d'ailleurs une des conditions mêmes de l'existence. La société et l'individu ont leurs assises solides dans le seul passé.
«
pensées qu'elle pouvait former et sm·tout des sentiments suscep'
tibles de l'agiter.
La littérature, qui se pique de donner une
expression exacte de ces idées et de ces sentiments, serait donc
condamnée
à reprendre sans cesse les mêmes thèmes.
C'est en
ce sens que Byron a pu prétendre qu'il ne saurait y avoir « d'éori
vain absolument original ».
II.
En quoi consiste la véritable originalité.
Aussi n'est-ce pas dans le choix du sujet qu'il convient de i) Elle ne réside
rechercher l'originalité.
Notre littérature du xvi' et du xvne siècle Pa:dandle~o~x nous en fournit une éclatante confirmation.
m me u suJe •
.
Ronsard et les poètes de la Pléiade se sont mis résolument à
l'école des anciens, leur empruntant non seulement des sujets,
mais encore des cadres,
et des procédés d'expression.
Adeptes
fervents de
l'humanisme, ils proclament que l'esprit humain n'a
pas varié dans son fond.
De même les classiques du xvn• siècle
admettent que les héros d'Homère, les
personnage~ de Sophocle
et d'Euripide sont susceptibles
de nous intéresser.
Cependant les
Amours de Ronsard, les Regrets de du Bellay, les Fables de La
Fontaine, les tragédies de Racine, constituent autant d'œuvres
nouvelles et personnelles.
C'est donc que la véritable originalité consiste dans la façon
2) Elle réside dans de traiter les sujets choisis.
« Qu'on ·ne dise pas que je n'ai rien la mise en œu
dit de nouveau, écrivait Pascal.
La disposition des matières est vre.
no.uvelle.
Quand on joue à la paume, c'est une même balle dont
an joue l'un et l'autre, mais l'un la place mieux •·
Ainsi s'explique la prédilection que les représentants de l'école 3) qn peut donc
classique affichaient pour les anciens.
Us estimaient qu.e, ceux-ci ~~;::~t 0~~n:L
ayant su démêler le fond éternel de la nature humaine, on ne
saurait faillir en les prenant pour modèles.
Et cependant ni Racine, ni Molière, ni La Fontaine ne furent
des plagiaires.
Sans doute Racine emprunte à Euripide le sujet d'Iphigénie ; a) Racine
il puise chez Tacite l'idée de Britannicus.
Néanmoins ses per-
sonnages vivent d'une vie qui leur est propre ; chacun d'eux a
son individualité nettement accusée et ne ressemble absolument
à aucun de ceux qui portent le même nom dans les œuvres anté-.
»
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- « Tout est dit et l'on vient trop tard depuis plus de sept mille ans qu'il y a des hommes et qui pensent. » C'est ce qu'écrit La Bruyère au début du premier chapitre des Caractères. Pensez-vous qu'aujourd'hui encore les jeunes généra¬tions se heurtent à ce même problème pour créer à leur tour des oeuvres littéraires et artistiques?
- La Bruyère, dans le chapitre des ouvrages de l'esprit, prétend que les femmes sont généralement supérieures aux hommes dans la manière d’écrire des lettres. « Ce sexe va plus loin que le nôtre dans ce genre d’écrire. » En vous aidant des lettres de Mme de Sévigné que vous connaissez, voue, essaierez d'expliquer l'opinion de La Bruyère.
- La Bruyère a écrit en tête de ses Caractères: Tout est dit et l'on vient trop tard depuis plus de sept mille ans qu'il y a des hommes et qui pensent. Un de ses obscurs imitateurs répliquait, quelques années plus tard (1699) : Tout n'est pas dit, tout n'est pas fait; il reste beaucoup à approfondir dans les sciences, beaucoup à inventer dans les arts. Vous expliquerez comment ils peuvent avoir raison tous les deux, l'un pensant à la littérature qui finit, l'autre à celle qui commence.
- « Tout est dit, et l'on vient trop tard depuis plus de sept mille ans qu'il y a des hommes et qui pensent. » La Bruyère, Les Caractères. Commentez cette citation.
- Tout est dit, et l'on vient trop tard depuis plus de sept mille ans qu'il y a des hommes et qui pensent. La Bruyère, Les Caractères. Commentez cette citation.