« Tout créateur est violent ». Que vous inspire cette phrase dans tous les matins du monde le livre et le film ?

« Tous les matins du monde est un roman de Pascal Quignard publié en 1991 se déroulant au XVII ème siècleévoquant l’histoire de Sainte Colombe et de son élève Marin Marais, les deux personnages principaux, sous le thèmede la musique baroque.

Cette œuvre à également été reprise par Alain Corneau pour être réalisée en film, avecnotamment le célèbre acteur Gérard Depardieu dans le rôle de Marin Marais.

Quelques petits détails diffèrent entre lelivre et le film,principalement ceux qui concernent tout le côté politique ( comme la destruction de Port Royal) maisCorneau reste très fidèle au récit et se concentre surtout sur la musique, ici interprétée par de la viole. Pascal Quignard écrit dans un autre de ces romans, « la nuit et le silence », la phrase suivante : « Tous créateurest violent ».

Nous allons donc tenter de trouver en quoi cette affirmation est-elle aussi applicable dans tous lesmatins du monde le livre ainsi que le film. Nous pourrons donc constater dans une première partie que la violence est bien présente de la part de SainteColombe , puis dans une seconde partie que cette violence se doit d’être présente pour tout créateur. Jean de Saint Colombe, compositeur et joueur de viole français réputé, né vers 1640 et mort vers 1700, apparaîtcomme un personnage austère des le début.

En effet, les phrases courtes qui le décrivent nous indique qu’il estmaniaque, qu’il écrasait les cerfs-volants et les hannetons avec le fond des bougeoirs.

Il ne savait et ne voulaitsûrement pas montrer ses sentiments, ce qui pouvait en faire une personne froide.

Saint Colombe était un adeptedu jansénisme, pratique religieuse et politique du à certaines évolutions de l’église catholique.

Il mène une vie loin detout, dans une cabane à l’intérieur de son jardin construite par des branches de mûriers.

Au physique c’était unhomme haut, maigre et brusque.

Il se tenait toujours très droit, le regard fixe, les lèvres serrées l’une sur l’autretoujours habillé en noir. Depuis la mort de sa femme, n’ayant pu être présent lors de son décès, il tombe vite dans des colères lorsque sesfilles lui parlent d’elle.

Quand Toinette lui demandait « qui était maman ? » il se rembrunissait et on ne pouvait plustirer de lui un mot.

Il aimait ses filles mais été très exigent avec elles, et les effrayés souvent quand il était sujet àdes colères sans raison.

Il lui arrivait régulièrement de casser des meubles. Au chapitre IV, M.

Caignet, conduit par Toinette jusqu’à la cabane du jardin, transmet à Sainte Colombe, furieuxqu’on l’eût dérangé dans sa retraite, la demande du Roi, qui est de le voir se produire à la cour.

Devant le refus deSainte Colombe, Caignet insiste sur le fait que le souhait de sa majesté est un ordre.

« Ses yeux luisirent decolère ».

Dans le film il y a un rapide plan serré sur Sainte Colombe qui empoigne violemment le bras de Caignet,chose qui n’est pas précisé dans le roman.

Caignet apparaît comme impressionné devant Sainte Colombe ; cela sevoit à sa façon de parler, à sa respiration, à son regard fuyant, tous ces détails ne sont pas visibles dans le livre.

Le film donne une image plus violente de la scène avec cette façon de jeter Caignet hors de chez lui alors que dansle roman Monsieur de Sainte Colombe le poussait vers la maison tout en parlant On peu remarqué que la plupart dutemps, même toujours, Saint Colombe domine son adversaire. Sainte Colombe est alors conduit dans une salle, pour passer l’entrevue avec le roi.

Sa violence est alors si fortequ’il le menace de casser une chaise sur sa tête.

Dans le film nous avons droit à un plan assez serré sur SainteColombe vu en contre-plongée ; lorsqu’il brandit la chaise au-dessus de sa tête et la casse sur la cheminée.

Nouspouvons donc constater que ce personnage n’hésite pas à menacer, et même parfois passer à l’acte.

Cependantnous pouvons nous demander, si la violence n’est t-elle pas un passage obligé pour tout créateur. En effet, l’artiste doit choquer et être lui-même choqué pour que son œuvre soit authentique.

Si un créateurproduit un art sans être préalablement choqué il est fort possible que cela résulte à une reproduction du contextesocial et culturel dans lequel il vit.

Dans tous les matins du monde, le choc de Sainte Colombe est la perte de sabien aimée.

Après cette disparition il s’exerçait jusqu’à quinzes heures par jour. Il enseigne la viole à ses filles, mais n’hésite pas à être très dur avec elles car n’hésite pas à les enfermer dans la. »