« Tout ce qui est dans la nature est dans l’art. » dit Victor Hugo dans la préface de Cromwell, et plus loin : « Le domaine de l'art et celui de la nature sont parfaitement distincts. » Comment concilier ces deux affirmations qui semblent contradictoires?
Publié le 07/02/2016
Extrait du document
L’artiste doit-il se contenter d’imiter la nature, ou doit-il
faire plus beau, plus noble, plus grand, ou plus gai, plus amusant. plus étrange? C’est l’éternelle question. Victor Hugo veut que l’art soit une imitation, une peinture, une résurrection intégrale. Tout ce qui est dans la nature est dans l'art. Puis il semble se reprendre : Le domaine de l'art et celui de la nature sont parfaitement distincts. Il n’y a aucune contradiction entre ces deux affirmations.
«
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SUJETS GÉNÉRAUX ET PENSÉES
Le domaine de l'art comprend non seulement ce qui est beau,
noble, gracieux, mais le laid, l'horrible, le bouffon, le difforme.
Exemples: Lesmendiants des peintres espagnols..., la peinture
des vices et des travers : Tartuffe, Néron, Triboulet.
2.
Là oùVictor Hugo innovait, c'est quand il voulait que dans
une même oeuvre, on mêlât le tragique etle comique, le sublime
et le grotesque, sous prétexte qu'ils sont unis dans la nature'.
Les classiques professaient la distinction absolue des genres.
Mais de grands poètes étrangers n'avaient pas suivi cette
règle.
(Shakespeare.)
II.
Le domaine de l'art et celui de la nature sont
distincts.
1.
C'est évident.
L'art n'est pas un simple
décalque; la pein-
ture, une photographie.
Chaque art a ses moyens d'expression
(en poésie, les mots, les vers, le rythme et les sons), sa tech-
nique, ses procédés, ses conventions, ses artifices.
D'un pinceau délicat
l'artifice
agréable
Du plus affreux objet fait un objer aimable.
(Boileau.)
Si le peintre n'ajoutait pas quelque chose à son modèle (au
moins la personnalité de sa vision ou son émotion), ce qui nous
répugne dans la réalité produirait en nous la même impres-
sion, imité par l'art.
2.
De plus, l'artiste fait toujours un choix dans la nature.
Il prend, dit Hugo, non le beau, mais le
caractéristique.
Il
élimine ce qui lui semble plat, inutile, sans signification ou
sans rapport à son dessein.
Enfin il peut ajouter, combiner,
grandir, embellir, ou au contraire grossir, caricaturer.
(Ex.
Corneille, Molière.)
3.
C'est que l'artiste
veut produire une certaine impression
tristesse majestueuse
dans la tragédie,
gaîté
dans la comédie.
Et c'est ce qui explique la distinction des genres.
Le but de
Hugo est différent, il veut surtout donner l'impression
de la vie.
Il n'en affirme pas moins que le drame doit être
un miroir de
concentration.
Il n'a donc pas méconnu les lois éternelles
de l'art.
1.
Ci.
Chevaillier et
Audiat,
Les Textes
/ranais
,
xix' siècle, p.1231..
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