Tous les Matins du Monde de Pascal Quignard : En un développement articulé et illustré d'exemples, décrivez la relation de Mr de Ste Colombe et Marin Marais

« Deuxième partie : Une complicité progressive 1.

La visite chez le peintre BauginLa première péripétie qui permet d'entrevoir cette complicité est l'invitation de Ste Colombe à Marin Marais del'accompagner chercher une toile chez le peintre Baugin.

Il s'agit de la seule scène où les deux hommes ontl'occasion de passer un moment seuls et hors du contexte du cours de viole.

Ils partagent ainsi un moment decomplicité sur le chemin qui mène à St Germain-L'Auxerrois : "Vous entendez, Monsieur, comment se détache l'ariapar rapport à la basse." En lui confiant ceci, Ste Colombe prouve qu'il a tout de même une estime particulière quantà l'oreille musicale de son élève, et ce pour la première fois.

Il en est de même lorsqu'ils soupent chez Baugin etl'observent peindre : "Monsieur Baugin se retournait et les interrogeait sur ce qu'ils se murmuraient entre eux."(p.61) 2.

Une réconciliation musicaleLa dernière scène est celle qui vient sceller la complicité de Ste Colombe et Marin Marais, à travers la musique.Cette union est rendue possible grâce à la maturité de Marin Marais qui a dépassé son goût du luxe pour seconsacrer entièrement à l'interprétation profonde de la musique.

Ainsi il se décrit à la porte de la cabane de SteColombe : "Un homme qui fuit les palais et qui recherche la musique".

Il a désormais atteint l'expérience nécessairepour prétendre s'élever au niveau de son ancien maître : "Monsieur, puis-je tenter une première leçon ?" dit SteColombe (p.113).

Cett dernière scène est une réconciliation, où le maître reconnaît à son élève la valeur de sontalent : "Je n'ai encore trouvé, parmi mes élèves, aucune oreille pour les entendre " dit-il en parlant de sescompositions (p.115).

Cette réconciliation est encore une mise en valeur dans l'adaptation filmée d'Alain Corneau,dans la dernière scène où le fantôme de Ste Colombe apparaît au vieux Marin Marais et lui dit les larmes aux yeux :"Je suis fier de vous avoir instruit".

On pourrait croire qu'il s'agit d'un père parlant à son fils.

Ce lien pourrait êtrerenforcé par la relation de Marin Marais avec Madeleine des années de jeunesses. Conclusion Marin Marais et Monsieur de Ste Colombe ont construit une relation d'autorité propre à toute relation maître-élève,mais les grandes colères de Ste Colombe ne seraient qu'une marque de l'intérêt profond qu'il porte à Marin Marais,alors jeune et immature.

Il a fallut attendre des années pour que cette relation puisse voir le jour sous une parfaitecomplicité musicale, car Ste Colombe va jusqu'à confier à Marin Marais ses compositions secrètes.. »