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TORREILLES Pierre (vie et oeuvre)

Publié le 08/11/2018

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TORREILLES Pierre (né en 1921). Pierre Torreilles est né en Camargue. Il entreprend des études universitaires de lettres et de théologie, puis, durant le second conflit mondial, rejoint le maquis et participe aux combats de la Résistance. Après la guerre, il se fixe à Montpellier; il collabore alors à de nombreuses revues, et, en 1950, on publie ses premiers recueils : Noces d'Ea et Nin-Ki, que suit Solve et Coagula (1953). Depuis, sa production poétique s’est régulièrement accrue : /’Arrière-pays clos, 1961; Répons, 1963; Mesure de la Terre, 1966; Voir, 1968; Le désert croît, 1971; Denudare, 1973; Espace délité, 1974; Menace innominée, 1976; Pratique de la Poésie, 1977; les Dieux rompus, 1979; Margelles du silence, 1986.

 

La poésie de Torreilles est avant tout essentialiste : nulle anecdote, nul souci de pittoresque provençal dans ces vers courts, à la syntaxe parfois brisée. L’espace lyrique n’y est peuplé que de quelques figures simples, aux connotations multiples : l’homme, la rose, l'herbe, le cyprès, l’oiseau... :

 

Le ventre des cyprès Ruisselle de pollen Sur nos visages l'or Est aussi soudain que la nuit...

 

(Denudare)

 

Torreilles présente un monde assez hiératique, où rien n’est jamais « décrit »; le langage s’attache plutôt à tirer des choses leur mystère en les nommant, à saisir l'Être même du réel.

 

Mais cette quête, qui se veut proche de celles d’Héra-clite et d’Heidegger, se heurte vite au néant : « Il n'est que silence au cœur du cri des choses, nul langage n’y pourra retracer la parole des dieux » (Denudare). La poésie de Torreilles se trouve le plus souvent en situation tragique : le poète, incapable d'atteindre la Vérité, percevant qu’il existe « une parole entre les mots » (les Dieux rompus), qui seule possède la connaissance, ressent toute l’impuissance du verbe : figée dans le sens du mot, la chose s’évade. L’ultime démarche — cratylienne — de la poésie serait alors de découvrir « les mots d’avant le sens », ceux qui épouseraient la forme du réel.

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