Théodore de BANVILLE, Odes funambulesques, « Le saut du tremplin ».

« 31. C'était avec son cher tremplin. 32. Il lui disait : " Théâtre, plein 33. D'inspiration fantastique, 34. Tremplin qui tressailles d'émoi 35. Quand je prends un élan, fais-moi 36. Bondir plus haut, planche élastique ! 37. " Frêle machine aux reins puissants, 38. Fais-moi bondir, moi qui me sens 39. Plus agile que les panthères, 40. Si haut que je ne puisse voir, 41. Avec leur cruel habit noir 42. Ces épiciers et ces notaires ! 43. " Par quelque prodige pompeux 44. Fais-moi monter, si tu le peux, 45. Jusqu'à ces sommets où, sans règles, 46. Embrouillant les cheveux vermeils 47. Des planètes et des soleils, 48. Se croisent la foudre et les aigles. 49. Jusqu'à ces éthers pleins de bruit, 50. Où, mêlant dans l'affreuse nuit 51. Leurs haleines exténuées, 52. Les autans ivres de courroux 53. Dorment, échevelés et fous, 54. Sur les seins pâles des nuées. 55. " Plus haut encor, jusqu'au ciel pur ! 56. Jusqu'à ce lapis dont l'azur 57. Couvre notre prison mouvante ! 58. Jusqu'à ces rouges Orients 59. Où marchent des Dieux flamboyants, 60. Fous de colère et d'épouvante. 61. " Plus loin ! plus haut ! je vois encor 62. Des boursiers à lunettes d'or,. »