Thèmes et motifs dans le DRAME ROMANTIQUE

« E X P 0 S É S F C H E S Divers attelages thématiques peuvent fonctionner par analogie (la folie/le bouf­ fon/le poète dans Kean, Le roi s'amuse, Lorenzaccio ; la femme/la mère/la jeune fille/la prostituée dans Lorenzaccio, Chatterton, Marion Delorme ; le bâtard/le ré­ prouvé/le banni dans Antony, Hernani, Lorenzaccio ; le traître/le monstre dans Ruy Blas ou Lucrèce Borgia), par résonance (l'amour/l'honneur dans Hernani ; le désespoir/la révolte/le meurtre/le suicide dans Ruy Blas, Chatterton, Lucrèce Borgia, Antony, Marie Tudor ) ou par antinomie (la jeunesse/la vieillesse : Hernani et Don Ruy Gomez ; l'amour/la haine : la Reine et Don Salluste ; la pureté/la corruption : Marie et Lorenzo; l'idéalisme/le matérialisme: Chatterton et M.

Beckford) .

....

Il -FAUSSE PAUVRETÉ, VRAIE RICHESSE Thèmes, motifs ou ingrédients ? Ce foisonnement des thèmes et des motifs semble bien être la marque d'une réelle richesse.

Cependant on pourra se demander si cette apparente richesse ne masque pas une relative pauvreté.

Les grands thèmes romantiques auxquels le drame fait nécessairement appel ne sont-ils pas quelque peu limités? On a souvent reproché au drame romantique de convoquer les mêmes thèmes ou les mêmes motifs.

La nuit, le banc de pierre, le poison, le poignard ou l'épée, la cachette ...

communs à la plupart des drames de Hugo, mais aussi à ceux de Vigny, de Dumas ou de Musset, ont-ils toujours une réelle fonction dramatique ? Thèmes, symboles et mythes Il existe cependant une vraie richesse qui réside moins dans le nombre que dans la portée ou la signification que prennent ces thèmes.

C'est ainsi que la dua­ lité, si présente dans les drames, est à la fois thème emblématique du romantisme et symbole de l'énigme humaine.

L'amour impossible, la folie, la solitude ou le suicide de Chatterton, de Ruy Blas, d'Hemani ou de Lorenzo expriment moins la répétition d'une thématique attendue ou conventionnelle que la quête de l'individu et sa problématique reconnaissance par la collectivité.

La thématique prend donc sa force et sa résonance lorsqu'elle se fait symbole ou mythe, en particulier au niveau d'une lecture historique ou philosophique.

C'est ce qui fait la grandeur des drames les mieux réussis car ils ne proposent plus simple­ ment une action, mais un déchiffrement implicite et une réinterprétation du monde.

Une thématique ambivalente À la fois riche et pauvre, inventive et répétitive, révolutionnaire et convention­ nelle, la thématique du drame est ambivalente.

L'ambition novatrice a dû faire une large part aux motifs obligés du romantisme qui étaient à la fois revendication d'une liberté et aliénation à une identité réduite à quelques grands traits.

Il n'est pas certain que le souci de rénovation des dramaturges se soit toujours bien accom­ modé d'une thématique parfois encombrante.

Seuls les plus grands ont pu concilier invention personnelle et respect plus ou moins contraignant d'une thématique par laquelle passait pourtant la reconnaissance de leurs œuvres.

Conclusion : Expression d'une ambition anticonformiste et libertaire, les thèmes du drame romantique ont produit parfois leur propre parodie, sinon leur caricature dans les pires des cas.

On pourra ainsi considérer que le suc­ cès de Cyrano de Bergerac est autant dû à l'exploitation d'une thématique retrouvée qu'à celle d'une inspiration renouvelée.

LE DRAME ROMANTIQUE =:IQ1J. »