Thème de sentiments : les bienfaits du voyage à pied, pour J.-J. Rousseau
Publié le 03/03/2011
Extrait du document

Résumez ou analysez le contenu de ce passage de Jean-Jacques Rousseau (Confessions, livre IV) et commentez-en les idées essentielles :
« (1) Dans ce voyage de Vevey, je me livrais, en suivant ce beau rivage, à la plus douce mélancolie; mon cœur s'élançait avec ardeur à mille félicités innocentes; je m'attendrissais, je soupirais et pleurais comme un enfant. (2) Combien de fois, m'arrêtant pour pleurer à mon aise, assis sur une grosse pierre, je me suis amusé à voir tomber mes larmes dans l'eau... « (3) La chose que je regrette le plus dans les détails de ma vie dont j'ai perdu la mémoire, est de n'avoir pas fait des journaux de mes voyages. (4) Jamais, je n'ai tant pensé, tant existé, tant vécu, tant été moi, si j'ose ainsi dire, que dans ceux que j'ai faits seul et à pied. (5) La marche a quelque chose qui anime et avive mes idées : je ne puis presque penser quand je reste en place; il faut que mon corps soit en branle pour y mettre mon esprit. (6) La vue de la campagne, la succession des aspects agréables, le grand air, le grand appétit, la bonne santé que je gagne en marchant, la liberté du cabaret, l'éloignement de tout ce qui me fait sentir ma dépendance, de tout ce qui me rappelle à ma situation, tout cela dégage mon âme, me donne une plus grande audace de penser, me jette en quelque sorte dans l'immensité des êtres pour les combiner, les choisir, me les approprier à mon gré sans gêne et sans crainte. (7) Je dispose en maître de la nature entière; mon cœur, errant d'objet en objet, s'unit, s'identifie à ceux qui le flattent, s'entoure d'images charmantes, s'enivre de sentiments délicieux. (8) Si pour les fixer, je m'amuse à les décrire en moi-même, quelle vigueur de pinceau, quelle fraîcheur de coloris, quelle énergie d'expression je leur donne! « Résumé du texte I Rousseau expose le bien que lui apportent les voyages qu'il fait seul et à pied. II Le premier paragraphe rappelle un fait, l'expérience d'un tel voyage. Le second analyse longuement l'effet habituel de la marche solitaire sur l'esprit et les facultés créatrices de F auteur. III Les mots-clés du premier paragraphe sont ceux qui insistent sur la force de l'émotion et précisent ses nuances, en notant que, malgré la diversité des sentiments, la tonalité générale est agréable. D'où le résumé :

«
composition littéraire que, selon son habitude, il fait en esprit, sans encore écrire.
Position du problème
FEUILLE 1 : Comment ce texte m éclaire-t-il sur Rousseau?
a) sur son goût de la marche, du sport, de la nature? b) sur son besoin de liberté? c) sur la nature de sa rêverie etsur la transformation qu'il apporte au réel? d) sur sa sensibilité? e) sur sa façon d'écrire?
FEUILLE 2 : Appréciation des voyages de mon point de vue personnel : a) en reprenant les points de vue deRousseau;
b) en ajoutant d'autres points de vue.
FEUILLE 3 : Réflexions plus générales, toujours personnelles, sur cette conception du monde : a) en solitaire; b)plutôt imaginé que vécu dans le réel.
FEUILLE 1 : a) La biographie de Rousseau, Les Confessions, Les Rêveries rapportent de nombreux voyages oupromenades à pied.
La Nouvelle Héloïse (I, 23) décrit aussi la marche de Saint-Preux dans le Valais et son bien-êtredans la nature (Ch.
S., pp.
240-241).
b) Le besoin de liberté de Rousseau s'explique par son caractère (timidité,susceptibilité, etc.), mais est renforcé par une prise de conscience de l'influence néfaste de la société sur l'individu.Il se manifeste par son refus d'accepter la dépendance, ses longues périodes de vie solitaire, sa fuite devant lesimportuns, son bonheur à être seul et à faire ce qu'il veut (cf.
Lettre du 26 janvier 1762 à M.
de Malesherbes : Ch.S., pp.
252-254; Rêveries, I : Ch.
S., pp.
258 et 259; et V : ibid., pp.
263 et 264).
c) La
transformation que Rousseau apporte au réel est typique : son imagination, sa sensibilité, et aussi son inaptitude às'adapter à la vie sociale font qu'il est le plus souvent déçu par les autres (amis, comme Diderot; amantes, etc.).
Ilse réfugie en lui-même et s'imagine les êtres et la vie non tels qu'ils sont, mais tels qu'il voudrait qu'ils fussent :c'est ce qu'il explique dans la Lettre à M.
de Malesherbes.
Cela l'a amené à créer des êtres idéaux selon son cœur(les personnages de La Nouvelle Héloïse, Émile), à revivre sa propre vie en l'idéalisant (on pourra lire le Jean-Jacques, de Jean Guéhenno).
Même dans ses écrits théoriques, la part d'idéalisation est immense, d) Cela nouséclaire sur la sensibilité de Rousseau : elle ne le pousse pas réellement à aimer les autres en les acceptant, ens'attachant à eux.
Elle consiste à s'exalter sur les chimères de son imagination.
Il lui demande en même temps desvoluptés, savamment raffinées par le contraste avec une douce mais charmante mélancolie.
Cet art de la voluptéchez Rousseau ne se limite pas à la simple rêverie imaginaire : on le retrouvera dans sa recherche des plaisirsphysiques, de l'extase dans le sentiment d'exister par la sensation (Ve Rêverie).
Il fait de Rousseau un des maîtresde l'égotisme, de l'art de jouir de s.
»
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