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THÈME DE RÉFLEXION: le roman et le réel.

Publié le 04/11/2016

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La rapide promotion du roman au firmament des lettres vient de sa nature expansionniste : puisant dans les divers genres — dont il abolit la pertinence — il en fait des vassaux dont l’existence même dépend de son propre succès; il n’est jusqu’au réel qu’il ne s’annexe en l’investissant au moyen des sciences humaines. Colonisateur par atavisme, totalitaire par essence, libertaire par fonction, le roman parasite et la littérature et la vie : à la première il emprunte à loisir formes et techniques, dans la seconde il puise librement ses thèmes d’inspiration, sans que ni l’une ni l’autre n’aient de droits à faire valoir.

Marthe Robert, Roman des origines et origines du roman, 1972.

Du « miroir que l’on promène le long d’un chemin » dont parle Stendhal au « récit d’événements fictifs » dans lequel Maurois voit la nature même du roman, le rapport du genre au réel a toujours été au centre de la création romanesque. Par-delà les subdivisions en catégories secondaires — le roman peut-être historique, psychologique, fantastique, poétique, philosophique, etc. — c’est le lien du textuel (les mots et les phrases) avec l’extra-textuel (thèmes et sujets) qui est l’objet même des querelles qui de préfaces en manifestes, de formules en développements, tentent d’édifier une théorie du roman. En fait, le problème du réel

« tat ion de « re par tir à zér o » s'est soldée par la mor t, par de mu ltip les mor ts et destruc tions, et cela dans tous les domai nes.

Pour avoir voulu faire « table rase », combien de fois aura-t- on stupideme nt dé truit ce qui aurait pu être point d'appui, pierre d'att ente ? Ma is il ser a peut -être donné à notre époq ue de redécouvr ir l'impor tance de la tr aditio n, qui est un donné vivant, suscept ible comme toute vie de croitre , d'acquér ir, de s'en richir de nouv eaux appor ts.

On ne pou rra le faire qu'en redécou vrant l'impor tance de l'Hi stoire, qui est la rec her che du vécu, ce vécu à pa rtir duq uel nous menons notre pr opr e vie .

Il en est de l'histoir e comme des strates archéologi ques : il y a toujour s la couche sous-jacente, et lorsqu'on arrive au sol vie rge, l'arohé ologue cède la ma in au géologue qui nous retrace, lu i, l'histo ire de ce sol.

L'Hi stoire est vie, pr éci sément parce qu'elle compor te un don né, quelque chose qui pré-existe à nos concepts, à nos préjug és, à nos systèmes : la pièce de monna ie por tant telle effigie et trouv ée à tel empl acement détermin é; les conclus ions qu'on en tire ra peuvent être erronées ; ma is le fait, la pièce de monna ie indiquant telle date, trou vée à telle place, ne dépend pas de nous ; nous devons l'a ccep­ ter, comme nous devons accepter que tel manuscrit ait été compo sé à telle date et sur l'ordre de tel person nage, -sous réser ve que l' ar senal de la cr itique ait été correct ement mis en branle pour l' éta blir...

· L'Hi stoire oblige au resp ect, un peu comme la méd ecine ou l'édu­ cati on; en bref, tout ce qui touche à l'homme, faute de quo i on a tôt fait de dévie r, de se sous trair e à l'exig ence interne de la disci­ pline adoptée : on cesse d'être histo rie n lor squ'on néglige ou que l'on tronque un docu ment, comme on cesse d'être médeCin quand on déda igne ou sous-estime le rés ultat d'une analyse ou d'un exa­ men, ou comme on cesse d'être éducateur quand on empiète sur la per sonn alité de celui qu'on est char gé d'en seigner.

Là est peut-être le principal intérêt de cette form atio n du sens histor ique si souha itable en ma tière d'éduc ation.

A l'âge où l'ado ­ lescent cherche l' « autr e », et se forme par rappor t à l'« autr e», ri en ne serait plus fécond pour lui que cette rencontr e avec ce qui l'a précédé dans le temps et qui lui est, encor e une fois, auss i pr oche, aussi néces sair e que ce qui l'ent oure dans l'espace.

C'est prob ablement faute de cette double dimens ion, le tem ps auss i bien que l'es pace, que tant d'espr its reste nt atrophiés , formés de façon uni latér ale, sommaire, sim pliste.

L'étude de l'histoire apporte à la jeune sse l'expér ience qui lui manq ue; elle peut aider l'adolesc ent à sur monter sa ten tation la plus habitu elle : jeter l'ex clus ive, condam ­ ner d'avance telle tendanc e, telle personne, tel group e ; n'avoir de l'u nive rs qu'une vision limitée à sa vision propr e (et s'il ne s'agissait que des adole scents !).

A l'âge où il impor te de confr ont er les valeurs reç ues, celles de l'ent ourage, de la petite enfance, de la famil le ou du milieu social, avec sa propr e per son nalité, l'étu de de l'His toire élargir ait le champ 39. »

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