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Théâtre et poésie : le lyrisme dans Hernani de Victor HUGO

Publié le 17/01/2020

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hugo

les spectateurs même les plus hostiles à Hugo admirèrent le jeu de Mlle Mars qui incarnait dona Sol. Le lyrisme au théâtre repose sur une écriture faite d’élans et d’exclamations et suppose une interprétation elle-même émouvante.

Une meilleure compréhension des personnages

Comme les monologues dans lesquels il s’exprime parfois, le lyrisme permet de comprendre les personnages de l’intérieur. Sans les cris d’amour de dona Sol, son suicide deviendrait incompréhensible. Sans son lyrisme élégiaque, don Ruy Gomez ne nous toucherait pas et deviendrait un ridicule barbon de comédie. Sa souffrance dit sa sincérité. Sans l’admiration qu’il voue à ses ancêtres et notamment à son père, son sens du devoir et de la loyauté serait moins logique. C’est parce que don Carlos médite longuement sur le pouvoir impérial et qu’il implore Charlemagne de l’éclairer que son adoption d’une politique de clémence devient vraisemblable. Quant à Hernani, ses doutes et sa certitude d’être victime de la fatalité expliquent qu’il craigne pour dona Sol. Parce qu’il exprime les états d’âme des personnages, le lyrisme leur donne une cohérence affective. L’action, qu’il interrompt, s’en trouve paradoxalement renforcée.

Un lyrisme nécessairement limité

Encore faut-il que cette interruption de l’action ne soit pas trop longue, qu’elle ne soit pas préjudiciable à l’intérêt dramatique. Preuve en est le long monologue de don Carlos dans la crypte de Charlemagne. Le texte que nous lisons aujourd’hui comporte 196 vers. En 1830, lors de la représentation, Hugo le raccourcit de moitié : en partie, il est vrai, pour échapper aux foudres de la censure, mais aussi parce que cette longue méditation lyrique était injouable. À l’inverse d’une poésie, le théâtre ne peut connaître que des moments lyriques.

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