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Texte n°1 : Molière, Le Malade imaginaire, 1673, Acte I scène 5 (extrait) Lecture Linéaire

Publié le 13/01/2024

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« Texte n°1 : Molière, Le Malade imaginaire, 1673, Acte I scène 5 (extrait) Lecture Linéaire Introduction Dernière pièce écrite par Molière en 1673, en 3 actes.

Molière est un dramaturge du XVII°s, et auteur de nombreuses comédies dont la plupart ont pour vocation à dénoncer les défauts humains à travers des personnages excessifs comme son Harpagon dans l'Avare.

Molière représente ainsi souvent le désordre social provoqué par l'excès des passions.

Dans Le Malade imaginaire, la pièce a pour personnage principal Argan, un noble hypocondriaque qui passe son temps à consulter son médecin, Mr Purgon.

Le « Malade imaginaire » (Argan) a épousé en seconde noces Béline, qui simule des soins attentionnés mais n'attend en réalité que la mort de son mari pour hériter.

Angélique, sa fille, aime Cléante et et aimée de lui en retour, mais Argan compte lui faire épouser Thomas Diafoirus, lui-même médecin. Dans l'extrait que nous proposons d'étudier, nous sommes dans la scène 5 de l'acte 1.

Dans celle-ci justement, et plus précisément dans les quelques lignes qui précèdent notre extrait, Argan annonce le projet de mariage de sa fille.

C'est alors que la servante Toinette, va prendre la défense d'Angélique après qu'elle ait appris la volonté de son maître.

L'extrait est de fait marqué par l'opposition entre Argan et Toinette sur cette question.

Ainsi, en quoi cette scène d'affrontement relève-t-elle du comique ? Je propose maintenant une lecture de l'extrait. Pour répondre à cette problématique, trois mouvements se dégagent de cet extrait.

Dans un premier mouvement, nous verrons que Toinette oppose une certaine résistance face au projet de son maître en se comportant notamment comme une véritable servante audacieuse.

Puis dans un second mouvement, nous nous intéresserons plus particulièrement à Argan qui ici est vu comme un bourgeois avide.

Enfin, les dernières lignes qui constitueront notre troisième mouvement peuvent être synonyme d'un échange vif et comique. Mouvement n°1 : Toinette oppose une résistance face au projet de son maître en se comportant comme une servante audacieuse. Dans les premières lignes de cet extrait, nous remarquons que le dialogue est engagé par Toinette. Elle met en place dès lors, une argumentation pour convaincre Argan de renoncer à ce mariage d'intérêt. Dès le début, l'interjection interrogative et exclamative « Quoi ! » souligne l'opposition de la servante.

Par ailleurs ses interrogations répétées manifestent sa colère face à l'annonce du mariage : « avec tout le bien que vous avez, vous voudriez marier votre fille à un médecin ? ».

La servante va jusqu'à désigner ce projet de manière moqueuse comme le souligne l'oxymore dépréciatif : « dessein burlesque ».

Soulignons là l'utilisation de l'adjectif « burlesque » qui désigne à la fois le caractère extravagant et ridicule de cette idée mais qui transforme aussi cette annonce en farce.

On remarque aussi l'utilisation du conditionnel passé : « vous auriez fait », pour montrer que c'est pas possible dans la réalité et que maintenant que son maître à retrouver la raison, il ne peut plus penser une chose pareille.

Aussi, l'utilisation de l'hyperbole « avec tout le bien que vous avez », montre ici qu'elle flatte son maître et surtout qu'elle évoque sa richesse, ce qui laisse supposer qu'il pourrait la marier bien au-dessus de sa condition.

Enfin, l'expression « à un médecin » 1 suggère ici qu'elle rabaisse ces derniers (la fille d'Argan épouserait ainsi quelqu'un qui soit en dessous de sa classe sociale).

Soulignons en effet qu'à cette époque beaucoup de médecins étaient des charlatans et n'avaient ni diplôme, ni fortune.

Notons que de son côté, à ces questions que l'on peut qualifier de questions oratoires, Argan apporte une réponse brève, sans discussion et sans notamment tenter e répondre aux arguments de Toinette : « Oui ».

Surtout, il utilise des adjectifs injurieux qui sortent de sa bouche comme « coquine », « impudente ».

Notons que le terme « coquine » n'a pas le mêmes sens qu'aujourd'hui puisqu'il désigne à l'époque une personne malhonnête est mis en valeur par sa mise en incise.

Quant à « impudente », il souligne ici l’insolence d'oser faire la leçon à son maître.

L'emploi de ces deux termes donnent ainsi une dimension farcesque à la scène.

Notons également qu'on observe en cela une antithèse comique entre le rang social inférieur de la servante et la supériorité qu'elle affecte à l'égard de son maître.

Nous retrouvons ainsi la volonté de Molière de donner un grand rôle aux personnages féminins en créant notamment des servantes rusées.

Ces dernières se caractérisent en effet par leur « caquet », défaut récurrent sur scène.

Elles ont la langue bien pendue et tiennent tête à leurs employeurs.

Même les menaces de se faire battre ne parviennent pas toujours à les arrêter.

Toinette est ainsi l'archétype de cette servante au grand cœur (et à la grande bouche) dévouée à son maître et à sa famille, soucieuse de préserver leurs intérêts et surtout de les mettre en garde contre ceux qui cherchent à leur nuire.

Insolente et gouailleuse, elle défend farouchement ainsi les intérêts d'Angélique que père à résolu à marier avec le jeune médecin -.

Nous pouvons voir ainsi à la réplique suivante que Toinette s'adresse à son maître comme à un animal que l'on voudrait calmer : « tout doux », alors que c'est elle qui a initié les moqueries.

La servante qui connaît les extravagances de son maître, met alors en place un interrogatoire, et l'invite par là à faire parler la raison que plutôt la passion, comme en témoigne le registre de l'émotion : « invectives », « nous emporter ».

Nous remarquons d'ailleurs que le « nous » ne désigne pas ici Argan et elle, mais bien Argan tout seul et a donc la valeur d'un vous.

Notons aussi, que semble ici s'établir une certaine complicité entre le maître et elle, en témoigne le vocabulaire de la raison : « raisonner », « sang froid », « votre raison ».

Elle se montre ainsi plus respectueuse comme le montre l'expression « s'il vous plaît » mis en incise ici.

Son but étant ainsi de connaître les raisons de son maître d'un tel projet.

C'est ce que nous allons voir dans un second mouvement. Mouvement n°2 : Argan : un bourgeois avide Argan répond ici aux attentes de sa servante.

Nous pouvons voir qu'il va exposer à cette dernière les raisons d'un tel projet.

Le maître semble ainsi se ranger à la raison et commence sa réplique par une tournure argumentative « ma raison est que » ; « afin de » qui révèle qu'il souhaite s'entourer d'un gendre médecin uniquement pour que ce dernier s'occupe de ses maladies imaginaires.

Cependant il ne voit pas qu'il tombe dans le piège de Toinette qui connaît bien ses motifs mais en qui en même temps cherche à lui démontrer qu'ils ne sont pas bons.

En outre, ce mariage n'est en effet justifié que par l'égoïsme du personnage comme en témoigne à plusieurs reprises la présence de la première personne dans sa réplique : « ma raison », « me voyant », « je suis », « je veux », « ma maladie », « ma famille », « me sont nécessaires ».

Notons ici que pas une seule fois le prénom de sa fille apparaît.

En cela, Argan s'apitoie sur son propre sort, en témoigne l'utilisation de termes hyperboliques « infirme » ou l'expression « comme je 2 suis » qui ici à une valeur d'exagération.

Il est évident de fait que le « mari ».... »

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