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Texte : Leslie Kaplan, L'Excès l’usine - Vous commenterez le texte de Leslie Kaplan

Publié le 08/09/2018

Extrait du document

L’usine, la grande usine univers, celle qui respire pour vous. Il n’y a pas d’autre air que ce qu’elle pompe, rejette. On est dedans.

 

Tout l’espace est occupé : tout est devenu déchet. La peau, les dents, le regard.

On circule entre des parois informes. On croise des gens, des sandwichs, des bouteilles de coca, des instruments, du papier, des caisses, des vis. On bouge indéfiniment, sans temps. Ni début, ni fin. Les choses existent ensemble, simultanées.

 

À l’intérieur de l’usine, on fait sans arrêt.

 

On est dedans, dans la grande usine univers, celle qui respire pour vous.

 

L’usine, on y va. Tout est là. On y va. L’excès - l’usine.

 

Un mur au soleil. Tension extrême. Mur, mur, le petit grain, brique sur brique, ou le béton ou souvent blanc, blanc malade ou la fissure, un peu de terre, le gris. La masse mur. En même temps, ce soleil. La vie est, haine et lumière. La vie-four, d’avant le commencement, totale.

 

On est prise, on est tournée, on est à l’intérieur.

 

Le mur, le soleil. On oublie tout.

 

La plupart des femmes ont un merveilleux sourire édenté.

 

On boit un café à la machine à café.

 

La cour, la traverser.

 

Être assise sur une caisse.

 

Tension, oubli.

 

On fait des câbles près de la fenêtre. Les câbles ont beaucoup de couleurs, on les enroule en circuits. Il y a de la lumière, l’espace est mou. On va, on vient. Couloirs, oubli.

 

On fait des câbles près de la fenêtre. Tension extrême. Le ciel, et les câbles, cette merde. On est saisie, tirée par les câbles, le ciel. Il n’y a rien d’autre.

 

Tout l’espace est occupé : tout est devenu déchet. La peau est morte. Les dents mordent une pomme, un sandwich. On absorbe, le regard se colle à tout comme une mouche.

 

On travaille neuf heures, on fait des trous dans des pièces avec une machine. On met la pièce, on descend le levier, on sort la pièce, on remonte le levier. Il y a du papier partout.

 

Le temps est dehors, dans les choses.

 

© P.O.L.

■ Situer l'extrait dans son contexte

 

Difficile de solliciter des connaissances sur un auteur contemporain, surtout dans le cadre de l'examen. Il est toutefois possible de s'appuyer sur le contexte historique : les années soixante-dix sont marquées par les nombreuses grèves dans les usines, dues à la crise de l'industrie. Un par un, les bassins miniers et sidérurgiques vont fermer. On découvre à ce moment-là que les conditions de travail et de vie des ouvriers sont difficiles et que l'usine peut apparaître comme un enfer du travail moderne. Le texte à commenter porte la trace de cette époque de tension et de mise en question.

 

■ Les outils d'analyse

 

• Considérez d'abord la structure du passage : il est gouverné par un déplacement dans l'espace, une découverte progressive du lieu.

 

• Analysez ensuite les procédés de la critique. Le tableau proposé par l'auteur est clairement subjectif en dépit de l'absence des marques de première personne (termes péjoratifs, métaphore filée de l'enfermement, répétitions qui disent l'aliénation...).

 

■ Trouver les axes de lecture

 

Pour rendre compte de l'extrait de Leslie Kaplan, il faut d'abord étudier le dévoilement progressif du lieu avant de mettre en lumière la critique.

 

Plan du commentaire

 

I - La restitution d'un espace et d'une ambiance

 

II - Une critique singulière

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