Texte 3 : L’aveu : « Eh bien, monsieur , lui répondit-elle ( …) Quel chemin a-t-il trouvé pour aller à votre coeur ?»)
Publié le 20/01/2022
Extrait du document
«
dans son cœur commis l'adultère avec elle.
» L'a veu es t possible par ce que si le cœ ur est
coupable ni la conduite ni les intentions ne le son t.
Le vocabulaire du mérit e montre que l’
a veu es t la mar que d'un cert ain courage per çu comme nécessair e.
«
Il es t vrai que j'ai des
r aisons de m'éloigner de la Cour »
(l.
3)
.
« Il es t
vr ai » mar que le début de l'a veu
pr opr emen t dit, qui é tait annoncé « je v ais vous f aire un a veu » (l.
1).
Il n'es t qu'une
c on firma tion de ce qui a é té sug gér é a van t notr e passag e, comme si l’ a veu a vait déjà é té f ait
dans le silence pr écédemment.
On peut dir e qu’il s’agit d’ un aveu en sour dine, att énué par
pudeur , par délic atesse, par r espect des bienséances.
Mme de Clè ves n'a voue pas
e xplicit ement qu'elle aime M.
de Nemour s.
Le mot « raisons » (l.
3) es t un terme
euphémique, ab str ait, au pluriel, qui é vite de nommer la per sonne aimée.
Le contenu de
l'a veu r epose sur des t ermes vagues, ab str aits, euphémiques qui c ontras ten t a vec les
h yperboles r elatives à l'act e de parole : « que l'on a jamais f ait à son mari » (l.
2).
L
éloignemen t « éloigner de la c our » est la seule solution pour tr ouver le r epos, quelque
v ertueuse e t sage qu'elle soit.
La c our est en effe t le lieu du div ertissement au sens pasc alien,
de t ous les dang ers, de t outes les in trigues, de la per dition.
On retr ouv e la c ondamna tion
jansénis te des plaisir s qui lui sont associés.
Il y a donc une opposition en tre les dang ers du
monde e t la paix de la r etr ait e.
La dis tinction ser a inopérante dans la mesur e où la retr ait e
n'es t qu'une fuit e, où son esprit demeurera div erti par la passion pour Nemour s.
Pas une
r e tr ait e c onsacrée à Dieu.
Elle exprime une résolution :
« e t que je v eux éviter les périls où
se trouvent quelque fois les per sonnes de mon âg e (l.
4-5) « .
« Les périls », es t une
périphr ase, un euphémisme, pour désigner l'amour .
La tendresse e t l’estime pour l'époux
blessé dict ent à la princesse des f ormules abstr ait es e t génér alisan tes.
« les per sonnes de
mon âg e » est une nouv elle figure d'att énua tion pour désigner les f emmes jeunes et jolies.
Dans la phr ase suivante, elle c oupe court à l'a veu pour jus tifier sa conduite et me ttr e en
v aleur sa v ertu
« Je n'ai jamais donné nulle mar que
de f aiblesse e t je ne craindrais pas d'en
laisser par aître » (l.
5-6).
Elle n'a pas cédé à
la passion comme le mon tren t le v ocabulair e du
c our age e t du mérite « faiblesse », « cr aindre »,le recour s aux nég ations « ne jamais », « ne
pas », la men tion du un passé r évolu a vec le passé composé et de l'avenir a vec le conditionnel.
L ’ expr ession es t superlative e t hyperbolique a vec ces t ermes « jamais »,
« nulle ».
Mais les subor données de condition disen t l'hypothèse d'une futur e défaillance
.«
si v ous me laissie z la liberté de me r etir er de
la c our ou si j'a vais enc ore Mme de
Chartr es pour m'aider à me c onduire » (l.
6-7),
ce
qui
es t une
pr ojection cruelle pour son
mari.
Elle f ait donc de M de Clè ves le décisionnair e,
la princesse a besoin de l'acc ord de son
mari.
« V ous » est le sujet de la 1èr e subordonnée, « je »es t sujet de la 2de, ce qui mon tre un aveuglemen t sur soi.
C ’es t l’expression des contradictions d'un cœur tout à la fois fort e t
faible, démuni, ég aré, a vide de sec ours, comme le montrent ces termes« aider »,
« conduir e ».
Un guide jusqu'à présent incarné par la mèr e ô combien regrett ée es t
nécessair e, la princesse es t le pronom per sonnel cod.
Cet aveu es t la mar que d'un cert ain
c our age mais elle r econnaît elle-même n'a voir pas la f orce de se c onduire.
Elle e xprime t out
de même une r ésolution
« Quelque dang ereux que soit
le parti que je pr ends, je le prends
a vec joie pour me c onserver digne d'ê tre à v ous » (l.
7-8).
Ce tt e
décision tr ansparaît dans
ces termes
« je prends », les deux occurrences de
« parti » (2) ; elle f ait preuve d'une
lucidit é « dangereux » (l.7) , de vertu conjugale « me c onserver digne »(l.
8).
Mais l’ ab sence
de passion pour son mari es t visible : la dignité supplante l'amour .
La dignit é est une v aleur.
»
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