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TENCIN Claudine Alexandrine Guérin de, dite Mme de

Publié le 14/10/2018

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TENCIN Claudine Alexandrine Guérin de, dite Mme de (1682-1749). Romancière, née à Grenoble dans une famille de robe. Contrainte à seize ans de prendre le voile chez les dominicaines, elle n’attendit pas son retour à l'état laïc (1712) pour se rendre à Paris et briller chez sa sœur Mme de Ferriol, où elle rencontra Fontenelle, Prior et lord Bolingbroke. Cette « intrigante accoutuméeà faire tous les usages possibles de son corps et de son esprit pour parvenir à ses fins » (Villars) devait être bientôt la cible des nouvellistes et le vivant symbole de la corruption du temps. On lui prêta de nombreux amants, d’Argenson, l’abbé Dubois, le Régent; du chevalier Destouches elle eut un fils tôt abandonné, le futur d’Alem-bert (1717). Le conseiller La Fresnais se suicida chez elle après l’avoir par testament accusée de sa mort : l’aventure lui valut quatre mois de prison, d’où elle sortit avec un non-lieu.

 

Défier l’homme sur son propre terrain : telle paraît être la raison de ce libertinage tapageur, associé à un goût du pouvoir qu’elle assouvit d’abord dans l’ombre de Dubois en aidant à la carrière de son frère Pierre de Tencin (1679-1758) : abbé (1712), mêlé aux spéculations de Law, dont il reçoit l’abjuration (1719), archevêque d’Embrun (1727), Pierre ferraille contre les jansénistes tandis que sa sœur, à Paris, cabale pour le parti jésuite au point d’être exilée par le nouveau Premier ministre, Fleury (1730).

« à faire tous l es usages possible s de son corps et de son esprit pour parveni r à ses fins » (Villars) devait être bien­ tôt la cible de s nouvellistes et le vivan t symbole de la corruption du tem ps.

On lui pr êta de nombreux amants, d'Argenson, l'abbé Dubois, le Régent; du chevalier Des ­ touches elle eut un fils tôt abandonné, le f utur d' Alem­ bert (1717).

Le conseiller La Fresnais se suicida chez elle après 1' avoir par testament accusée de sa mort : l'aventure lui valu t quatre mois de prison, d'où elle sortit avec un non-lieu.

Défier l'homme sur son propre terrain : telle paraît être la raison de ce libe rtinage tapageur, associé à un goût du pouvoir qu' elle assouvit d'abord dans l'ombre de Dubois en aidant à la carrière de son frère Pierre de Tencin (1679-1758) : abbé (1712), mêlé aux spéculations de Law, dont il reçoit l'abjuration (1719), archevêque d'Embrun (1727), Pierre ferraille contre les jansénistes tandis que sa sœur, à Paris, cabale pour le parti jésuite au poin t d'être exilée par le nouveau Premi er ministre, Fleury (1730).

En 1733, apr ès la mort de Mme de Lam­ bert, dont elle recueillit les commensaux, so n salon prit un tour plus philosophique et littéraire : autour des « Sept Sages», dont Fontenelle, Marivaux, Duclos, se nouent intr igues académiques (Marivaux lui devra son siège) et débats d'idées.

Signe de cette « reconversion » (J.

Decot­ tignies): en 1735, Mme de Tencin publie anonymement, avec un succès immédiat, son premier roman, les Mémoi­ res du comte de Comminge, puis en 1739 , le Siège de Calais .

Sans oublier pourtant son « grand objet » : obte ­ nir pour son frère, désormais cardinal-archevêque de Lyon (1740), la success ion de Fleury.

En 1742, elle atteint au faîte de sa puissance : le pape Benoît XIY_ est son ami, et Pierre de Tencin est nommé ministre d'E tat.

Parmi ses partisans , le maréchal de Richelieu, avec qui elle entretient une correspo ndance confidentielle dans une langue colorée, souvent familière : « Amelot et Mau­ repas s'en donne ront les violons)>; Voltaire y est sur­ nommé « le géomètre»; Mm • du Châtelet, «la vieille comtesse>>; quant à Louis XV, «ce qui se passe dans son royaume paraît ne pas le regarder» ...

, sauf, appa­ remment, les intrigues de Mm • de Tencin, qu'il déteste: Fleury mort en 1743 ne fut pas remplacé, le cardinal resta ministre et sa sœur retourna à sa « ménagerie >> (aidant financièrement le lancement de l'Esprit des lois en 1748) et au roman avec les Malheurs de l'amour (17 4 7) et les Anecdotes de la cour et du règne d'Édouard Il, achevées par Mme Elie de Beaumont et publiées en 1776 .

La Bibliothèque universelle des romans publ ia en 1786 une prétendue œuvre d e jeunesse, l'Histoire d'une religieuse écrite par elle -même, dont l'attribution demeure auj ourd 'hui contestée.

H éritière de Catherine Bernard (Éléonore d'Yvrée) et de Mme de La Fayette (pour La Harpe, les Mémoires du comte de Comminge sont« le pendant de La Princesse de Clè ves >> ), Mme de Tenc in s'attache à décrire le conflit de l 'amour et du devoir en un temps où la «sensibilité» est désormais reconnue comm e une valeur : ses romans «insurrectionne ls » dénoncent avec violence les pères abusifs et les marâtres indignes, qui contra ignent leurs enfants au renoncement et à la mort.

Couven t s , grands chemins, châteaux.

où règnent des parents tyranniques : l'amour n'a plus de lieu pour s'épanouir, sinon précisé­ ment cet espace d'écriture et d'évasion (ou d'illusions) que lui offre le roman lui-même, transposé dans l'his­ toire sous la forme d'une circulation amoureuse de lettres et de portraits, signes et substituts d'une passion qui ne p eut s'assouvir.

Mais l'obstacle est aussi intérieur: séparés par la société, les amants le son t également par leurs scrupules, leur jalousie et, paradoxalement, par cette «malheureuse sensibilité>> (Anecdotes) qui les aveugle l'un sur l'au tre et suscite les pires ma len tendus: «S'il ne m'avait point offensée, s'il n'aimait rien! Mais il m'a o ffensée, mais il aime! >> (le Siège de Calais).

Dans ces romans rétrospecti fs (les Mémoires du comte de Comminge, les Malheurs de l'amour) qui alternen t descriptions rapides et max imes pessimistes la décou ­ verte de la vérité se paye d'un échec affectif (sauf dans le Siège de Calai s) au quel le moi, saisi d'un vertige d'autopunition, a lui-même contribué : là se trouvent peut -être leur dimension autobiographique et, assuré­ ment, leur modernité.

Mémoires du comte de Comminge .

- Le tex te se pré­ sente , comme il est de tradi tion, sous la forme d'un « ma nus crit trouvé dans les pap ie rs d'un homme ap rès sa mor t », dont l'auteur se donne pour l'éditeur:" On a do nné le manusc r it tel qu 'il était, et sans y avoir rien changé».

A la suite d'un conflit d'intérêts.

le com te de Comminge , père du narrateur, voue une haine morte lle à son cousi n.

le marqu is de Lussan.

pè re d'A délaïd e.

Le nar rateur.

sous une fausse identité.

rencont re ce lle-c i fortu itement; il en tombe amoureux et parv ient à susciter son amour; il se bat en duel pour elle et la sauve d'un accident.

Mais le comte de Comm inge ref use tou te idée de mariage.

ma lgr é l'in te rces ­ sion de son épouse.

et fa it enfermer son fils.

Afin que son amant recouvre sa lib e rté.

Adé la ïde déc ide d'épouser le peu attirant marquis de Benav ides : ap rès que lq ues mo is de désespoir, le narrateu r se rend, en qual ité de peintr e.

chez le marquis: celu i- ci le surprend un jour aux pieds d'Adé la ïde, pourtant restée fidèle à son devoir.

Il bless e Benavides.

puis se réfugi e dans un couven t.

Que lques a n nées plu s ta r d, un re lig ieux mou rant révèle qu'i l n'est autre qu'une femme déguisée : Adé laïde.

que son ma ri a fa it passe r pour morte et qu'un «mouvemen t inconnu>> a condu it e dans le même couvent.

sans jamais révé le r son ide ntité au narrateur afin de ne pas troub ler son «repo s>>.

Dé sespéré de l'avoir à no uveau perd ue.

il se retire pour toujours dans l'« ermitage» du couven t.. »

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