tartuffe acte 3 scene 2
Publié le 22/01/2013
Extrait du document
«
l'ascèse et la sagesse.
Accompagné de son valet, à qui il adresse un premier ordre, Tartuffe
fait en sorte d'être entendu par Dorine.
La didascalie « apercevant Dorine » prouve en effet que
Tartuffe agit non pas en fonction d'une nécessité chrétienne (souffrir comme le Christ), mais
pour attirer l'attention de Dorine qui, selon toute vraisemblance, se tient à une certaine distance.
Le vers à l'impératif qui suit l'indication didascalique confirme la mise en scène de Tartuffe :
« Laurent, serrez ma haire avec ma discipline ».
Ce vers fonctionne comme une didascalie
interne : la parole suggère un geste.
Les deux termes « haire » et « discipline » renvoient à la
contrainte que s'imposent les religieux pour imiter la souffrance du Christ.
Or le public sait
qu'une personne qui vit sa foi intérieurement n'éprouve pas le besoin d'exhiber cette pratique,
comme le fait Tartuffe.
Ce geste le discrédite donc aux yeux du public comme aux yeux de
Dorine qui n'est pas dupe de ces simagrées, comme l'atteste sa première réplique « Que
d'affectation et de forfanterie ».
La diérèse sur affectation et l'accentuation portant sur le « e » de
forfanterie donnent un poids supplémentaire à ces termes dépréciatifs.
Molière choisit deux
termes qui décrivent moins un homme de foi qu'un acteur qui cabotine et qui en rajoute pour
attirer sur lui l'attention.
Au geste de la discipline qu'il s'impose, Tartuffe rappelle haut et fort qu'il est charitable
envers les nécessiteux.
Là encore, l'ordre qu'il adresse à Laurent a une double destination.
Il
est également prononcé pour que Dorine l'entende.
La charité, première des vertus chrétiennes,
est exhibée comme la discipline qu'il se fait serrer.
Tartuffe pousse l'outrance, jusque dans sa
charité.
Non content de choisir les plus pauvres, il fait l'aumône aux prisonniers, la catégorie la
plus méprisée.
L'enjambement des vers trois et quatre trahit l'habileté rhétorique de Tartuffe
et ses louvoiements.
Sa parole est contournée, elle passe de l'ordre le plus strict à une feinte
componction.
Face aux formes généreuses de Dorine, qui porte un décolleté, il
adopte une posture théâtrale, qui confirme le caractère exagéré et outrancier de son jeu.
Le
geste du mouchoir, indiqué dans la didascalie fonctionne comme un coup de théâtre (il tire un.
»
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