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tartuffe acte 3 scene 2

Publié le 22/01/2013

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Pendant deux actes, Tartuffe s’est fait attendre. Le personnage absent a rempli tous les échanges, suscitant d’emblée la polémique avant même que d’apparaître sur scène. Mais à l’acte III enfin, après avoir créé le suspense, Molière fait entrer le personnage en scène. Son choix est significatif : il confronte les deux personnages qui, peut-être, sont les plus dissemblables de la pièce. D’un côté, Tartuffe l’hypocrite, avec ses manières de faux dévot. De l’autre, Dorine, la domestique de la maison, dont le franc parler et l’honnêteté la rendent sympathique au spectateur. Dorine incarne en effet la parole vraie, sans artifice, elle l’a démontré dans les scènes précédentes. La rencontre entre les deux personnages promet d’être passionnante. Dans quelle mesure cette scène dévoile-t-elle la nature de Tartuffe telle qu’elle avait été décrite par ses détracteurs ? Quel rôle Molière assigne-t-il à cette scène qui se situe au milieu de l’intrigue ? Pour répondre à ces questions, nous étudierons dans un premier temps la manière dont Tartuffe se présente et se met lui-même en scène. Nous verrons dans un second temps que, face à l’attitude de Tartuffe, Dorine répond avec franchise, ce qui permet à Molière de faire ici le portrait de la servante. Enfin, dans un dernier temps, il s’agira d’étudier en quoi cette scène est décisive du point de vue de l’intrigue et de la dramaturgie de la pièce. Tartuffe apparaît pour la première fois sur scène et se trouve confronté à Dorine, dont il sait qu’elle lui est défavorable. Il choisit d’adopter une attitude conforme à l’image qu’il veut donner de lui : celle d’un faux dévot qui joue avec les apparences de la foi et de l’ascèse pour cacher une âme sombre et cupide. Tartuffe théâtralise donc son entrée en scène, utilisant des accessoires, des mots et des attitudes choisis. A. La souffrance feinte Dès son entrée, Tartuffe met en scène la souffrance physique qu’il s’inflige pour atteindre l’ascèse et la sagesse. Accompagné de son valet, à qui il adresse un premier ordre, Tartuffe fait en sorte d’être entendu par Dorine. La didascalie « apercevant Dorine « prouve en effet que Tartuffe agit non pas en fonction d’une nécessité chrétienne (souffrir comme le Christ), mais pour attirer l’attention de Dorine qui, selon toute vraisemblance, se tient à une certaine distance. Le vers à l’impératif qui suit l’indication didascalique confirme la mise en scène de Tartuffe : « Laurent, serrez ma haire avec ma discipline «. Ce vers fonctionne comme une didascalie interne : la parole suggère un geste. Les deux termes « haire « et « discipline « renvoient à la contrainte que s’imposent les religieux pour imiter la souffrance du Christ. Or le public sait qu’une personne qui vit sa foi intérieurement n’éprouve pas le besoin d’exhiber cette pratique, comme le fait Tartuffe. Ce geste le discrédite donc aux yeux du public comme aux yeux de Dorine qui n’est pas dupe de ces simagrées, comme l’atteste sa première réplique « Que d’affectation et de forfanterie «. La diérèse sur affectation et l’accentuation portant sur le « e « de forfanterie donnent un poids supplémentaire à ces termes dépréciatifs. Molière choisit deux termes qui décrivent moins un homme de foi qu’un acteur qui cabotine et qui en rajoute pour attirer sur lui l’attention. Au geste de la discipline qu’il s’impose, Tartuffe rappelle haut et fort qu’il est charitable envers les nécessiteux. Là encore, l’ordre qu’il adresse à Laurent a une double destination. Il est également pronon...

« l'ascèse et la sagesse.

Accompagné de son valet, à qui il adresse un premier ordre, Tartuffe fait en sorte d'être entendu par Dorine.

La didascalie « apercevant Dorine » prouve en effet que Tartuffe agit non pas en fonction d'une nécessité chrétienne (souffrir comme le Christ), mais pour attirer l'attention de Dorine qui, selon toute vraisemblance, se tient à une certaine distance. Le vers à l'impératif qui suit l'indication didascalique confirme la mise en scène de Tartuffe : « Laurent, serrez ma haire avec ma discipline ».

Ce vers fonctionne comme une didascalie interne : la parole suggère un geste.

Les deux termes « haire » et « discipline » renvoient à la contrainte que s'imposent les religieux pour imiter la souffrance du Christ.

Or le public sait qu'une personne qui vit sa foi intérieurement n'éprouve pas le besoin d'exhiber cette pratique, comme le fait Tartuffe.

Ce geste le discrédite donc aux yeux du public comme aux yeux de Dorine qui n'est pas dupe de ces simagrées, comme l'atteste sa première réplique « Que d'affectation et de forfanterie ».

La diérèse sur affectation et l'accentuation portant sur le « e » de forfanterie donnent un poids supplémentaire à ces termes dépréciatifs.

Molière choisit deux termes qui décrivent moins un homme de foi qu'un acteur qui cabotine et qui en rajoute pour attirer sur lui l'attention. Au geste de la discipline qu'il s'impose, Tartuffe rappelle haut et fort qu'il est charitable envers les nécessiteux.

Là encore, l'ordre qu'il adresse à Laurent a une double destination.

Il est également prononcé pour que Dorine l'entende.

La charité, première des vertus chrétiennes, est exhibée comme la discipline qu'il se fait serrer.

Tartuffe pousse l'outrance, jusque dans sa charité.

Non content de choisir les plus pauvres, il fait l'aumône aux prisonniers, la catégorie la plus méprisée.

L'enjambement des vers trois et quatre trahit l'habileté rhétorique de Tartuffe et ses louvoiements.

Sa parole est contournée, elle passe de l'ordre le plus strict à une feinte componction.  Face aux formes généreuses de Dorine, qui porte un décolleté, il adopte une posture théâtrale, qui confirme le caractère exagéré et outrancier de son jeu.

Le geste du mouchoir, indiqué dans la didascalie fonctionne comme un coup de théâtre (il tire un. »

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