TAPAGE À LA MACHINE ET STYLE Ce n'est pas de la littérature, ce n'est que du tapage à la machine. Truman Capote
Publié le 28/03/2015
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quant à lui que cet objectif avait dès le départ été atteint. Il parle en ces termes de l'impression que fit sur lui l'oeuvre de Truman Capote quand il la découvrit :
«C'était un maître incontesté du verbe avant même qu'il fût en âge de voter. J'en étais presque malade d'envie. Il avait le don de faire danser et chanter les mots, de changer mystérieusement les couleurs, d'accomplir des tours de magie, de provoquer le rire, de vous donner le frisson, de vous toucher le coeur.«
«
@l .
Tapage à la machine et style / 121
«non-roman» connut un énorme retentissement, mais Tru
man Capote était déjà à cette époque une figure bien connue
- et
un peu scandaleuse -des milieux littéraires améri
cains.
Un passage des Conversations nous permet de comprendre
qu'un texte
littéraire, à ses yeux, est un texte comme par
couru par une sorte de fluide électrique, une
«flamme» déjà
présente chez
l' écrivain au moment de l'élaboration du
texte.
Le véritable écrivain ne
se contente pas de taper à la
machine, mais
il doit être porté, emporté par ce que l'on
n'ose plus appeler aujourd'hui l'inspiration.
Parlant de
Lilian Ross, un auteur dont il s'était à la fois inspiré et
démarqué,
il écrit page 116 :
«Lilian a fait un travail merveilleux.
C'est une excel
lente journaliste mais pas un très bon écrivain au sens
où nous l'entendons.
Il lui manque la flamme, cette ter
rible, cette indispensable fièvre qui vous porte.
Il y a un
moment dans l'écriture où cette flamme jaillit ou
non.»
Quand il parle des autres auteurs, Truman Capote a généra
lement la dent très dure, mais la façon dont
il s'exprime à
propos
de ceux pour lesquels il fait exception permet de
comprendre ce qu'il entend quand il parle d'un véritable
écrivain.
Interrogé sur
La Ferme africaine de Karen Blixen
(Danemark, 1885-1962), et sur son avis selon lequel
il
s'agissait de l'un des plus grands romans du siècle, il
répond:
«Oh oui, parce qu'il est parfaitement écrit.
Et superbe
ment ressenti.
Tout est réussi dans
ce livre.
Il n'y a pas
une page qui ne soit pas frémissante de vie comme la
feuille
d'un arbre dans la tempête.
C'est un écrivain
sublime.»
Rares sont ceux qui ont, comme Flaubert, le souci premier
et unique du style :
«Il se souciait plus du style que du contenu.
Le contenu,
pour lui, consistait par exemple à sortir une pomme
d'un panier et à la poser sur une table en disant: "Main
tenant, je vais faire cette pomme." Je veux dire qu'à
mon avis il se foutait éperdument de Mme Bovary.
Ce.
»
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