SURRÉALISME - Histoire de la littérature

« LE MOT a été emprunté au poète Guillaume Apollinaire qui, en 1917 , écri­ vait : «Quand l'homme a voulu imiter la marche, il a créé la roue qui ne res­ semble pas à une jambe.

Il a fait du surréal isme sans le savoir.» Le mot sur réalisme désigne donc ici «une attitude d'esprit qui consiste à transcender la réalité, à chercher à voir au-delà des apparences et à ne pas se laisser asser­ vir par les règles de la raison» (Grand Larousse de la langue française).

En 1924, dans le premier Manifeste du surréalisme, André Breton reprendra le terme et l'enrichira pour désigner le mouvement dont il sera le chef, et qui s'ét eindra trois ans après sa mort, en 1969.

1 • UNE HI STOIRE MOUVE MENTÉE Comme en témoignent ses nombreuses revues, ses tracts et ses manif estes, le mouvement surréaliste a toujours été animé du souci de se définir et de s' organiser.

Il l'a fait, non pas autour d'une doctrine f gée, pré-exis tante aux œuvres, mais autour d'une doctrine vivante, mouvante et indissociable de son histoire.

� «CHANGER LA VIE» Le surr éalisme est né du mouvement Dada dont il prolonge l'esprit de révolte, le goût du scandale et le désir de liberté.

Les surréal istes veulent sup­ primer les prisons, les asiles, et licencier l'armée.

Ils remettent en cause la logique, car «on y est volé comme dans un bois» (Aragon ), et ils portent atteinte aux valeurs morales dominantes.

Ainsi, c'est par un très violent pam­ phlet, Un cada vre, qu' ils célèbrent la mort d'Anatole France, un des maîtres off iciels de la littérature de l'époque, un cadavre qu'ils auraient volontiers giflé.

Et c'est sur un papier sang de bœuf qu'ils répondent à Paul Claudel, poète et ambassadeur de France au Japon, qui s'était permis de juger le sens de leur activité.

Ils prof tent de cette lettre pour se «désoli dariser publique­ ment de tout ce qui est français, en paroles et en actions» et, poursuivent-ils, «nous déclarons trouver la trahison et tout ce qui, d' une façon ou d'une autre, peut nuire à la sûreté de l'É tat, beaucoup plus conciliable avec la poésie que la vente de "grosses quantités de lard" pour le compte d'une nation de porcs et de chiens».

Non seulement ils cherchent à ruiner l'esprit patriotique, mais ils se défient de l'engagement et de l'action politique.

Aragon «hausse les épaules» devant la révolution russe qui n'est selon lui «qu' une vague crise mini stérielle».

Pour «changer la vie», les surréalistes veulent dépasser l'aspect négateur du mouvement Dada en expl orant l'inconscient.

Leur premier moyen. »