Sur une Nuit Sans Ornement - La Parole - En Archipel - René Char
Publié le 15/01/2013
Extrait du document

Le travail de la pensée inconsciente dont le paradigme est le travail du rêve.
Notre conscience du monde ne repose pas que sur des concepts. Par-dessous les lectures qu’en font
ceux-ci la conscience sait aborder la réalité empirique par des perceptions d’analogies de symboles
lesquelles perceptions sont plus rapides que la parole et donc absentes de son discours mais non sans
pourtant y maintenir une vive activité qu’il serait dangereux de méconnaître. Or c’est bien cet
inconscient-là qui est le plus en éveil dans les grandes oeuvres de la poésie et de l’art celles qui visent la
connaissance. « Et bien plus que ce que les mots comme tels peuvent prétendre comprendre (…)
possible est le déploiement de cette conscience infra-verbale car celle-ci dispose pour prendre forme de
ressorts de pensée qui sont antérieurs au langage : l’analogie par ex, la mémorisation par métonymie, la
capacité de fixer son attention sur des aspects immédiatement signifiants de la réalité empirique, ainsi la
menace d’un regard « cf idée de pensée figurale exposée dans le Goya
Passage de la notion d’inconscient à la notion de pensée
Conférence d’Yves Bonnefoy La poésie et le savoir
Mais nous avons un inconscient. L’inconscient n’est pas seulement le lieu où les désirs se retranchent et
se fomentent
à mon sens il est aussi une pensée, avec une réflexion qui à travers ses périodes d’empêchement et avec
ses propres

«
La nuit comme élément du poète
En effet en plus d’occuper le poème du début à la fin ; on pourrait même dire plutôt que Char fait
clairement l’éloge de la nuit et de ce qu’elle représente pour lui nous pouvons relever 11 fois l’occurrence
du terme ; il est repris de façon anaphorique à chaque vers hormis dans « L’infini attaque mais un nuage
sauve « qui instaure une rupture dans l’ordre du poème et cette succession qu’on interrogera par la
suite.
Tout est pensé dans le poème en comparaison de cette nuit, par référence à cette nuit qui contient
tout ainsi dans le vers
« dans la nuit, le poète le drame et la nature ne font qu’un, mais en montée et s’aspirant » Le poète ne
se sent pas séparé du monde il laisse percevoir que l’univers dont il nous entretient se confond avec lui -
même.
le poète semble vouloir signifier que la nuit à le pouvoir de faire voler en
éclats toutes les formes de séparation qui peuvent exister entre l’homme la nature et son œuvre ; il
s’opère comme une fusion de ses éléments qui entretiennent des rapports les uns avec les autres.
Une
espèce d’unité est retrouvée.
Ainsi à travers ses mots le poète à la capacité de créer son propre univers
et même de renverser le cours attendu des choses.
Par exemple Jean Voellmy nous fait part de certaines
considérations dans son livre René Char ou le mystère partagé ; au chapitre intitulé La nuit inspirée il
évoques les définitions de la nuit et du jour : « Si selon les dictionnaires la nuit est l’espace qui s’écoule
entre le crépuscule du soir et l’aube, le jour désigne d’une part le temps qui va du lever du lever au
coucher du soleil, d’autre part celui qui s’écoule pendant une rotation de la terre sur elle-même, qui
comprend donc le jour au sens précédemment défini et la nuit.
Le terme de jour au contraire de celui de
nuit sert d’unité de temps, de norme impliquant quand il désigne un laps de temps de 24 heures celui de
la nuit.
Ces données sémantiques reflètent une idée des usagers de la langue qui est à l’opposé de celle
de René Char.
Pour lui c’est la nuit qui est la norme.
« La nuit ne succède qu’à elle.
Le beffroi solaire n’est qu’une tolérance intéressée de la nuit.
» on dirait
que pour notre poète le 1er jour de la création du monde ne s’est pas encore levé ; les ténèbres ne se
sont pas encore dissipés à la surface de l’abîme et l’esprit de Dieu est absent.
faire le rapprochement avec le texte biblique.
Nous sommes en présence de l’abîme primordiale et René
Char nous renvoie à l’épisode de la création d’une création qu’il a réécrite sans faire surgir la lumière qui
normalement séparée des ténèbres va inscrire la scansion fondamentale qui marque le temps.
Il y a une
subversion comme si le poète ne souhaitait pas instaurer le temps comme si René Char voulait maintenir
délibérément l’homme dans la nuit, l’obscurité l’ignorance de ses origines et de sa destination ; la nuit
est son élément, elle n’a ni commencement ni fin, elle ne se succède qu’à elle-même.
Le jour est
l’exception, le soleil une sorte de lanterne tolérée par la nuit ; def de beffroi :Tour municipale d’où l’on
faisait le guet ; ou encore le clocher ou la cloche elle-même « être au monde est une belle œuvre d’art qui
plonge ses artisans dans la nuit » la nuit talismanique ;
La nuit ou l’éternel recommencent
René Char aux éditions de l’Herne « Du commencement » par Roger Munier
Toute poésie a rapport au commencement.
Chaque poème, en son ordre et pour ce qu’il énonce à tout
instant commence.
C’est cette sorte de fulguration, d’accord immédiat avec un présent perpétuellement jaillissant qui en fait
proprement un poème.
Ce commencent n’est pas l’origine car il est continuel.
La poésie s’y donne en son
essence.
La poésie est peut être, à un degré éminent et encore inaperçu, connaissance du temps et du
monde à travers la dimension transformante, rédemptrice du temps.
La pensée connaît l’être et les
choses dans le temps ; elle voit dans le temps l’horizon même de l’être (…) le temps est l’impensable, le.
»
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