Sur cette pensée de La Bruyère : L'ennui est entré dans le monde par la paresse. Elle a beaucoup de part dans la recherche que font les hommes du plaisir, du jeu, de la société. Celui qui aime le travail a assez de soi-même.
Publié le 02/06/2012
Extrait du document

Votre lettre m'est venu trouver dans une quiète campagne où, loin du tumulte et de la fièvre de Paris, je m'essaye à retrouver ce calme si nécessaire à la conduite de notre existence. A moi qui depuis si longtemps syis votre confident, vous vous plaignez de l'incurable ennui qui vous poursuit au millen de tous les divertissements que vous offre le cercle si étendu de vos relations. « Quel insupportable fardeau que celui de la vie ! , vous exclamez-vous... Mieux vaudrait n'avoir jamais existé«...

«
Trop heureux si, dans cette course effrénée, nous n'avons pas
sombré dans
un-e de ces perversions qui constituent le vice.
Je
connais plus d'un joueu( invétéré que l'ennui seul conduisit pour
la première fois devant un tapis vert.
II.
Le véritable remède, c"est le travail.
Aussi, mon cher ami, ni les distractions, ni la sociétè, ni les
vqyages mêmes ne sont la médication que je vous conseillerai.
Ce oo sont pas vqs plaisirs qu'il faut varier, c'est vous;même
qu'il faut changer, vous que vous fuyez en vain et que partout
vous retrouvez.
S'il vous faut d'illustres exemples, ceux de
Cha
teaubriand, de Byron, de Musset vous montrent comment, au.
milieu des jouissances, de la fortune, de la gloire et de ce que
l'on dénomme sous le vocable de « plaisir », on peut« bailler sa
vie » et traîner de pays en pays « un immortel ennui 11.
Le vrai
remède, je vais vous l'indiquer : c'est
le travail.
Lui seul est sus
ceptible de vous donner à la fois la santé physique et morale.
Voyez l'ouvrier, le paysan qui rentrent, le soir, après le
dur
, labeur de la journée ; ils chantent cependant et leur visage s'illu
mine volontiers d'un sourire.
C'est qu'ils ont conscience d'avoir
accompli œuvre utile.
Ce sentiment leur permettra de savourer
des jouissances que vous, homme blasé, qualifieriez de mesquines.
Faut-il maintenant vous donner mon propre exemple
? Sachez '
qu'au milieu de cette sorte de désert, où je vis retiré, je suis
environné de la
soCiété la plus captivante.
C'est celle que me font
les auteurs avec lesquels chaque jour
je converse, c'est le cor
tège de mes méditations.
Dans une vie faite d'études et de lec
tures, je ne trouve nul instant pour l'ennui.
Pour moi, la rêverie
·même a son charme, car elle me procure le repos.
Lorsque,
seul.
je me promène par la campagne, les beaux passages de
mes livres préférés.
me reviennent à l'esprit; ils prêtent des ailes
à mon imagination et fournissent à ma raison, selon le mot de
Sénèque,
(< un plat substantiel que lentement elle digère >>.
C'est ainsi que, précisément, une maxime de La Bruyère se
présente à ma mémoire : « L'ennui est entré qàns le monde par ·
la paresse; elle a beaucoup de part dans la recherche que fo'nt..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Sur cette pensée de La Bruyère : « L'ennui est entré dans le monde par la paresse. »
- « A l'inverse de ce qu'on affirme souvent, le jeu n'est pas apprentissage de travail. Le jeu ne prépare pas à un métier défini, il introduit à la vie dans son ensemble en accroissant toute capacité de surmonter les obstacles ou de faire face aux difficultés », écrit Roger Caillois dans Les Jeux et les Hommes, en 1958. Pensez-vous que le jeu exerce cette fonction dans notre société, qu'il s'agisse des enfants ou des adultes?
- André Gide s'adresse ainsi à un jeune homme : « Ne cherche pas à remanger ce qu'ont digéré tes ancêtres. Vois s'envoler les grains ailés du platane et du sycomore, comme s'ils comprenaient que l'ombre paternelle ne leur promet qu'étiolement et qu'atrophie ... sache comprendre et t'éloigner le plus possible du passé. » Par ailleurs Renan a écrit : « Tous les siècles d'une nation sont les feuillets d'un même livre. Les vrais hommes de progrès sont ceux qui ont pour point de départ un res
- Les inégalités entre les hommes et les femmes dans le monde du travail dans les années 1960 et 2000 en France
- Qui ne voit que la cohésion sociale est due, en grande partie, à la nécessité pour une société de se défendre contre d'autres, et que c'est d'abord contre tous les autres hommes qu'on aime les hommes avec lesquels on vit ?