SUJET : Sylvain Tesson, dans Un été avec Rimbaud (2021) écrit : « Rimbaud est un barbare. Son but : détruire l’ordre classique et, sur les ruines d’un temple, bâtir du nouveau. ». Vous commenterez et discuterez cette citation à la lumière de votre lecture des Cahiers de Douai.

« Plan détaillé de dissertation SUJET : Sylvain Tesson, dans Un été avec Rimbaud (2021) écrit : « Rimbaud est un barbare.

Son but : détruire l’ordre classique et, sur les ruines d’un temple, bâtir du nouveau.

».

Vous commenterez et discuterez cette citation à la lumière de votre lecture des Cahiers de Douai. Problématique : Dans quelle mesure A.

Rimbaud fait-il table rase du classicisme pour proposer une poésie moderne et inédite ? I- Les Cahiers de Douai sont porteurs d’une poésie nouvelle qui s’oppose au classicisme et le désacralise. 1- Émancipation de Rimbaud par rapport au lexique classique qu’il désacralise. • Le poète désacralise le langage poétique par la langue ordinaire, et fait grincer le haut langage poétique en employant volontiers des mots triviaux, qu'on aurait longtemps jugés indignes d'apparaître dans des vers.

Certains renvoient à l’univers de la vie quotidienne : « Du jambon » (« Au Cabaret-Vert »), « foin des bocks et de la limonade » (« Roman »), « paletot », « souliers » (« Ma Bohême »), « baignoire », (« Vénus anadyomène »). • D’autres termes sont même grossiers : « Leurs culs en rond » (« Les Effarés »), « crachats rouges » (« Le Mal »), « anus » (Vénus Anadyomène).

Mépris dans ≪ Le Forgeron ≫ : ≪ Merde à ces chiens-là ≫ + ≪ ça ≫ qui désigne ≪ La Crapule ≫. • On trouve même l’emploi d’interjections qui souligne la familiarité et la spontanéité du poète : « Hurrah ! » (≪ Bal des pendus ≫) + onomatopées : sous-catégorie de l’interjection : elle imite un bruit (ex : ≪ frou-frou≫ pour imiter le bruissement d’une étoffe) • Le recueil est aussi truffé d’expressions populaires : ex fantassins sont des ≪ pioupious ≫ (≪ A la musique ≫) ; mots d’argot, ≪ par la cravate ≫ pour attraper par le cou (≪ Le Bal des Pendus ≫) 2- Désacralisation des sujets de la poésie classique et multiplication des tonalités • Rimbaud sape les stéréotypes poétiques.

Il s’autorise à traiter de la laideur et à désacraliser la beauté comme dans « Vénus Anadyomène » puisque la déesse n'est plus qu'une prostituée dans sa baignoire et le poète note le détail atroce de l'« ulcère à l'anus ».

Le thème de l’idylle champêtre proposée par « Lui » à Nina est minée par la vulgarité de la vie rurale (« Une vache fientera » dans « Les Réparties de Nina »); la lyre du poète se réduit aux « élastiques / De [s]es souliers blessés » (« Ma Bohême »). Dans « Le Mal », le pouvoir et Dieu lui -même sont désacralisés et même violemment critiquer (tonalité satirique et polémique). • Il subvertit aussi les clichés qui figent la langue et la pensée : dans « À la musique », la caricature des bourgeois et des notables s'accompagne d'une ironie sur certains clichés, tels que la locution récapitulative « En somme !...

» qui fait entendre son ambiguïté dans la bouche « d'épiciers retraités » qui « prisent en argent » et ont fondé leur réussite sur leur fortune. • Le registre lyrique est ainsi souvent tourné en dérision avec humour ou sarcasme.

(Reprendre les ex précédents).

Recours aux registres polémique et satirique (ironie, lexique fort et désobligeant, phrases exclamatives, etc.). 1 3- Rimbaud disloque la forme classique pour l'adapter à sa volonté et la moderniser. • Le sonnet peut être libertin.

Sonnets hétérométriques (Ex : ≪ Rêvé pour l’hiver ≫ → Utilisation de vers courts parmi des vers plus longs).

Jeux de rimes non traditionnels : l’irrégularité par rapport au système de rimes attendu dans le sonnet classique crée des effets de surprise : ≪ Rages de Césars ≫ et ≪ Venus Anadyomène ≫ : rimes des tercets différentes du modèle traditionnel du sonnet français. • Il n'hésite pas à distordre le vers et le rythme, principalement en disloquant l’alexandrin (pour lui faire dire et suggérer ce qu'il souhaite).

Dans « Au Cabaret-Vert », il multiplie par exemple les enjambements pour exprimer l'aise du poète à sa table.

Les nombreux rejets et contre-rejets disloquent également le rythme des vers.

Rejet : 4 pour 4 v dans ≪ Le Dormeur du Val ≫ ; même remarque pour le contre-rejet dans ≪ A la musique ≫.

La césure est placée ailleurs, de manière à obtenir deux hémistiches très déséquilibrés→ 4+8 : L’homme pale / le long des pelouses fleuries (≪ Rages de Césars ≫) → 2+10 : L’hiver, / nous irons dans un petit wagon rose (≪ Rêvé pour l’hiver ≫).

La syntaxe du poème ≪ Le Mal ≫ → en alexandrins, mais une seule longue phrase = une autre manière de jouer avec le rythme et de s’affranchir de l’alexandrin habitue.

Recours à l’hétérométrie est aussi une entorse à l’harmonie classique. • Au niveau des rimes : certaines sont audacieuses ou aléatoires → Provocatrices : ≪ Venus Anadyomène ≫ avec anus/Venus ; ≪ Le Forgeron ≫ avec cravache /vache → facilité : comme/somme ≪ Le Dormeur du Val ≫ → Inattendues : égratignée/araignée (≪ Rêvé pour l’hiver ≫) ; squelette/violette (≪ pendus ≫) II- Rimbaud ne fait cependant pas toujours preuve d'une radicalité absolue : il conserve certains aspects de la poésie classique. 1- Du point de vue formel, Rimbaud reste fidèle à certaines normes classiques. • • • • Son vers reste majoritairement l'alexandrin, le vers classique par excellence, même s'il lui donne un rythme particulier.

Donner des exemples : Il emploie aussi l’octosyllabe, qui est un vers canonique.

Donner des ex : Ses poèmes sont souvent des sonnets, la forme poétique la plus usitée depuis le XVIe siècle (La Pléiade).

12 sonnets sur 22 poèmes.

Donner des exemples. Il emploie aussi des strophes académiques, comme le quatrain (dans « Sensation », « Ophélie », « Bal des pendus », « À la musique », « Les Reparties de Nina », etc.) ou le tercet (« Les Effarés »), prédominent dans le recueil. Il emploie également des systèmes de rimes traditionnels.

Donner des exemples. 2 2- Sur le plan thématique, liens évidents avec la tradition classique. Rimbaud ne rompt pas tout lien avec les thèmes classiques. • • • Quatre poèmes sont consacrés à la nature.

Le thème de la nature est uni à celui de la beauté. Nous pouvons relever : « Sensation », « Roman », « Le dormeur du val » et « Ma bohème ».

Cette nature est toujours un cadre chaleureux et accueillant.

De plus, cette nature est source de bonheur et de libération : dans « Sensation », il s’agit d’aller comme un bohémien ; dans « Roman », les « tilleuls verts de la promenade » sont témoins des premiers émois et des premières ivresses du poète ; dans « Ma bohème », la nature est source de libération et de création à la fois. Et dans « Le dormeur du val », bien que la révélation de la mort du soldat colore finalement ce poème, la nature est décrite comme un cadre accueillant et chaleureux qui le berce et le protège, à l’image de la nature qui tout à la fois plaint et entoure Ophélie. L’Amour, dans de nombreux poèmes.

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