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Sujet : Paul Valéry a dit : « L'enthousiasme n'est pas un état d'âme d'écrivain. » De son côté Julien Benda écrit : « C'est pour moi un des grands signes de l'impuissance moderne de dire : j'écris mes livres sans ordre parce que si j'ordonnais mon émotion je la perdrais. C'est tout simplement escamoter le problème qui est précisément de l'ordonner sans la perdre, mieux, de l'intensifier par l'ordre qu'on y insère. » Quelle est, selon vous, dans le domaine de la poésie, la portée de tel

Publié le 27/06/2015

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Introduction

 

Dans les sociétés encore imprégnées de sacré, le poète, le sorcier, le prophète sont proches l'un de l'autre; ils ont en commun la faculté d'être en communication avec l'au-delà, et d'être le médium par lequel s'exprime le surnaturel. Par la suite, d'autres théories, tout en supprimant la référence au divin, continuent d'attribuer l'inspiration à des forces mys­térieuses et presque extérieures au poète (la passion, l'in­conscient). Face à ce courant, attitudes plus techniciennes de Valéry et Benda qui insistent sur ce qu'il y a de voulu et de conscient dans la création poétique. Le problème est donc de savoir la part qu'il faut accorder au travail dans la création du poète *.

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« L'expression : L'enthousiasme n'est pas un état d'âme d'écri­ vain »s'explique donc aisément.

L'enthousiasme, c'est l'état d'âme du poète inspiré, celui qui semble habité par un Dieu dont il ne fait que transmettre la parole (entho11siasme est formé sur la racine grecque THEOS qui signifie dieu).

Valéry refuse la thèse du poète inspiré et insiste d'une manière un peu provocante sur la nécessité du travail dans la création poétique.

Julien Benda exprime une idée assez proche.

Les écrivains « modernes » auxquels il fait allusion sont ceux qui refusent le travail qui consiste à mettre de l'ordre dans ce qui a été formulé sous le coup de l'émotion.

Julien Benda pense-t-il aux surréalistes, qui pratiquaient l'écriture automatique, c'est-à-dire une écriture qui refusait tout contrôle de la conscience? Les différences sont les suivantes : Julien Benda affirme nettement la nécessité d'une émotion à l'origine de cette création, alors que ce point n'a pas été précisé par Valéry.

La nature du travail est par ailleurs mieux précisée chez Benda.

Ne donnez pas, cependant, à l'expression mettre de l'ordre un sens trop simple et en faisant l'équivalent de« faire un plan».

Votre travail ne doit pas consister à comparer les deux formules, mais à extraire ce qu'elles ont de commun.

Dans ce cas il s'agissait de la nécessité du travail dans la création poétique.

4· Nous avons, pour les besoins de l'explication, opposé d'une manière assez tranchée deux grandes tendances parmi les conceptions relatives à la création poétique; en fait, le plus souvent, chacun de ces deux camps fait des concessions à l'autre.

Les surréalistes trichent parfois dans la pratique de l'écriture automatique et certains d'entre eux ne l'ont jamais vraiment pratiquée.

Par ailleurs Valéry, partisan du travail et ennemi de l'enthousiasme, reconnaît que l'inspiration est sou­ vent à l'origine d'un poème et qu'elle fournit «le premiër vers ».

5.

Il faut éviter de faire à partir de ce sujet un devoir d'his­ toire littéraire.

On peut cependant évoquer quelques écoles : les romantiques et les surréalistes qui ont surtout insisté sur -80-. »

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