Sujet dissertation Manon Lescaut
Publié le 28/05/2024
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«
PLAN DE DISSERTATION SUR MANON LESCAUT DE L’ABBÉ PRÉVOST
(Parcours « Personnages en marge, plaisirs du romanesque »)
/ SUJET / Sénac de Meilhan, romancier du XVIIIe siècle, affirme au sujet de Manon Lescaut
que « c’est le comble de l’art d’avoir su inspirer un intérêt soutenu pour deux créatures
méprisables ».
Des héros « méprisables » peuvent-ils faire obstacle à l’intérêt que nous
inspire la lecture d’un roman ?
Éléments d’analyse du sujet
Þ Définir au moins le mot « méprisable » pour un héros de roman = contraire de « admirable »,
dont la personnalité/le comportement/les valeurs ne sont pas héroïques mais qui au contraire
présente des défauts : lâcheté/faiblesse, hypocrisie/infidélité, malhonnêteté/libertinage,
immoralité/cynisme… Ne pas confondre avec « méprisé » et surtout « méprisant » !
Þ La question du sujet reformulait la citation et constituait donc une problématique
acceptable à mon avis (pas forcément nécessaire d’en reformuler une autre au risque de
s’écarter du sujet…).
Þ Nécessité d’un plan dialectique, avec au moins deux parties (« Certes… mais ») et si possible
une troisième permettant de dépasser l’opposition en approfondissant la réflexion.
I.
Certes, Manon Lescaut présente des héros dégradés qui peuvent déplaire
1.
Leurs actions rendent difficile toute admiration et même l’identification (Manon
courtisane aux comportements parfois vraiment grossiers – par exemple ses deux
lettres à DG ; celui-ci est non seulement son complice, mais aussi tricheur, voleur, et
même meurtrier du portier lors de son évasion de Saint-Lazare ; il trahit ses vœux
religieux, et manipule même ses amis dévoués comme Tiberge ou ses alliés comme
le Père supérieur de Saint-Lazare).
2.
Certains traits de leurs caractères (notamment leur entêtement dans l’erreur)
peuvent aller jusqu’à nous irriter (les trahisons répétitives de Manon, le fait que DG
se soumette à tous ses caprices et lui pardonne toujours, la tendance de ce dernier
à dénier toute responsabilité et rejeter la faute sur autrui – exemple du meurtre du
portier, quand il accuse Lescaut de ne pas l’avoir informé que le pistolet qu’il lui avait
fourni à sa demande était chargé !).
II.
Mais leur « bassesse » est aussi à l’origine de plaisirs romanesques
1.
La marginalité des héros conduit à des péripéties romanesques divertissantes, leur
bonheur n’étant jamais stable (fuites, emprisonnements et évasions, voyage
jusqu’en Amérique, attaques de convoi et même duel contre Synnelet…).
> Parallèle possible avec le roman picaresque (Gil Blas de Santillane de Lesage par
exemple).
2.
Le lecteur devient même parfois leur complice amusé (exemple de la scène du souper
chez M.
de GM où les héros escroquent et tournent en ridicule un personnage de
vieux libidineux lui-même méprisable ; la scène procure un plaisir finalement ambigu,
et cette question de la complaisance induite chez le lecteur envers des héros avilis –
dont l’un est carrément le narrateur ! – fait même tout le sel d’une œuvre qui se
présente malicieusement comme un « traité de morale »…).
> Parallèle possible avec le roman libertin ou un roman ambigu dans son rapport à la
morale comme Les Liaisons dangereuses.
III.
Finalement, l’art de Prévost parvient même à déjouer voire à renverser notre
mépris
1.
Les héros nous touchent aussi en tant que victimes d’une société patriarcale et
aristocratique corrompue (une société régie par l’argent, où les plus riches s’offrent
des courtisanes avant de les....
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