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Sujet de dissertation Jean Luc Lagarce Juste la fin du monde: la fuite de la parole

Publié le 09/11/2023

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« Sujet de Dissertation : Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce Lorsque la mort se présente dans le coin de l’œil, en prévenir les proches semblent être comme une évidence.

Le dialogue devient alors tout un art pour échanger ces tristes nouvelles, la communication est clé. Dans la pièce de théâtre Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce (1990) transmet dans son script la tentative de l’annonce de la future mort du protagoniste Louis.

En parallèle avec la réalité, cette pièce jouée est édifiée sur les paroles échangées entre les personnages de la famille.

Jean-Luc Lagarce et Louis apprennent tout deux qu’ils sont malheureusement atteint du sida et qu’ils les restent peu de temps à vivre.

La pièce se déroule à un seul endroit qui est la maison de campagne familial, peu d’indice sont donnée sur le lieu du déroulement des scènes.

Il y a cinq personnages dans cette œuvre ; Louis le personnage principal (fils ainé), Antoine (second fils), Suzanne (fille cadette), Catherine (la femme d’Antoine) et enfin la mère. La pièce repose essentiellement sur des monologues, même si ceux-ci sont entrecoupés de scènes plus dialoguées.

L'impossibilité de Louis à dire son message empêche l'action d'avancer et enferme les autres personnages dans un verbiage redondant.

Chacun parle, mais ne parviennent pas réellement à communiquer et à s’écouter.

La parole sert de fuite, et paradoxalement l'on pourrait même dire que la parole empêche de formuler.

Elle est le masque du malaise qui existe entre les personnages. Nous questionnerons donc ces concepts en essayant de répondre à la problématique suivante : Comment est-ce que la fuite de la parole se manifeste au sein de la famille dans l’œuvre Juste la fin du monde de Jean -Luc Lagarce ? Notre raisonnement questionnera tout d’abord le retour fragile dans la cellule familial marquant le début des conflits (I), avant d’interroger l’échec de la parole (II). Pour commencer, on notera que le retour du héros dans la maison familiale après plusieurs années d'absence s'accompagne d'un désir : celui d'être reconnu par les siens.

Il peut être compris comme une volonté de donner à ses proches une seconde chance de le connaître (re-connaître prend alors le sens de connaître une seconde fois) et de leur permettre de découvrir ses qualités (reconnaître prend alors le sens d'obtenir la considération des autres).

Sur le plan dramaturgique, la « reconnaissance » est aussi un procédé théâtral, employé habituellement à la fin d'une pièce pour en permettre le dénouement. Or, dans cette pièce, tout se joue dès le début : Louis doit se faire reconnaître par ses proches et il a un secret à leur avouer.

Mais il ne parvient à faire ni l'un ni l'autre.

C'est son frère, Antoine, qui entérine cette reconnaissance manquée : « tu ne sais pas qui je suis, / tu ne l'as jamais su, / ce n'est pas ta faute et ce n'est pas de la mienne / non plus, moi non plus, je ne te connais pas […] / on ne se connaît pas » (partie 1, sc.

11).

Si toute reconnaissance est impossible, c'est que les personnages avouent ne s'être jamais connus.

Ils se révèlent prisonniers des rôles qu'ils se sont attribués les uns aux autres. Le retour de Louis peut de ce fait apparaître comme une tentative de dé-jouer : déjouer l'intrigue qu'il prévoit, dé-jouer la distribution des rôles.

Lorsqu'il a entrepris son voyage, il savait déjà quelle tournure allaient prendre les événements : « c'est exactement ainsi, / lorsque j'y réfléchis, / que j'avais imaginé les choses, / vers la fin de la journée, / sans avoir rien dit de ce qui me tenait à cœur / – c'est juste une idée mais elle n'est pas jouable » (partie 2, sc.

1).

Prévoyant tout ce qui va advenir, Louis voudrait en contrarier le cours et imposer une nouvelle trame à l'histoire familiale.

Mais il réalise vite que ce projet n'est pas « jouable » : il est condamné, comme les autres, à endosser son costume habituel. Car chacun joue en effet sa comédie familière et familiale.

Louis est le frère aîné « désirable et lointain, distant » (intermède, sc.

5), Antoine, le frère au « mauvais caractère, borné » (partie 1, sc.

4), Suzanne, la petite sœur qui parle trop, la mère, celle qui ressasse le passé et Catherine, la belle-sœur « simple, claire, précise » (partie 1, sc.

7).

Chaque personnage énonce un jugement sur les autres dont aucun ne peut se libérer, comme le déclare Antoine à Louis : « car tu le voudrais, tu ne saurais plus t'en défaire, tu es pris à ce rôle » (partie 2, sc.

3).

À tel point que Suzanne, la petite sœur, indique à Louis le moment de la conversation où il faudrait qu'il lui dise « Ta gueule, Suzanne » et que celui-ci, pour respecter le jeu de rôles, s'exécute (partie 1, sc.

7). Secondement, on notera que l'une des particularités de cette pièce est l'absence d'action qu'elle présente.

Il ne se passe rien.

Les seuls actes observables sont les actes de langage uniquement.

La structure de l’œuvre repose sur des scènes comme juxtaposées, une suite de paroles isolées.

Le dialogue ne prend pas entre les caractères dans les scènes de groupe, c’est que la parole est confisquée par un seul personnage durant une scène entière, donnant lieu à une succession.... »

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