Sujet : Dans « Le voyage », Baudelaire affirme sur un ton désabusé : « Amer savoir, celui qu’on tire du voyage !» Au regard de l’ensemble du recueil, ce vers vous paraît-il refléter la totalité des enjeux de ce thème ?
Publié le 08/11/2019
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l’enfance, « le vert paradis des amours enfantines » évoqué dans « Moesta et errabunda» car Baudelaire est nostalgique de ce premier âge de la vie, fait d’innocence et d’inconscience. Il s’agit alors d’un voyage de la conscience dans le temps, de ce que Proust nommera la réminiscence. Mais là encore, aucune incertitude. Le seul voyage qui vaille est donc celui de la poésie, qui permet d’abolir le spleen, de repousser les limites de l’être, de narguer la mort, de chercher le nouveau. Dans « le voyage », il souhaite « plonger au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau ». Or, cette nouveauté n’est pas extérieure au poète, elle est en lui.
Ainsi, le voyage intérieur et métaphorique est la promesse la plus sûre de cet ailleurs tant convoité.
* * *
Si le voyage peut être perçu comme la promesse d’un ailleurs idéal, nous avons vu qu’il pouvait également s’agir d’un leurre, d’une tromperie et que le seul voyage permettant d’échapper aux limites de la réalité est le voyage poétique. Le voyage obéit donc, dans Les fleurs du Mal à un mouvement dialectique : illusion, désillusion et enfin dépassement de cette illusion par le truchement de la poésie. Le plus beau navire est donc le poème, ou bien la métaphore qui permettent d’embarquer vers des rivages plus calmes, moins douloureux, pour explorer les terres inconnues de la conscience. Baudelaire a donc réussi son voyage, puisqu’il a « métamorphosé la boue en or », le réel en une réalité supérieure car transfigurée.
«
dépossession.
Baudelaire est en effet un des grands poètes de l’exil : on le remarque dans les poèmes comme «
l’albatros », « horreur sympathique » ou encore « le cygne »
De plus, « le voyage » est un poème ajouté par l’édition de 1861 et il infléchit le recueil dans un sens plus
pessimiste.
Le voyage y est un leurre, car celui qui part croit quitter sa douleur et son spleen alors qu’ils sont
irrémédiablement liés à lui.
L’ailleurs tant rêvé se révèle n’être que la reproduction identique de l’ici qu’on croyait
fuir.
L’océan n’est pas seulement symbole d’infini, il incarne également les troubles de la conscience comme dans
« obsession »ou « l’homme et la mer ».
Le poème de la désillusion est sans conteste « un voyage à Cythère »
dont le ton et les images démentent « l’invitation au voyage ».
Construit comme un diptyque, sa seconde partie est
un tableau de mort et de décomposition.
Le mythe de l’ailleurs idéalisé est réduit
à néant.
C’est une chimère qu’il faut congédier.
Néanmoins, le voyage réel ne répondant pas aux attentes du poète, le seul voyage qui vaille vraiment la peine, le
voyage poétique, permet d’accéder à la connaissance de soi et d’échapper aux limites de la réalité.
* * *
En effet, Baudelaire a repris à son compte l’affirmation d’Edgar Poe, l’imagination « reine des sensations », parce
qu’elle est en profonde adéquation avec son esthétique.
Les plus beaux voyages des Fleurs du Mal ne sont-ils pas
des voyages imaginaires ? Le voyage est alors métaphorique.
On retrouve ce thème fondu dans celui de
l’expérience amoureuse : la femme est une île qu’il faut aborder, l’amour est un voyage semé d’embûches mais qui
promet peut -être le bonheur, le salut.
Ces métaphores sont très nombreuses dans le recueil et surtout dans le
cycle de poèmes consacrés à Jeanne comme dans « parfum exotique », « la chevelure », « le serpent qui danse »
ou encore « le beau navire ».
Ce sont des voyages imaginaires, auxquels le poète ne renoncera jamais, qui font de
la poésie baudelairienne une poésie onirique.
En outre, dans les Fleurs du Mal, Baudelaire propose plusieurs voyages de la conscience.
Le plus incertain mais
non le moins doux est celui que procure l’ivresse comme dans « le vin des amants ».
Les paradis artificiels sont
donc un moyen d’échapper au réel et de découvrir un ailleurs plus clément.
Cet ailleurs, c’est aussi le passé et
surtout
l’enfance, « le vert paradis des amours enfantines » évoqué dans « Moesta et errabunda» car Baudelaire est
nostalgique de ce premier âge de la vie, fait d’innocence et d’inconscience.
Il s’agit alors d’un voyage de la
conscience dans le temps, de ce que Proust nommera la réminiscence.
Mais là encore, aucune incertitude.
Le seul
voyage qui vaille est donc celui de la poésie, qui permet d’abolir le spleen, de repousser les limites de l’être, de
narguer la mort, de chercher le nouveau.
Dans « le voyage », il souhaite « plonger au fond de l’inconnu pour
trouver du nouveau ».
Or, cette nouveauté n’est pas extérieure au poète, elle est en lui.
Ainsi, le voyage intérieur et métaphorique est la promesse la plus sûre de cet ailleurs tant convoité.
* * *
Si le voyage peut être perçu comme la promesse d’un ailleurs idéal, nous avons vu qu’il pouvait également s’agir
d’un leurre, d’une tromperie et que le seul voyage permettant d’échapper aux limites de la réalité est le voyage
poétique.
Le voyage obéit donc, dans Les fleurs du Mal à un mouvement dialectique : illusion, désillusion et enfin
dépassement de cette illusion par le truchement de la poésie.
Le plus beau navire est donc le poème, ou bien la
métaphore qui permettent d’embarquer vers des rivages plus calmes, moins douloureux, pour explorer les terres
inconnues de la conscience.
Baudelaire a donc réussi son voyage, puisqu’il a « métamorphosé la boue en or », le.
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