Sujet bac blanc francais
Publié le 03/11/2015
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Objet d'étude :le roman et ses personnages, visions de l'homme et du monde.Textes : Texte A : Madame de La Fayette,La Princesse de Clèves, 1652.Texte B : Alfred de Musset,La Confession d'un enfant du siècle, 1836.Texte C : Marcel Proust,Un Amour de Swann, 1913. Texte A : Madame de La Fayette,La Princesse de Clèves, 1652. [Mme de Clèves vient à peine d'épouser M, de Clèves qu'elle estime et respecte quand elle s'éprend de M. de Nemours, l'un des plus brillants gentilshommes de la cour d'Henri II. Déjà tourmentée par cette passion coupable, elle fait l'expérience de le jalousie en lisant une lettre d'amour qu'elle croit, à tort, destinée à M. de Nemours.] Elle avait ignoré jusqu'alors les inquiétudes mortelles de la défiance1et de la jalousie : elle n'avait pensé qu'à se défendre d'aimer monsieur de Nemours et elle n'avait point encore commencé à craindre qu'il en aimât une autre. Quoique les soupçons que lui avait donnés cette lettre fussent effacés, ils ne laissèrent pas de lui ouvrir les yeux sur le hasard d'être trompée, et de lui donner des impressions de défiance et de jalousie qu'elfe n'avait jamais eues. Elfe fut étonnée de n'avoir point encore pensé combien il était peu vraisemblable qu'un homme comme monsieur de Nemours, qui avait toujours fait paraître tant de légèreté parmi les femmes fût capable d'un attachement sincère et durable. Elle trouva qu'il était presque impossible qu'elle pût être contente de sa passion : « Mais quand je le pourrais être, disait-elle, qu'en veux-je faire ? Veux-je la souffrir ? Veux-je y répondre ? Veux-je m'engager dans une galanterie ? Veux-je manquer à M. de Clèves ? Veux-je me manquer à moi-même et veux-je enfin m'exposer aux cruels repentirs et aux mortelles douleurs que donne l'amour ? Je suis vaincue et surmontée par une i...
«
alors sous la table le pied de ma maîtresse qui était posé sur celui d'un jeune homme assis à côté
d'elle ; leurs jambes étaient croisées et entrelacées, et ils les resserraient doucement de temps en
temps.
Je me relevai parfaitement calme, demandai une autre fourchette et continuai à souper.
Ma
maîtresse et son voisin étaient, de leur côté, très tranquilles aussi, se parlant à peine et ne se
regardant pas.
Le jeune homme avait les coudes sur la table et plaisantait avec une autre femme qui
lui montrait son collier et ses bracelets.
Ma maîtresse était immobile, les yeux fixes et noyés de
langueur.
Je les observai tous deux tant que dura le repas, et je ne vis ni dans leurs gestes, ni sur
leurs visages rien qui pût les trahir.
À la fin, lorsqu'on fut au dessert, je fis glisser ma serviette à
terre, et, m'étant baissé de nouveau je les retrouvai dans la même position, étroitement liés l'un à
l'autre.
J'avais promis à ma maîtresse de la ramener ce soir-là chez elle.
Elle était veuve, et par
conséquent fort libre, au moyen d'un vieux parent qui l'accompagnait et lui servait de chaperon.
Comme je traversais le péristyle, elle m'appela.
- Allons, Octave, me dit-elle, partons, me voilà.
Je
me mis à rire et sortis sans répondre [...] regardant machinalement le ciel et voyant une étoile filer,
je saluai cette apparence fugitive, où les poètes voient un monde détruit, et lui ôtai gravement mon
chapeau.
Texte C : Marcel Proust,Un Amour de Swann, 1913.
[L'intrigue se déroule à Paris à la fin du dix-neuvième siècle.
Charles Swann, membre de la haute
société, a entamé une liaison avec Odette de Crécy, une femme aux mœurs légères.
Un soir, elle lui
demande de la quitter plus tôt que d'habitude, prétextant qu'elle est souffrante et a besoin de dormir.
Swann, la soupçonnant d'attendre un autre homme retourné un peu plus tard devant chez elle.]
Sur le point de frapper les volets, il eut un moment de honte en pensant qu'Odette allait savoir
qu'il avait eu des soupçons, qu'il était revenu, qu'il s'était posté dans la rue.
Elle lui avait dit souvent
l'horreur qu'elle avait des jaloux, des amants qui espionnent.
Ce qu'il allait faire était bien maladroit,
et elle allait le détester désormais, tandis qu'en ce moment encore, tant qu'il n'avait pas frappé,
peut-être, même en le trompant, l'aimait-elle.
Que de bonheurs possibles dont on sacrifie ainsi la
réalisation à l'impatience d'un plaisir immédiat ! Mais le désir de connaître la vérité était plus fort et
lui sembla plus noble.
Il savait que la réalité de circonstances, qu'il eût donné sa vie pour restituer
exactement, était lisible derrière cette fenêtre striée de lumière comme sous la couverture enluminée
d'or d'un de ces manuscrits précieux à la richesse artistique elle-même desquels le savant qui les
consulte ne peut rester indifférent.
II éprouvait une volupté à connaître la vérité qui le passionnait
dans cet exemplaire unique, éphémère et précieux, d'une matière translucide si chaude et si belle.
Et
puis l'avantage qu'il se sentait - qu'il avait tant besoin de se sentir - sur eux, était peut-être moins de
savoir, que de pouvoir leur montrer qu'il savait.
II se haussa sur la pointe des pieds.
II frappa.
On
n'avait pas entendu, il refrappa plus fort, la conversation s'arrêta.
Une voix d'homme dont il chercha
à distinguer auquel de ceux des amis d'Odette qu'il connaissait elle pouvait appartenir, demanda :
« Qui est là ?»
Il n'était pas sûr de la reconnaître, il frappa encore une fois.
On ouvrit la fenêtre, puis les volets.
Maintenant, il n'y avait plus moyen de reculer et, puisqu'elle allait tout savoir, pour ne pas avoir l'air
trop malheureux, trop jaloux et curieux, il se contenta de crier d'un air négligent et gai :
« Ne vous dérangez pas, je passais par là, j'ai vu de la lumière, j'ai voulu savoir si vous n'étiez plus
souffrante.
»
II regarda.
Devant lui, deux vieux messieurs étaient à la fenêtre, l'un tenant une lampe, et alors, il
vit la chambre, une chambre inconnue.
Ayant l'habitude, quand il venait chez Odette très tard, de
reconnaître sa fenêtre à ce que c'était la seule éclairée entre les fenêtres toutes pareilles, il s'était
trompé et avait frappé à la fenêtre suivante qui appartenait à la maison voisine..
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