Suffit-il d’être juste pour obéir aux lois et aux coutumes de son pays
Publié le 15/05/2022
Extrait du document
«
(Introduction)
Ce sujet pose la question classique du rapport entre la justice idéale (« être juste ») et le droit positif
(« les lois et les coutumes »).
Demander s'il suffit pour être juste de se conformer au droit positif,
c'est poser la question de savoir s'il existe une justice (ou droit idéal) en dehors du droit positif (et
dans ce cas il ne suffit pas d'obéir au droit positif pour être juste), ou bien si au contraire toute
justice se ramène au droit positif (auquel cas il suffit d'obéir à ce droit pour être juste).
Un constat : Il est des lois qui peuvent paraître injustes : une loi qui instaure l'esclavage, par
exemple, n'est-elle pas injuste ? Et la révolte de l'esclave qui, contre la loi, secoue le joug de son
servage n'est-elle pas juste ?Inversement, une action qui paraît injuste pourra être légale, par
exemple la mise à mort de l'esclave par son maître.
Toutefois, les exemples précédents nous
montrent que des lois peuvent nous paraître injustes, à nous qui, dans notre société, en fonction de
notre civilisation et de notre culture, avons condamné et aboli l'esclavage.
Cependant ces lois ne
parurent nullement injustes aux législateurs qui dans d'autres sociétés, dans d'autres cultures, les
instituèrent : tout au contraire elles leur semblèrent justes, la justice même, puisqu'ils les firent
entrer dans leur droit.
Le problème se pose donc de savoir où est la vérité, où est la vraie justice.
Mais se demander où est la vraie justice, c'est postuler que cette vraie justice existe, qu'il existe une
justice universelle et éternelle, constituant le droit idéal et à laquelle les divers droits positifs
devraient se conformer.
Tel est le problème fondamental qui est posé lorsqu'on demande s'il suffit
pour être juste d'obéir aux lois et aux coutumes de son pays.
Car s'il n'existe d'autre justice que les
divers droits positifs, la réponse sera évidemment « oui » ; mais s'il existe une justice idéale,
transcendant tous les droits positifs, la réponse sera « non » dès lors que les lois et les coutumes de
notre pays ne seront pas conformes à cette justice.
C'est donc à rechercher si l'on peut poser
l'existence d'une telle justice qu'il nous faut nous appliquer.
On se posera donc la question: Suffit-il d’être juste pour obéir aux lois et aux coutumes de son
pays? Il convient d’entrer dans ce sujet en abordant dans un premier temps, la justice existe au-delà
des lois avec une justice universelle Dans un deuxième temps avec le rejet d’une justice en sois
avec épicure, hobbes et hume et enfin en ce posant la question :Un dépassement de la justice et de la
loi? Ou l’on va aborder, le droit méconnais l’homme réel puis le droit égal est un droit inégal.
(1er paragraphe)
Tout d’abords, Pour Platon le juste est lié au Bien dont il constitue, avec le vrai et le beau, un des
aspects.
Le juste est avant tout l'expression de l'ordre et de la mesure ; l'injuste, au contraire, est ce
qui détruit l'harmonie.
Il est ce qui met l'individu en conflit avec l'univers, le cosmos, et avec la cité,
celle-ci étant un reflet de celui-là.
La justice lie les hommes selon les lois harmoniques et les unifie,
l'injustice les sépare et les divise.
La justice est la vertu propre de l'âme, dont la fonction est de
gouverner.
L'âme juste sera donc heureuse même si elle subit l'injustice, et l'âme injuste
malheureuse.
Aussi, Platon place-t-il la justice « dans la plus belle classe des biens, parmi ceux qu'il
faut aimer pour eux-mêmes et pour leurs suites, si l'on veut être heureux ».
Dans ces conditions, la justice étant l'ordre et l'harmonie, dans l'âme, dans la cité, dans le cosmos, il
existe bien pour Platon une justice en soi, transcendante, dont les lois doivent être l'expression.
La position platonicienne est celle de toute conscience religieuse.
Il y a une justice éternelle au-delà
de toute justice humaine parce qu'il existe un souverain Bien, un Dieu, qui est souverainement juste
et donc le principe de la justice.
Ainsi pour Rousseau une justice universelle « émanée de la raison
seule » ne saurait se suffire par elle-même, car « toute justice vient de Dieu, lui seul en est la source
» (cf.
Du contrat social, II, 6).
Aristote, en rejetant la conception platonicienne d'un Bien universel
et absolu, refuse une justice transcendante, pour ne plus poser qu'une justice pratique.
Cependant,
en considérant, comme Platon, que l'univers est un cosmos, un ordre, il trouve dans cet ordre même
le modèle de la justice qui apparaît comme le bien proportionné, la juste mesure.
C'est pourquoi, se
rattachant à l'idéalisation mathématique de Platon, la justice, pour Aristote, consiste à répartir
correctement, à établir des égalités, arithmétiques ou proportionnelles.
Elle existe par là
indépendamment des lois, lesquelles ne sauraient d'ailleurs, en raison de leur caractère général, y.
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