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STENDHAL: ROME, NAPLES ET FLORENCE (1817 et 1826) PAGES D'ITALIE (1818-1828) NAPOLÉON (1817-1838) - ANALYSE D'OEUVRES

Publié le 23/06/2011

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stendhal

Stendhal découvrira-t-il en lui une veine plus spontanément jaillissante ? Evoquant ses souvenirs de voyage, il va rédiger Rome, Naples et Florence en 1817. Cette découverte du bonheur de vivre en communion avec les chefs-d'oeuvre, dans une ivresse de musique, devant de beaux horizons, au contact d'une société pleine de naturel et d'un peuple où « la plante humaine « est plus robuste qu'en aucun pays d'Europe, il en fera part dans un livre qui sera un hymne à la joie. Il ne s'agit ni de superficielles impressions d'Italie, ni d'un guide. Il a lu d'innombrables itinéraires ; ce n'est pas, d'ordinaire, une pâture exaltante ; il va changer tout cela ! Dédaignant la description, mais curieux des « habitudes morales « de chaque région, son égotisme se délecte à observer l'art de courir après le bonheur de chaque jour. Il devine simultanément combien cette Italie voluptueuse est impatiente du joug autrichien ; l'énergie latente des milieux libéraux lui rappelle la virtù des temps passés : « Il faut chercher toute l'Italie actuelle dans le Moyen âge «, note-t-il audacieusement. Son goût pour un amoralisme vigoureux ne l'empêche pas de partager les voeux des patriotes qui aspirent à une unité nationale destinée justement à ruiner les moeurs dont son imagination s'enchante.   

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« aristocratie de l'intelligence à laquelle il avait conscience d'appartenir.

Son républicanisme instinctif allait-il s'insurgercontre l'auteur du coup d'État de brumaire Henri Beyle était alors presque un enfant.

Et puis, ce n'était pas sa fautes'il était le petit cousin des Daru.

Il se trouve donc engagé dans l'aventure napoléonienne un peu malgré lui.Comme P.-L.

Courier, il eût assurément préféré que Napoléon fût resté Bonaparte ; la dignité impériale ne lui imposepas moins.

En voulut-il à Napoléon d'avoir « confisqué » à son profit la révolution ? Il lui sut gré d'avoir sauvegardécertaines réformes révolutionnaires et substitué l'ordre au désordre.

Il admira la grandeur de ses entreprises, songénie militaire et plus encore peut-être son génie d'administrateur.

Mais il vit aussi le revers de la médaille.

Il sut leprix sanglant et amer des victoires — qu'il n'exalta point inconsidérément — avec une vraie sensibilité parfois, maissans tomber dans la sensiblerie.

Il comprit la grandeur de l'oeuvre napoléonienne, non seulement en France, mais àl'étranger, en particulier en Italie où il fut un des premiers à, sentir quels ferments la présence française avaitlaissés.

En revanche, il fut déçu par la médiocrité de l'entourage de l'empereur, par ce qu'il vit de bassesse,d'arrivisme, de platitude, à l'armée — souvent chez les hommes mêmes qui étaient capables de tous les courages etde tous les sacrifices.

La retraite de Moscou, surtout, l'éclaira : nulle image d'Épinal dans son oeuvre imprimée ouson oeuvre autobiographique.

Le Premier Empire lui parut beau et grand sous la Restauration, quand le malheurs'ajoutant à une gloire héroïque l'eut pour ainsi dire humanisé : « Le malheur de Napoléon et de la France était leseul charme qui manquât à ces campagnes sublimes qui ont employé notre jeunesse.

Comme artiste, je suis presquetenté de me réjouir de la bataille de Waterloo...

» Le dégoût que lui inspire la Restauration lui rend quelque orgueilpour sa situation de demi-solde et pour ses années de campagnes.C'est à deux dates distinctes qu'il s'attelle à son Napoléon : Il met en chantier une Vie de Napoléon à Milan, en1817-1818, mais en abandonne la rédaction.

Il entreprend des Mémoires sur Napoléon en 1836-1838 à Paris.

Lesdeux atmosphères sont bien différentes.

Dès 1802, « histoire de Bonaparte » lui était apparue comme inséparable decelle de la Révolution, mais le projet lui sembla trop ambitieux.

En 1815, « Dominique » avait esquissé un portrait deNapoléon, fort incomplet mais judicieux.

C'est à son retour à Paris en 1817, en pleine réaction anti-napoléonienne etdevant les railleries dont la Restauration brocardait l'empereur qu'il prend conscience du fait qu'il a été le témoinoculaire d'une geste surhumaine.

Byron, tout frémissant, un soir de 1816, à la Scala, ne l'a-t-il pas questionné defaçon pressante sur le héros qu'il avait approché et dont la vie lui apparaît désormais comme « un hymne à lagrandeur d'âme ? » L'enthousiasme de Stendhal est de même nature que celui des demi-soldes, de Béranger.

Il estfier surtout, rétrospectivement, d'avoir fait la retraite de Russie.Un article de la Revue d'Edimbourg sur la vie publique et politique de l'empereur est sa base de départ.

Il le traduiten le commentant ; il utilise aussi les écrits de Warden, de l'abbé de Pradt, de Hobhouse, et même la Biographie deshommes vivants de Michaud.

Il attendait impatiemment la publication du Mémorial de Sainte-Hélène de Las Casesdont on connaissait l'existence, mais que Hudson Lowe avait pour lors confisqué — (l'ouvrage ne paraîtra qu'en1823).

Mais il se lassa, s'interrompit, se remit à la tâche pour « compléter et corriger le style s.

Les Considérationssur les principaux éléments de la Révolution française de Mme de Staël lui tombent alors sous les yeux.

Indigné, ilveut répondre à ce « libelle » et se remet d'arrache-pied au travail.

Fût-il venu au bout de cette entreprise ? C'estdouteux.

Le manuscrit de la Vie de Napoléon reste à Milan parmi ses autres papiers en 1821 et ne sera récupéréqu'après sa mort.A la fin de 1836, il revint à un thème qui n'avait pas cessé de le préoccuper.

La Monarchie de Juillet n'avait plus àl'égard de l'Empereur la hargne des premières années de la: Restauration.

Le retour des cendres allait s'effectuerbientôt dans une apothéose.

Son admiration continue d'aller à Bonaparte plus qu'à Napoléon.

Il inscrira en marge desMémoires d'un Touriste : « Napoléon sauva la révolution en 1796 et 1799 au 18 brumaire.

Bientôt il chercha àanéantir la révolution et il eût mieux valu pour le bonheur de la France qu'il fût tué en 1803 après la.

Paix ».

Ildispose de toute une documentation nouvelle, le Mémorial de Sainte-Hélène, les Mémoires de Napoléon de Gourgaudet Montholon.

Le voilà reparti sur de nouveaux frais.

Ces Mémoires lui semblent la source la plus sûre.

Il se féliciteque Las Cases n'ait point d'esprit, car ainsi « il ne mêle pas du Las Cases au Napoléon ».

Il paraphrase Thiers,Bourrienne, Norvins, Walter Scott, jaminy SIR les entrecoupant de ses propres remarques; un ton uni et alerte à lafois offre un « récit raisonnable » des événements C'est du meilleur Stendhal.

Le récit de l'arrivée des Français àMilan en 1796 recrée déjà cette atmosphère d'étonnement et d'allégresse que restituera bientôt le début de laChartreuse de Parme.

Mais cette seconde ébauche est à son tour abandonnée pour des projets d'un autre ordre :Le Rose et le Vert, les Mémoires d'un Touriste.A vrai dire Stendhal, pour se documenter, avait choisi avec son coeur.

Il n'avait ni l'étoffe d'un historien, ni lamémoire « historienne » ; ses dates sont souvent erronées.

Ce psychologue, que l'action a entraîné à traversl'Europe, sent combien il est difficile d'atteindre une certitude historique quelconque.

Curieux de la vie plus que de lavérité, nullement fataliste, il aperçoit dans l'histoire un dynamisme où les hommes représentatifs, loin d'être desimples nécessités, commandent aux événements.

Il voit, avant Taine, en Napoléon, une sorte de condottiere.

Ilporte témoignage de cette passion collective que l'empereur suscita, de cet esprit d'émulation que Napoléon fitnaître dans son entourage et du « principe moral » qui soutenait la façade officielle du régime.

Ce travail de secondemain, traversé d'idées originales et soutenu par la sympathie admirative qui lui fit inscrire dans une noticebiographiqueIl respecta un seul homme : Napoléon », ne suffit certes pas à lui valoir le titre d'historien.

Il préfère à tous lestraités systématiques les récits des témoins, et c'est sa qualité de témoin qui l'attache à la puissante personnalitéde l'Empereur.

Quel meilleur exemple d'énergie eût-il pu trouver sur sa route ? Et comment nous étonner du «napoléonisrne » de Julien Sorel, de Fabrice ?. »

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