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SOUVENIR DE LA NUIT DU 4 DANS Les ''Châtiments'' de Victor Hugo (Lecture méthodique)

Publié le 14/03/2015

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hugo
Lecture méthodique
SOUVENIR DE LA NUIT DU 4
L'enfant avait reçu deux balles dans la tête.
Le logis était propre, humble, paisible, honnête;
On voyait un rameau bénit sur un portrait.
Une vieille grand'mère était là qui pleurait.
5       Nous le déshabillions en silence. Sa bouche,
Pâle s'ouvrait; la mort noyait son oeil farouche;
Ses bras pendants semblaient demander des appuis.
Il avait dans sa poche une toupie en buis.
On pouvait mettre un doigt dans les trous de ses plaies.
10   Avez-vous vu saigner la mûre dans les haies ?
Son crâne était ouvert comme un bois qui se fend.
L'aïeule regarda déshabiller l'enfant,
Disant : — Comme il est blanc ! approchez donc la lampe.
Dieu! ses pauvres cheveux sont collés sur sa tempe ! —
15     Et quand ce fut fini, le prit sur ses genoux.
La nuit était lugubre ; on entendait des coups
De fusil dans la rue où l'on en tuait d'autres.
— Il faut ensevelir l'enfant, dirent les nôtres.
Et l'on prit un drap blanc dans l'armoire en noyer.
20     L'aïeule cependant l'approchait du foyer Comme pour réchauffer ses membres déjà roides. Hélas ! ce que la mort touche de ses mains froides Ne se réchauffe plus aux foyers d'ici-bas ! Elle pencha la tête et lui tira ses bas.
25     Et dans ses vieilles mains prit les pieds du cadavre. Jersey. 2 décembre 1852.
[2/12/1852]
Les Châtiments, Livre II, 3 (v. 1 à 25).
INTRODUCTION Situation
Ces vers forment la première partie du texte intitulé « Souvenir de la nuit du 4 «. Il se situe au début du livre II, dont le titre iro­nique est « L'ordre est rétabli «. Hugo entreprend de dénoncer ce faux ordre, conquis par les armes.
Au lendemain du coup d'État du 2 décembre 1851, l'opposi­tion républicaine ayant réagi, des troubles éclatèrent dans Paris. Le 4 décembre, la troupe tira au hasard dans la foule et fit plu­sieurs morts. Après avoir déjà rendu hommage « Aux morts du 4 décembre « (Les Châtiments, I, 4), Hugo offre ici un poème à une seule victime. Il s'agit d'un enfant qui avait été tué au car­refour Tiquetonne, près des Halles, au centre de Paris.
Axes de lecture
 
Dans ce texte composé en alexandrins, Hugo renonce à la colère, à la violence. Il décrit une scène émouvante avec une grande économie de moyens qui lui permet de présenter la mort d'un enfant comme un scandale.

hugo

« --·INTRODUCTION Situation Ces vers forment la première partie du texte intitulé « Souvenir de la nuit du 4 ».Il se situe au début du livre Il, dont le titre iro­ nique est« L'ordre e!;t rétabli ».

Hugo entreprend de dénoncer ce faux ordre, conquis par les armes.

Au lendemain du c::iup d'État du 2décembre1851, l'opposi­ tion républicaine ayant réagi, des troubles éclatèrent dans Paris.

Le 4 décembre, la troupe tira au hasard dans la foule et fit plu­ sieurs morts.

Après avoir déjà rendu hommage « Aux morts du 4 décembre » (Les Châtiments, 1, 4), Hugo offre ici un poème à une seule victime.

Il s'agit d'un enfant qui avait été tué au car­ refour Tiquetonne, près des Halles, au centre de Paris.

Axes de lecture Dans ce texte composé en alexandrins, Hugo renonce à la colère, à la violence.

Il décrit une scène émouvante avec une grande économie de moyens qui lui permet de présenter la mort d'un enfant comme un scandale.

1.

UNE SCÈNE ÉMOUVANTE La scène à laquelle 1ous assistons est pathétique, c'est-à-dire qu'elle est propre à émouvoir le lecteur.

Le cadre Nous ne savons rien du logis où se trouvent les personnages.

Mais quelques touches suffisent à peindre un intérieur modeste et accueillant.

Les quatre adjectifs descriptifs du vers 2 (« propre, humble, paisible, honnête») posent un cadre simple et dépouillé.

Le dernier adjectif apporte une nuance morale propre à nous rendre les héros sympathiques.

D'autres détails précisent un peu ce décor vague.

Un« rameau bénit» orne un portrait (v.

3).

Une armoire en noyer contient du linge (v.

19).

Une cheminée donne un peu de chaleur (v.

20).

Ces notations aident le lecteur à se 116. »

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