Sources et influences : les racines de la poétique de Senghor
Publié le 14/08/2014
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Africain confronté à l'Europe, Senghor s'est nourri de deux cultures. Son oeuvre s'est construite à partir des lectures et des rencontres qui ont marqué ses années de formation, sous le signe du métissage.

«
E X P 0 S É S F C H E S
dans le silence et dont il se nourrit, et qu'il rendra sous forme de paroles rythmées
et chantées.
Sous forme de poème, pour dire l'essentiel, qui est le permanent» (Liberté III, p.
385).
Il -RACINES EUROPÉENNES
Un nouvel apport pour l'imaginaire
Comme !'Afrique, « l'Europe à qui nous sommes liés par le nombril »
( « Prière aux masques ») a eu un rôle essentiel, quoique plus tardif, dans la forma
tion de Senghor.
Ses études parisiennes et sa découverte de la province française
lui révèlent un paysage et un rapport au monde nouveaux :
il découvre un monde
de !'eau (pp.
134, 152), de la fraîcheur lumineuse ( « Porte Dorée » ), qui forme un
contrepoint avec la nature africaine et constituera l'autre pôle de son imaginaire
(dans
les« Épîtres à la Princesse», en particulier).
Mais
c'est surtout l'apport intellectuel de l'Europe qui est essentiel pour la
formation de Senghor.
C'est en France qu'il trouve, au fil de ses lectures, les fon
dements théoriques de la notion de négritude.
Il prend d'abord conscience du rôle
de
la raison comme moyen d'appréhension du monde.
Même si, au même
moment, la logique cartésienne est battue en brèche par les surréalistes, les
modèles intellectuels qu'il se donne alors sont
à même de nourrir rationnellement
sa quête de la négritude.
Les sources de sa pensée
Les sources majeures de sa pensée et donc de sa poétique sont de trois ordres :
- L'enseignement de Paul Rivet, qui tendait à une revalorisation de l'héritage
africain, ouvre Senghor à la notion de métissage comme fondement des grandes
civilisations et lui fait renoncer définitivement à l'assimilation voulue par la colo
nisation et fondée sur l'impérialisme culturel français.
- La lecture de !'ethnologue allemand
Frobenius apporte à la négritude les fon
dements théoriques qui lui manquaient.
Auteur
d'une Histoire de la civilisation
africaine (traduite en français en 1936), Frobenius rompt en effet avec le rationa
lisme qui prévalait en ethnologie, pour lui substituer l'intuition:
il cherche à appré
hender la civilisation africaine par sympathie, en opposant « le style africain » au
«style européen».
Celui qu'on a appelé« le poète de l'ethnologie» ose, pour la
première fois, sortir l'Afrique de sa primitivité en écrivant:
«L'idée du nègre bar
bare est une invention de l'Europe.
» Même si sa thèse est discutable sur le plan
scientifique, son impact sur la pensée de
Senghor a été énorme : c'est à partir de
Frobenius qu'il élabore avec Césaire
le concept de négritude.
- Dans les milieux intellectuels parisiens, que
Senghor fréquente avec Césaire,
les réflexions sur la négritude se nourrissent aussi de la lecture des
Négro-Améri
cains : MacKay, Alain Locke ou encore Dubois contestent les valeurs de l'Occi
dent et revendiquent une identité noire.
Cette lecture a marqué
Senghor qui, dès
1937, se réclame du manifeste de
MacKay: «Plonger jusqu'aux racines de notre
race et bâtir sur notre profond fond, ce n'est pas retourner
à l'état sauvage: c'est la
culture même
» (Liberté !, p.
21 ).
Lorsque Senghor fonde, avec Césaire, la revue
L'Étudiant noir,
c'est pour diffuser dans les milieux intellectuels parisiens les
idées
de la« Négro-Renaissance»..
»
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