Sonnet 24, Louise Labé.
Publié le 13/01/2013
Extrait du document
«
Il s'agit d'abord pour la poétesse d'appeler à l'indulgence des dames, pour ce qui est de
la faute d'avoir céder à l'ivresse amoureuse, en convaincant ses auditrices qu'elle n'est que
l'honnête victime de Cupidon.
Elle s'expose tout d'abord comme une amante pathétique exaltant son chagrin, sa
souffrance, afin de mieux marquer sa repetance.
Pour illustrer cet amour malheureux et
déchirant, des motifs de l'amour pétrarquiste - amour non réciproque, funeste, chantant
les beautés de l'être aimé- tels que l'image du feu: "mile torche ardentes", "mon tems
consumé" et, dans une certaine mesure, l'expression hyperbolique de la souffrance.
En
effet, on a la métaphore hyperbolique des "torches", qui sont dites "ardentes", des
"douleurs" qui sont dites "mordentes", des pointes qui sont dites "violentes".
L'anaphore
de l'adjectif numéral "mile torches ardentes", "mile travaus, "mile douleurs mordentes"
accentue la douleur amoureuse de l'amante délaissée par l'ami.
Le je, par l'emploi du
passé composé, souligne par ailleurs que cet amour est révolu, le temps a été "consumé"
dit-elle.
La description de ce mal subi doit persuader les dames qu'il ne faut l'accuser de
ses écarts passionnés.
Pour cela, Louise Labé fait appel à son expérience féminine en matière d'amour et
l'auditoire féminin crée une une certaine complicité entre le je et les narrateurs qui sont
les "dames".
Les désinences des adjectifs "amour-euses", "malheur-euses"inscrivent
linguistiquement ce public comme étant féminin.
En premier lieu, le sonnet s'organise
autour de quatre impératifs : "ne reprenez", "n'aigrissez point", "mais estimez" , "et
gardez" qui sont des apostrophes directes aux "Dames" qui figurent dans le premier vers.
Les deux impératifs à la forme négative mandent la sympathie de ces femmes, leur
réclament de ne pas porter un jugement trop sévère envers son comportement.
La
complicité est également crée par l'évocation de la réputation de Louise Labé, plus
précisément de son "nom" dans le cinquième vers.
Elle manifeste sa crainte que son nom
soit "blâmé", entaché; on sait en effet que les biographes s'était plus à édifier des rumeurs
scabreuses à propos de la belle Lyonnaise, désignée courtisane et femme adultère.
En
invoquant son nom, la poète incite à une lecture non fictionnelle du sonnet.
Un gage de
sincérité est donné: il s'agit de Louise Labé, accusée d'amour, qui fait son plaidoyer
devant les dames de Lyon..
Tout au long du recueil, des adresses aux femmes sont faites,
de l'épitre dédicatoire à Clémence de Bourges dans lequel elle convie les femmes au
plaisir de l'étude et des lettres, jusque dans plusieurs élégies, comme l'élégie III.: "Quand
vous lirez...
Ô Dâmes lionnoises".
On note par ailleurs que cette complicité, proximité
est amplifiée par cette "délimitation" géographique: Louise Labé, bien qu'elle s'adresse à
toutes femmes, a d'abord idée de convier son entourage lyonnais.
On devine donc, dans le
dernier sonnet, que dans la continuité des apostrophes faites dans le recueil, elle s'exprime
pour ce même cercle.
Le sonnet ne présente pas de vocabulaire technique ou érudit et
toute femme peut le comprendre; seules deux références mythologiques sont faites -
"Vulcan" et "Adonis" et restent abordables pour une génération qui a étudié les Anciens..
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