SIXIÈME PARTIE DE LA NOUVELLE HELOISE DE ROUSSEAU
Publié le 28/04/2011
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Les amours de Milord Edouard Claire d'Orbe est à Genève pour assister au mariage de son frère. Cette absence permet à Rousseau d'établir une correspondance entre elle et Julie. Claire peut donc donner, par écrit, son avis sur les projets de mariage entre Milord Edouard et cette Laure qui est devenue une femme délicieuse mais qui fut la courtisane Lauretta Pisana. Deviendra-t-elle lady Bomston ? « Je m'indigne à ce seul titre. Je ne pardonnerais pas plus à Saint-Preux de le laisser prendre à cette fille qu'à Edouard de le lui donner, et à toi de le reconnaître «. Cette indignation serait sans intérêt et ne serait qu'un des premiers épisodes de la réhabilitation de la courtisane tentée plus tard par le romantisme si elle n'était pas une palinodie de Rousseau et la seule transformation importante que l'examen des brouillons nous révèle dans le roman. Dans une première version Milord Edouard épousait fort bien la tendre et repentie Lauretta et les deux cousines trouvaient toutes les deux ce mariage fort touchant. Elles attendaient la jeune femme à Clarens : « Ah ! qu'elle vienne seulement et bien vite ; nous verrons après qui de nous la caressera le plus «. Le chapitre des Confessions qui nous raconte les aventures de Rousseau avec les courtisanes vénitiennes nous prouve qu'il ne les tenait pas nécessairement pour méprisables et nous explique qu'il ait pu tenir lune d'entre elles pour une victime qui redevient une femme honnête, fidèle et dévouée. En fait, Laure prouvera qu'elle est capable du plus noble héroïsme. Mais Rousseau a évidemment réfléchi qu'entre cette réhabilitation morale et un mariage avec un pair d'Angleterre, il y avait un peu trop loin. Il a ménagé l'opinion en jetant Laure dans un couvent.
«
l'argent.
De la gravité, trop de gravité.
« On les croirait toujours prêts à soutenir thèse.
Ils distinguent, ils divisent,ils traitent la conversation par points...
leurs discours sont des harangues et ils jasent comme s'ils prêchaient ».
Dumoins, ces gens graves sont très cultivés.
Us lisent beaucoup et bien.
Même les gens du peuple sont fort instruitset aiment les lectures intelligentes.
Les Génevoises ont de la grâce, du goût, de la sensibilité.
Elles tendentfâcheusement à prendre modèle sur les Françaises et à se gâter.
Mais elles sont encore d'excellentes épouses.
Nullepart il n'y a de meilleurs ménages qu'à Genève.
11 faut souhaiter seulement qu'on soit fidèle à une « antiquemodestie » qui tend à se perdre.
Que les Génevois restent ce qu'ils sont : « plus passionnés d'argent que de gloire ;pour vivre dans l'abondance ils meurent dans l'obscurité et laissent à leurs enfants pour tout exemple l'amour destrésors qu'ils leur ont acquis ».
Julie propose a Saint-Preux d'épouser Claire.
Cependant Julie n'a pas oublié son projet de marier Claire et Saint-Preux.
Elle se décide à en entretenir Saint-Preux.Certes, ils sont tous les deux guéris de leur passion.
Mais Saint-Preux n'a pas cessé d'être un homme.
Il va revenirpour toujours, en pleine jeunesse, se fixer à Clarens.
Puisqu'il n'est pas marié il lui faudra y vivre dans une chastetéabsolue : « à trente ans il va s'enfermer dans une solitude avec des femmes de son âge, dont une lui fut trop chèrepour qu'un si dangereux souvenir se puisse effacer, dont l'autre vit avec lui dans une étroite familiarité, et dont unetroisième (la femme de chambre Fanchon Regard) lui tient encore par les droits qu'ont les bienfaits sur les âmesreconnaissantes.
Il va s'exposer à tout ce qui peut réveiller en lui des passions mal éteintes ; il va s'enlacer dans lespièges qu'il devrait le plus redouter ».
S'il respecte Julie et Claire ne tentera-t-il pas de séduire quelque domestiqueou quelque paysanne ? Remède odieux et qui troublerait le bonheur et l'innocence qui règnent à Clarens.
Il n'y adonc qu'un remède c'est qu'il épouse Claire puisqu'ils ont l'un pour l'autre une profonde affection.
Elle est riche et ilest pauvre ; ce n'est pas une objection pour des gens comme eux.
Saint-Preux a aimé Julie.
Mais Claire sera uneautre Julie.
« Oui, portez-lui la foi que vous m'avez jurée ; que votre cœur remplisse avec elle tous les engagementsqu'il prît avec moi : qu'il lui rende, s'il est possible, tout ce que vous redevez au mien.
O Saint-Preux ! Je luitransmets cette ancienne dette.
Souvenez-vous qu'elle n'est pas facile à payer ».
Digression sur l'utilité de la prière.
Que Saint-Preux réfléchisse ; qu'il prenne conseil de lui-même.
Mais qu'il consulte aussi celui qui est toute sagesse.Qu'il ne craigne pas de prier Dieu.
Ici commence entre Julie et Saint-Preux une assez longue discussion sur la natureet sur l'efficacité de la prière.
Ce problème théologique n'était pas indispensable au roman.
Mais, il se rattache audessein général de la seconde moitié et plus particulièrement de cette sixième partie : opposer au peut réveiller enlui des passions mal éteintes ; il va s'enlacer dans les pièges qu'il devrait le plus redouter ».
S'il respecte Julie etClaire ne tentera-t-il pas de séduire quelque domestique ou quelque paysanne ? Remède odieux et qui troublerait lebonheur et l'innocence qui règnent à Clarens.
Il n'y a donc qu'un remède c'est qu'il épouse Claire puisqu'ils ont l'unpour l'autre une profonde affection.
Elle est riche et il est pauvre ; ce n'est pas une objection pour des gens commeeux.
Saint-Preux a aimé Julie.
Mais Claire sera une autre Julie.
« Oui, portez-lui la foi que vous m'avez jurée ; quevotre cœur remplisse avec elle tous les engagements qu'il prît avec moi : qu'il lui rende, s'il est possible, tout ce quevous redevez au mien.
O Saint-Preux ! Je lui transmets cette ancienne dette.
Souvenez-vous qu'elle n'est pas facileà payer ».
Digression sur l'utilité de la prière.
Que Saint-Preux réfléchisse ; qu'il prenne conseil de lui-même.
Mais qu'il consulte aussi celui qui est toute sagesse.Qu'il ne craigne pas de prier Dieu.
Ici commence entre Julie et Saint-Preux une assez longue discussion sur la natureet sur l'efficacité de la prière.
Ce problème théologique n'était pas indispensable au roman.
Mais, il se rattache audessein général de la seconde moitié et plus particulièrement de cette sixième partie : opposer au rationalismephilosophique et matérialiste la religion de Julie en montrant qu'elle est vraie parce qu'elle est « aimable ettouchante ».
D'autre part, c'était une question qui intéressait vivement Rousseau parce qu'elle posait des problèmeschers à l'esprit génevois et qui avaient même longtemps touché l'esprit français.
Tous les chrétiens et tous lesthéologiens admettaient, bien entendu, et même exigeaient « la prière d'hommage, et d'adoration », celle qui sesoumet à Dieu, s'élève vers lui pour le contempler et s'abîmer en lui.
Les mystiques de l'école de Mme Guyon (dont ilsera question plus loin) ou les piétistes romands, disciples de Murait et de Marie Huber, affirmaient seulement quecette prière n'avait pas besoin de s'exprimer par des formules et par des mots ; elle devait être plutôt une sorted'extase où, dans le silence d'une méditation inexprimable, l'âme se met en communication avec Dieu pour s'abîmerdans ses perfections et se laisser aller à lui, comme un enfant.
Par contre, on avait beaucoup discuté, comme Julieet Saint-Preux, sur « la prière de demande », celle qui s'adresse à Dieu pour lui demander un bienfait.
Car ellesemble supposer que Dieu, qui est toute sagesse et toute bonté, est capable de ne pas vouloir ce qui est pour nousle plus sage, et capable de se laisser éclairer et fléchir, lui le tout puissant, par la prière d'un homme ignorant etfaible.
Julie ne voit dans ces raisonnements que de « vains sophismes ».
« Que tous nos raisonnements doivent êtreinsensés devant l'Etre pour qui les temps n'ont point de succession ni les lieux de distance ! » Renonçons à cette «sagesse humaine » et suivons les inspirations de notre cœur.
Saint-Preux refuse d'épouser Claire.
Réponse de Saint-Preux.
Il a reçu une lettre de Julie, la première après sept ans de silence.
Mais il n'est plus sonamant.
Son cœur est guéri.
Seulement, il est en même temps guéri de l'amour.
Certes, il aime Claire.
Mais qu'il y aloin de cette affection au véritable amour « Où est l'enthousiasme ? où est l'idolâtrie ? Où sont ces divins.
»
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