S'interrogeant sur les bénéfices que peut procurer l'oeuvre d'art, François Mauriac écrit dans la postface de Galigaï : « confessons que l'oeuvre d'art déforme bien plus qu’elle nous renseigne (…) les vivants ne ressemblent jamais à nos personnages inventés. Le peuple des romans et au théâtre constitue une race à part qui ne nous renseigne en rien sur nous même, ou qui, du moins, ne nous renseigne pas utilement ». Votre pratique littéraire permet-elle de discuter cette affirmation ?

« faire une participation effective dans le destin entier de l’humanité.

De ce point de vue elle va au-delà de sa signification simple pour devenir l’expression ultime des besoins.

C’est dans ce sens que Ousmane Sembene, l’écrivain et cinéaste sénégalais affirmait, à propos du roman : « le roman n’est pas seulement pour moi témoignage et description ; mais action, une action au service de l’homme, une contribution à la marche en avant de l’humanité ».

Cette fonction donnée à l’œuvre littéraire constitue un rapprochement de l’œuvre d’art par rapport aux aspirations des uns et des autres.

L’art est de ce fait un reflet ou un miroir de la vie qui constitue sa condition d’existence.

En d’autres termes l’œuvre littéraire n’a de sens que si elle est fortement encrée dans la réalité quotidienne.

C’est fort de cela que Senghor, à propos de l’art africain, soutenait cette idée : « il ne s‘agit pas d’un [art pour l’art] poursuivant une fin autonome ; il s’agit d’un art engagé dans la vie de tous les jours, d’un art utilitaire » (Qu’est ce que la négritude ?). De plus l’œuvre littéraire permet la connaissance de l’âme humaine.

Dans la mesure où l’expression individuelle de l’auteur peut être l’écho sonore de la somme de toutes les expériences.

De ce fait, au contact des œuvres littéraires et des personnages, le lecteur se découvre et se comprend davantage à travers les exploits ou les déceptions et les désillusions des héros.

Dès lors, l’œuvre littéraire est d’autant un sentiment naturel qu’elle nous incite à partager nos peines, nos interrogations et nos inquiétudes.

L’écrivain choisit donc de dévoiler le monde et le cœur de l’homme aux autres hommes.

Ainsi Jean Paul Sartre disait : « j’ai bien perdu des illusions littéraires (…) mais il me reste une conviction dont je ne démontrai pas : écrire est un besoin pour chacun.

C’est la forme la plus haute du besoin de communication » En outre l’écrivain peut prendre parti dans une lutte politique en vue d’une amélioration de l’ordre social. C’est ainsi que Hugo dans le cadre du romantisme social devient député pour ce faire une bouche politique du peuple.

Cela aboutit à la critique lucide de la politique despotique de Napoléon « le petit ». Lamartine de même est nommé premier ministre par intérim.

Par ailleurs le réalisme et la fortune de La condition humaine aura attribué à André Malraux une fonction de ministre de la culture.

Il est évident donc que l’œuvre littéraire reflète souvent la réalité.

Ainsi il est indispensable de ne pas sous estimer son importance dans la société.

Au terme de notre réflexion nous pouvons soutenir que l’œuvre littéraire, de par sa nature fictive et son désir de rechercher la pureté artistique, peut paraitre une déformation pure et simple de la réalité. Mais cette vision sur l’œuvre littéraire peut toutefois réduire tout son sens.

Car elle constitue l’expression la plus totale de la vie des hom. »