« Si vraiment le téléspectateur n'en attend qu'un passe-temps divertissant, pas même une communication, comment parler d'une « mission culturelle » de la télévision ? » F. de Closets.
Publié le 20/02/2011
Extrait du document
...
«
Mot le plus long ».
II.
T.V.
= « action culturelle »?
• Or est-ce que ce qui devait être un si grand avantage, la communication T.V., ne risque pas de devenir prétexte àun glissement du public vers la facilité ?• Est-il vrai que ce dernier — spécialement dans les pays riches — ne pense qu'à échapper aux émissions culturelles(documentaires, émissions éducatives, échanges de vues philosophiques, artistiques, musique classique, grandthéâtre...)• ...
et que même cette fonction de base de la T.V.
: la communication, abusivement utilisée par les formations etles hommes politiques, provoquerait maintenant un véritable phénomène de rejet ? les statistiques tendent de plusen plus dans ce sens.• D'où accusation de démagogie portée contre les organisateurs des programmes.
On reproche une T.V.
s'adaptanttrop à la demande d'ensemble, laquelle réclame variétés, émissions faciles...• Mais deux phénomènes à discuter :— n'est-ce pas alors la T.V.
qui façonne le goût du public à force de s'y prêter ?— ou la T.V.
ne commet-elle pas une erreur lorsqu'elle impose « dans ses programmes des formes culturelles nobles,légitimées (peinture, opéra, théâtre...) sans tenir compte de leur faible niveau d'insertion sociale réelle » (RolandCayrol) ?— ou quand elle « refuse de jouer un quelconque rôle dans la légitimation de formes culturelles nouvelles oucorrespondant réellement à des pratiques sociales » (idem) ?• Il est certain que la T.V.
se veut éducative et formatrice, à quelque âge qu'elle s'adresse :— pour l'enfant, « n'importe quel programme amuse en éduquant ou éduque en amusant » ; d'où la T.V.
devient unevéritable école parallèle (développer) ou se trouve judicieusement utilisée par école : méthodes audio-visuellesadoptées par plus de 35 nations (enquêtes de l'U.N.E.S.C.O.) ; notons le plaisir télévisuel de l'enfant, fascination del'image ;— pour la jeunesse, c'est plus délicat, car elle fait preuve souvent de réticences, moins devant des émissionsproprement éducatives qui compléteraient les disciplines précises d'enseignement, souvent alliées à l'emploi desordinateurs, mais plus encore face à la T.V.
elle-même, accusée d'aliéner, de conditionner : cf attaques contre laT.V.
des étudiants en 1968, reprochant : abêtissement des adultes ou contacts avec l'extérieur supprimés ; cfreproches contre la T.V.
d'État, contre son utilisation politique :• contrôle de l'information,• les interdits à l'antenne,• les entorses et frustrations d'opinion,• le journal télévisé,• la place de la publicité jugée envahissante et produit de consommation, destinée à conditionner et à faire acheter,• le monopole,• le libéralisme de principe mais autocensure et contrôle gouvernemental,• le vedettariat des présentateurs, télégénie,• les « variétés avariées » (J.
Marquis) ;— pour les adultes, excellente utilisation dans certains pays en vue de progrès de l'alphabétisation : Égypte — Inde— Tunisie...
; ou de « recyclage » : ainsi en informatique avec la BBC et les premières tentatives annoncées enFrance en 1984.• Noter surtout qu'un homme réfléchi, qui compose intelligemment son programme peut faire de la T.V.
uncomplément de culture fort agréable.• Mais ce n'est pas seulement la culture que, selon le choix du téléspectateur, — qu'il choisisse la qualité ou lamédiocrité — la T.V.
transmet à celui-là.• Insensiblement ce qu'il voit à travers toutes les émissions de tous types s'inscrit certes en lui et va constituer unenouvelle forme de culture, étant donné surtout l'importance grandissante de la T.V.
dans une vie moderne, la forcede séduction de l'image, l'utilisation en « show » des personnalités, la place même faite à la propagande — plus oumoins forte selon les pays —, l'influence des sondages d'écoute, les tentations de l'intrusion du monde des affaires(la commercialisation proprement dite des jeux télévisés).• On peut donc se demander si avec un tel contexte la T.V.
n'est pas guettée par le risque de devenir unmerveilleux instrument propre à faire pénétrer dans les foyers un véritable conditionnement qui serait le contraired'une culture ?• Multiples sociologues se sont penchés sur cette éventualité...
et que de procès d'intention !• Mais n'est-ce pas une sorte de mythologie qui s'est créée autour de la T.V.
?• Car les analystes s'inquiètent à tort sur la médiocrité des programmes.
Ce n'est pas la T.V.
en elle-même,extérieure à nous, qui constitue seule cette nouvelle culture.• Elle se façonne peu à peu effectivement, mais « le véritable écran de la T.V.
n'est pas le tube cathodique, mais lepsychisme du téléspectateur » (D.
de K., in Encyclopaedia Universalis).• A travers tout ce qu'elle croit montrer, il choisit et enregistre.• La T.V.
devient un véritable « voyage intérieur » ; l'information, l'image passent ; ne se fixe essentiellement quece que chacun a voulu fixer.
Conclusion..
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