si tu t'imagines de Raymond queneau
Publié le 09/06/2024
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Fiche 2 : Si tu t’imagines
"Si tu t’imagines", initialement intitulé « C’est bien connu », est un poème
extrait du recueil L’Instant fatal, écrit en 1948 par Raymond Queneau, un
poète et écrivain français connu pour son esprit fantaisiste et fondateur de
l’Oulipo.
Composé de 49 pentasyllabes, ce texte, à la fois comique et
cruel, ressemble à une chanson grâce à son rythme répétitif, ses refrains
et ses sonorités.
Dans ce poème, Queneau revisite le topos littéraire du
Carpe Diem et de la fuite du temps, prolongeant ainsi la tradition de
Ronsard de manière fantaisiste et la détournant avec humour et
modernité.
Notre projet de lecture nous permettra donc de montrer
comment par une réécriture parodique, le poète renouvelle le motif du
Carpe Diem ?
Pour mener à bien notre analyse, nous verrons d’abord dans le premier
mouvement qui s’étale du vers 1 au vers 14, l’évocation de la fuite de la
jeunesse et de l’amour.
Nous analyserons ensuite le blason singulier que
le poète réalise de la jeune femme dans le deuxième mouvement que
constituent les 16 vers suivants.
Enfin, nous montrerons la mise en garde
du poète reprenant les principes du carpe diem dans le troisième et
dernier mouvement.
Le poème commence par une adresse directe à une jeune fille, marquée
par l'utilisation de la deuxième personne "tu" et le diminutif "fillette"
répété au vers 3, soulignant ainsi la jeunesse de l'interlocutrice.
Ce thème
est repris dans la deuxième partie avec le terme affectueux "petite".
Le
poète s'adresse à elle pour lui faire prendre conscience du caractère
éphémère de la vie, ce qui est renforcé par la répétition de la proposition
subordonnée de condition "si tu t’imagines", indiquant que les amours de
jeunesse relèvent de la virtualité plutôt que de la réalité.
L'emploi du présent à valeur de futur proche, souligné par un jeu verbal
similaire au langage parlé et répété sur plusieurs strophes, comme "xa va
xa va xa/ va durer toujours", met en avant le caractère fugitif de ces
amours de jeunesse.
Cela est renforcé par le terme "saison", qui connote
leur aspect temporaire.
La suspension syllabique créée par le phonème
"za" mime l'interruption des sentiments, soumis à la dure loi du temps.
Les différents syntagmes répétés rappellent les refrains des ballades
médiévales, mais le ton du poète oscille entre la provocation, soulignée
par les allitérations agressives en "t", "f" et "s/z", et l'humour rendu par
l'oralité et la familiarité, notamment avec le verbe "se gourer".
Le deuxième mouvement du poème commence par une autre
subordonnée circonstancielle de condition, "Si tu crois", visant à briser les
illusions de la jeune fille.
L'emploi du verbe "croire" souligne cette
intention.
La leçon du poète est cruelle, illustrée par une transcription
phonétique d'un rire moqueur et cynique, "ah ah", se moquant de la
naïveté de la jeune fille quant au sort de sa beauté physique.
Le poète utilise les caractéristiques du blason, un type de poème décrivant
élogieusement l'anatomie féminine, avec des expressions métaphoriques
comme "teints de rose", "taille de guêpe", "tes ongles d’émail", "ta cuisse
de nymphe" et des adjectifs tels que "mignons" et "léger" pour dresser un
portrait flatteur de la jeune fille.
Queneau s'inscrit dans la tradition de
Ronsard, qui mêle l'éloge de la femme aimée et la philosophie
épicurienne, rappelant sans équivoque l'ode "Mignonne allons voir si la
rose" et le sonnet "Quand tu seras bien vieille".
Ce thème de la fuite du
temps est renforcé par la répétition du....
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