Sens et interprétations dans Zazie dans le métro --> roman de Raymond Queneau
Publié le 30/01/2020
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puisqu’on peut y descendre de la tour Eiffel en ballon de baudruche, que Zazie semble douée d’ubiquité dans la poursuite avec Pédro, ou que le temps s’emballe... Le réalisateur filme même explicitement le rêve de Zazie endormie sur le capot d’une voiture et qui voit sa mère et son amant jouer au billard avec les autres personnages qui finissent par tous se confondre. Ce rêve peut verser parfois dans le cauchemar, avec les embouteillages monstrueux, la foule oppressante des boulevards la nuit, les décors qui s’effondrent les uns sur les autres, et la bande-son qui rend les paroles incompréhensibles.
■ Les deux auteurs, chacun avec leurs moyens propres, ont donc su plonger le lecteur-spectateur dans un univers de songe, qui perturbe sa perception habituelle du monde, en mêlant réalité et illusion.
K! Le théâtre du monde
si Toute l’œuvre est marquée aussi par la théâtralité, à commencer par sa structure qui fait rentrer les personnages en scène sur le quai de la gare d’Austerlitz, les fait passer par une série de péripéties, puis disparaître de la scène grâce à l’intervention du « lampadophore » comme un deus ex machina, jusqu’au retour à la réalité de la salle de spectacle avec les lumières qui se rallument et les acteurs qui « s’éclipse[tà] » (p. 240)... La théâtralité est très présente également dans le film de Louis Malle, avec la scène dans le Paradis (qui n’existe pas dans le roman) et la présence récurrente (depuis la scène de la tour Eiffel où il apparaît) du comédien travesti en ours blanc, dont on ne connaîtra jamais le vrai visage.
a Les personnages eux-mêmes sont souvent présentés en posture théâtrale ou répétant des formules toutes faites, pathétiques et grandiloquentes, comme Turandot qui protège son perroquet en s’exclamant : « Jamais ! [...] Plutôt périr ! » (p. 235). Quant à Pédro-surplus, Zazie stupéfaite croit voir en lui « un acteur en vadrouille, un de P ancien temps » (p. 56). Les acteurs du film prennent d’ailleurs souvent un ton décalé et emphatique et des attitudes peu naturelles et outrancières (comme dans les films muets), qui font bien sentir qu’ils jouent la comédie. Le réalisateur évoque à plusieurs reprises ce plaisir des personnages à se mettre en scène : ainsi Zazie se fait-elle photographier au moment de sa fuite, puis avec Pédro-surplus lors de la poursuite, les deux personnages arborant des poses très artificielles, la poitrine en avant et l’air martial.
a Zazie maîtrise, en effet, parfaitement les techniques de représentation et a plusieurs rôles dans son répertoire : elle sait jouer l’adulte par le regard désabusé et légèrement méprisant, mais aussi l’enfant qui cherche sa « moman », la fillette victime d’un « satyre » ou encore la jeune fille distinguée qui boit « une petite lampée de bière, avec distinction, tout juste si elle ne lève pas P auriculaire » (p. 65). Elle apprécie particulièrement le mélodramatique, prend un « vif plaisir » (p. 56) à pleurer sur son banc, ou gratifie Pédro-surplus d’un « au cinéma on fait pas mieux » quand il prétend être sorti de l’Assistance (p. 74)...
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