Selon vous, quelles qualités doit présenter un bon début de roman ? Vous répondrez de façon organisée et vous appuierez votre argumentation sur les textes du corpus et sur vos lectures.
Publié le 29/01/2012
Extrait du document
L’imaginaire des lecteurs de romans abrite une galerie de personnages d’une diversité extrême. Pourtant ils ont un point commun : ce sont tous des êtres totalement fictifs, nés de l’imagination du romancier. Pourtant ils s’imposent à nous, sont parfois devenus des références familières, tels un « Don Quichotte « ou une nana (influencée par le personnage d’Anna Coupeau, dite Nana, figure centrale du neuvième roman de la série des Rougon-Macquart de Émile Zola). Ils nous sont parfois plus familiers, plus intimes même que des personnes réelles que nous croisons tous les jours, et continuent à vivre en nous, une fois le roman refermé. Il en est de même, certes dans une moindre mesure, des paysages et des contextes socio-culturels rencontrés dans les œuvres. On sait effectivement que le deuxième élément a toujours influencé les écrits d’une époque : il n’en est de meilleur exemple que « l’orientalisme « des XVIIe et XVIIIe siècles à l’origine, entre autres, des Lettres persanes de Montesquieu et de Zadig de Voltaire. La pérennité de cette existence romanesque est liée aux qualités du roman, et avant tout à son début qui doit présenter les qualités pour capter et éveiller immédiatement l’intérêt à court terme en donnant les informations nécessaires à la bonne compréhension, sans lourdeur. Mais aussi, il doit susciter l’envie de poursuivre la lecture à long terme et l’éclairer. En somme, et dans les deux cas, créer des liens qui « attachent « le lecteur.
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Pour reprendre les propos de Louis Rey, le romancier doit « entraîner dans l’aventure » son lecteur.
Pour cela il n’aque l’embarras du choix.
Il peut donner l’impression d’être dans une crise, c’est ce que l’on appelle un début in medias res ou un moment crucial.
La première alternative est parfaitement illustrée par La Condition humaine de Malraux qui relate le parcours d’un groupe de révolutionnaires communistes préparant le soulèvement de la ville deShanghai.
Il s’ouvre sur la préparation d’une insurrection contre le gouvernement avec le meurtre d’un trafiquantd’armes par le jeune révolutionnaire Tchen.
Afin de transporter le lecteur dans cette atmosphère critique, leromancier peut soit donner l’illusion que le roman s’ouvre sur une action en plein déroulement (comme c’est le casavec le roman épistolaire, effectué sans intermédiaire d’un narrateur unique, tel Les Liaisons dangereuses de Laclos), soit débuter directement son œuvre par le nom du personnage, comme Zola dans L’œuvre (autre roman de la série des Rougon-Macquart) : « Claude passait devant l’Hôtel de Ville … ».
La création d’un suspense repose sur la communication d’informations, mais en laissant des « blancs », des pointsd’interrogation, propres à inciter le lecteur à prendre part à l’histoire.
On rencontre parfaitement cet aspectdans Jacques le Fataliste de Diderot : « Comment s’étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde. Comment s’appelaient-ils ? Que vous importe ? D’où venaient-ils ? (…) Où allaient-ils ? (…) » et dans bon nombre deromans policiers.
II- Établir un lien entre le lecteur et le ou les personnages
a- Découverte et genèse d’un personnage
Un des meilleurs moyens de réussir un bon début de roman consiste à pouvoir rendre possible l’identification dulecteur au personnage principal.
Cela passe obligatoirement par une « matérialisation » du personnage qui puisse lereprésenter presque « palpable ».
Les alternatives sont ici aussi variées.
Soit l’établissement d’une véritable fiched’identité, procédé souvent employé par Balzac, soit à l’aide d’une focalisation interne, comme dans La Chartreuse de Parme de Stendhal (la bataille de Waterloo est vue à travers les yeux de Fabrice) ou dans Germinal de Zola (on entre avec Étienne Lantier dans le pays des mines), soit par l’intermédiaire d’un monologue intérieur, ainsi qu’il enest le cas dans Le Dernier Jour d’un condamné de Victor Hugo (« Condamné à mort : voilà cinq semaines que j’habite avec cette pensée, toujours seul avec elle »), soit enfin par un dialogue qui permette de cerner lepersonnage par ses paroles, comme N.
Sarraute dans Vous les entendez ? (« Soudain il s’interrompt, il lève la main, l’index dressé, il tend l’oreille … Vous les entendez ? »).
b- Laisser une part d’inconnu
Une fois cette identification réussie, il semble souhaitable de laisser une part d’inconnu dans le personnage, sansentreprendre de description exhaustive, permettant à des zones d’ombres de laisser la place à l’imagination ou à desconjectures sur lui.
On le retrouve dans Germinal : quelle faute à commise Lantier ? ou dans La Condition humaine : qui est Tchen ? pourquoi veut-il tuer ?
III- Établir un lien entre le lecteur et l’auteur, créer les conditions d’une bonne lecture.
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