Selon Oscar Wilde : « Un artiste doit créer de belles choses, mais sans rien y mettre de sa propre vie. »
Publié le 04/11/2016
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La formule de Wilde est un trompe-l’œil qui tente d’opposer une littérature personnelle à une littérature impersonnelle en fondant cette opposition sur le seul contenu. Or — et l’art est prodigue d’exemples de créateurs « dévorés » par leur « métier » — il est faux de séparer fond et forme : imagine-t-on la Recherche écrite avec le style de Céline ? Toute œuvre procède d’une vision dont l ’artiste est le seul responsable... Tout art est donc subjectif!
Selon Oscar Wilde : « Un artiste doit créer de belles choses, mais sans rien y mettre de sa propre vie. »
Vous illustrerez et discuterez cette opinion en réfléchissant à la part de soi qu'un auteur investit dans son œuvre. Vous ne manquerez pas de donner des exemples précis.
«
sur
l'adaptation ou la tra nspos ition d'événements privés.
Doit-on
condamner une telle attitude et se réfugier derrière le masque de
1 'ob jectivité impassible ?
1.
Les refu s de Wilde : l'exhibition personnelle.
De Rutebeuf (Le mariage Rutebeuf), Villon (Le testament) ou
Dante (la Vi ta nova) au Mo yen Age, à Malr aux ( An timémoire s),
Sartre (Les mots) ou Soljenytsine (Le pavillon des cancéreu x),
nomb re d'œ uvres -poésies, romans, autobiog raphies, etc.-se
fondent sur 1 'expérience personnelle de 1 'écrivain.
Certaines
s' affirment comme la narra tion fidèle du passé (Rousseau , Cha
teaubriand) ; d' aut res tran sposent un épisode particulier en matière
romanesque (Adolphe, La princesse de Clèves, Dominique, etc.) ;
quel ques-unes ont pour object if d'expliq uer les fondements d'une
idéol ogie propre (la foi de Juli en Green, 1 'engagement sartrien,
la difficulté d'être de Michel Leiris, etc.).
A 1 'inverse, toute une littérature a choisi de faire 1 'impasse
sur 1 'autobi ographisme : le roman historique, la poésie narra
tive, le théâtre boulevardier.
Certaines écoles -parnassie ns,
réalistes, etc.
-se sont efforcées de bannir toute référence au
créateur lui-même.
L'investissement de 1 'auteur disparaît-il alors ?
2.
Un « art pur >> est-il possible ?
Même lorsqu 'il se masque, 1 'artiste est toujours présent ainsi
que le rappel le L'atelier de Vermeer où l'on voit le peintre , dos
tourné, exécutant le portrait d'une femme .
Or, que demande
Wilde sinon la suppression du peintre ? Peut-on chez un créateur
séparer le contenu de la forme ? La vision n'est-elle pas, aussi,
élément de la « propre vie )) de 1 'artiste ? Certains -Proust,
mais avant lui Flaubert, Baudelaire, Mallarmé -ont même
privilégié la littérature au point d'en faire la « vraie vie )), leur
vie : si bien que Flaubert, en dépit de son rêve de 1 'a rt objectif,
avait raison de s'écrier : « Madame Bovary c'est moi.
)) Reclus
dans son travai l, le créateur fait corps avec son œuvre, même s'il
ne laisse passer aucune confidence factuelle; son style, et plus
généralement 1 'o rganisation même de sa création, traduit et même
trahit aussi sa vie.
L'allégorie de L'homme à la cervel le d'or
imaginée par Daudet montre bien que le véritable lien de 1 'a r
tiste est moins avec le sujet qu'avec la matière qu'il travaille : il
s' épuise en elle jusqu 'à en mourir..
»
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- Pensez-vous de cette opinion d'Oscar Wilde : «Un artiste doit créer de belles choses, mais sans rien y mettre de sa propre vie»? Etayez votre discussion d'exemples puisés dans la littérature française.
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