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SEGALEN (Victor)

Publié le 14/05/2019

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SEGALEN (Victor), écrivain français (Brest 1878 - Huelgoat 1919). Il connaît une enfance austère et difficile : une mère autoritaire, une école de jésuites, un amour malheureux (il doit rompre sur l'intervention de sa mère), une dépression nerveuse. Médecin de marine avec une thèse sur les Cliniciens ès lettres (1902), il témoigne, à travers son attention portée aux écrivains naturalistes (il obtient de Huysmans des documents de première main) et aux « névroses dans la littérature contemporaine », de sa passion secrète : écrire. Nommé à Papeete (1902), envoyé sur l'archipel de Tuamotu ravagé par un cyclone, il découvre non l'exotisme merveilleux des mers du Sud, mais la violence de la nature, la misère des indigènes, le délabrement de la culture polynésienne. Un séjour aux Marquises, trois mois après la mort de Gauguin, lui fait prendre conscience de la signification de l'exil du

 

peintre : à quoi bon chercher des images et des couleurs nouvelles si on a broyé la réalité dont elles sont les signes. Les Immémoriaux, publiés en 1907 à compte d'auteur et sous le pseudonyme de Max Anely, vont ainsi tenter de retrouver la voix du peuple maori : le « parler ancien », celui de la joie et du rayonnement, s'oppose au « nouveau parler », celui du nouveau dieu « Ièsu Kérito ». Le drame qui soutient le récit est l'oubli profond du dire ancestral et son remplacement par des mots qui disent en fait la mort des dieux et celle de l'homme.

« Les prix Le Grand prix de l'Académie française a été partagé entre Pascal Jardin pour le Nain jaune chez Julliard, et Une mère russe, d'Alain Bosquet, chez Grasset.

Le Nain jaune était le surnom du père de l'auteur qu'une maladie d'enfance avait empêché de grandir normalement.

Mais ce nain était plein d'esprit et d'intelligence.

Pascal Jardin, qui continue, avec ce récit autobiographique, une histoire familiale qui compte des ouvrages comme la Guerre à neuf ans, Toupie la rage, Guerre après guerre, Je te reparle­ rai d'amour, exprime dans ce livre fougueux une passion filiale qu'on admet volontiers tant le père dont il trace le portrait semble avoir été remarqua­ ble.

Le secrétaire de cabinet de Laval qu'il fut ne fait pas l'unanimité ; il y a eu quelques personnes pour protester contre ce qui a éte considéré comme une hagiographie.

C'est tout de même le livre qui compte.

Alain Bosquet, né à Odessa, avait une mère russe.

Elle est au centre de son livre, également autobiographique.

Ce poète français, plusieurs fois récompensé, retrouve dans cet ouvrage ce qu'il y a en lui de slave et de français, de la mélancolie au sarcasme, de la tendresse à l'humour, de l'intelli­ gence à l'instinct.

C'est ce qui fait probablement l'attrait de cette biographie ou l'on retrouve un peu de Tchekhov.

Mais le ton est inimitable: c'est une musique intérieure qui chante dans toutes les âmes des hommes qui pensent à leur mère.

Le Prix Fémina est revenu à François Sonkin, pour Un amour de père, chez Gallimard.

Sonkin a aussi une origine russe et il a aussi écrit plusieurs livres où il met en scène sa famille.

Il y dénonce surtout le monde moderne avec sa faculté d'abru­ tissement, sa violence et sa pauvreté intellectuelle, avec son besoin d'argent et de rentabilité qui a rem­ placé l'amitié, la tendresse, la compréhension mutuelle.

Le règne de l'indifférence le fait souffrir.

Ce médecin, qui n'a commencé à écrire qu'à qua­ rante ans, écrit pour crier ce qu'il pense.

Il est contre la société de consommation, contre les faus­ ses valeurs, contre les faux-semblants, contre les miroirs qui sont le décor des vies quotidiennes.

C'est le sujet de ce nouveau livre où l'enfance devient un rêve et où l'amour d'un père et de son fils deviennent les symboles d'un monde que nous avons peut-être perdu.

Le Prix Médicis est revenu à Georges Perec pour la Vie mode d'emploi, chez Hachette.

Déjà titulaire du Prix Renaudot, pour les Choses, en 1965, Geor­ ges Perec est un écrivain de l'invention, du renou­ vellement, de la recherche.

Il y a au centre de cette histoire folle un milliardaire dont le seul intérêt dans la vie est de construire des puzzles qu'il détruit ensuite ; des centaines de personnes vivent autour de lui.

C'est ce grouillement de morceaux de puzzles et de morceaux d'humanité que l'auteur anime, agite.

C'est un livre drôle et inquiétant.

Ce labyrinthe où les mots et les images s'entrecroisent est en effet une parabole où il n'est pas difficile de reconnaître la société dans laquelle nous vivons.

Alexandre Zinoviev a obtenu le Médicis étranger pour l'A venir radieux.

Professeur de philosophie et de logique à Moscou, Zinoviev publia à Lausanne, en 1975, un ouvrage intitulé Les hauteilrs béantes qui, traduit en français l'an dernier, lui valut d'être mis à l'écart de l'université avant de devoir choisir l'exil.

C'est cet exilé qu'on prime aujourd'hui.

Le Prix interallié a été décerné à Jean-Didier Wolfromm pour son roman Diane · Lanster chez Grasset.

Il s'agit toujours d'un roman autobiogra­ phique, ou presque, puisque le personnage raconte une vie qui ressemble singulièrement à la sienne, avec au centre, un enfant atteint de poliomyélite et d'un grand talent de peintre.

L'auteur parle de lui, de ce qu'il connaît et de ce qu'il aime.

Victor Segalen Victor Segalen est né à Brest le 14 janvier 1878, voilà cent-un ans.

C'est avec un peu de retard qu'on célèbre aujourd'hui ce centenaire, à la demande de ses admirateurs ; des expositions et des conférences au musée Guimet et au musée Cer­ nuschi, un timbre émis par les P.

et T.,la réédition de quelques-uns de ses ouvrages mettent l'accent, d'une façon un peu inattendue, sur un écrivain oublié qui n'était demeuré dans la mémoire que de quelques amateurs et qui, pour beaucoup, défiait toute lecture.

Un texte comme celui des Immémoriaux, paru dans la collection « Terre humaine ,., chez Plon, avait agacé les plus curieux.

Et pourtant, Victor Segalen, avec son langage du début du siècle, sa parole un peu rébarbative, vaut bien l'effort de le 2écouvrir, soixante ans après sa mort.

Né à Brest, devenu médecin de la marine, il vient à Tahiti.

Il est nommé trois mois après la mort de Gauguin dont l'exemple le conduit à récuser tout exotisme pittoresque dans le mode de Pierre Loti. »

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