Devoir de Philosophie

Séance 3 : Quelques rencontres fatidiques : un thème littéraire Cours complet

Publié le 28/02/2023

Extrait du document

« Séance 3 : Quelques rencontres fatidiques : un thème littéraire Cours complet Comme le rappelle Pierre Daniel Huet dans sa Lettre-traité sur l’origine des romans, 1669, ces derniers se définissent comme des « histoires feintes d’aventures amoureuses ».

Ainsi, la fiction et l’omniprésence de l’amour sont les principales caractéristiques du genre romanesque. Le motif de la première rencontre amoureuse revêt ainsi, dans la tradition littéraire, une importance toute particulière.

Il s’agit d’un véritable topos, c’est-à-dire d’un stéréotype littéraire dont les caractéristiques sont reprises et réadaptées au fil des œuvres. I. La rencontre amoureuse : un moment de rupture Dans l’évolution des personnages, la rencontre amoureuse correspond à un moment de rupture, c’est-à-dire à une violente transition au cours de laquelle le destin des personnages se verra irrémédiablement changé.

C’est pourquoi l’on parle de rencontre fatidique.

La rencontre amoureuse engage la destinée des personnages. Ce moment de rupture est savamment mis en évidence dans les textes. Dans La Princesse de Clèves, Madame de Lafayette insiste sur l’ignorance mutuelle des personnages, inconscients de la rencontre qu’ils s’apprêtent à faire.

Le duc de Nemours est tout entier consacré à ses projets pour obtenir la couronne d’Angleterre.

Quant à Madame de Clèves, cette dernière ignore tout du retour de Nemours : « Il alla ensuite chez les reines.

Mme de Clèves n’y était pas, de sorte qu’elle ne le vit point et ne sut pas même qu’il fut arrivé ».

Cette insistance, préparée par le texte, rend d’autant plus violent le coup de foudre réciproque éprouvé par les personnages : « M.

de Nemours fut tellement surpris de sa beauté, que, lorsqu’il fut proche d’elle et qu’elle lui fit la révérence, il ne put s’empêcher de donner des marques de son admiration » Dans Sylvie, le narrateur exprime explicitement le moment charnière que constitue pour lui sa rencontre avec Adrienne.

C’est en effet cette rencontre qui le contraint à se détourner de Sylvie, son premier amour d’enfance : « Je n’aimais que [Sylvie], je ne voyais qu’elle – jusque-là ! ». Enfin, dans L’Education sentimentale, la fulgurance du coup de foudre est marqué par une formule spectaculaire – restée célèbre – dont la puissance est soulignée par l’emploi du passé simple, permettant de conférer un effet de soudaineté à l’apparition de Mme Arnoux : « Ce fut comme une apparition ». II. L’importance de la description physique Si l’amour est un sursaut de l’âme, il est surtout le résultat d’une puissante attirance physique.

C’est pourquoi la prosopographie (=description physique) de l’être aimé est un élément incontournable du motif littéraire de la première rencontre.

Le portrait physique de l’être aimé vise à faire de celui-ci un être d’exception, distinct de tous les autres. Le narrateur de Sylvie s’attarde volontiers sur la beauté céleste d’Adrienne, qu’il compare à un célèbre personnage de la littérature italienne : « Je posai sur la tête d’Adrienne cet ornement, dont les feuilles lustrées éclataient sur ses cheveux blonds aux rayons pâles de la lune.

Elle ressemblait à la Béatrice de Dante, errant sur la lisière des Saintes Demeures ». Quant à Gustave Flaubert dans l’Education Sentimentale, celui-ci, adoptant le point de vue interne de Frédéric, se livre à une véritable description lyrique de Mme Arnoux : « Jamais il n’avait vu cette splendeur de sa peau brune, la séduction de sa taille, ni cette finesse des doigts que la lumière traversait ». III. Le thème du regard : la fulgurance du coup de foudre La passion amoureuse, dans la littérature romanesque, est indissociablement liée au regard.

C’est par la vue de l’être aimé que naît l’amour, c’est en croisant leurs regards que.... »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles