Samuel Beckett, En attendant Godot - Etude du début de l'acte II jusqu’à « tu l'as rêvé »
Publié le 15/11/2011
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Les 2 personnages sont seuls, marginaux, leurs mondes semblent se limiter à l’espace scénique, le temps semble ne pas couler pour eux. Mais ils tentent d’échapper à cette condition absurde de rupture avec le monde. On le voit, tout d’abord par le titre de la pièce En attendant Godot, ils ont un but : attendre Godot, c’est espérer que quelque chose va se passer. Il est leur espoir comme pourrait le faire penser son nom : Godot viens peut être de God, Dieu en anglais. Vladimir est le plus optimiste du couple : il tente souvent de sortir Estragon de l’absurde même s’il y est lui-même plongé : « Dis, je suis content «. Il tente de rendre Estragon positif en trouvant notamment des éléments porteurs d’espoir dans le décor comme la possibilité d’un changement : « Il y a du nouveau depuis hier «. De plus, il évite les questions négatives d’Estragon : « On attend Godot – C’est vrai – il y a du nouveau ici depuis hier – Et s’il ne vient pas ? – nous aviserons – Je te dis qu’il y a du nouveau depuis hier. «

«
II) Le couple Vladimir-Estragon
A) L'incommunicabilité dans le couple
L'outil essentiel de la relation entre Vladimir et Estragon est le langage, hors ils éprouvent une difficulté àcommuniquer l'un avec l'autre.
L'enchainement des réplique est parfois absurde : « On attend Godot – C'est vrai.
– Ily a du nouveau ici depuis hier ? – Et s'il ne vient pas ».
ou « Quelle journée ? – Qui t'a esquinté ? – Voila encore unejournée de tirée » Les 2 personnages, surtout Estragon, ne semblent pas s'écouter.
Du coup chacun semble parlersans l'autre.
Parfois, ce langage amène au bord de la rupture et Vladimir consent à faire l'effort d'écouter et deredonner du sens au dialogue.
C'est ce que nous indique les didascalies : elles se substituent au langage : « Ayantréfléchie » ou « s'étant consulter » « On attend Godot – C'est vrai.
– Il y a du nouveau ici depuis hier ? – Et s'il nevient pas – (Après un moment d'incompréhension) Nous aviserons » .
Ici, on voit bien qu'Estragon suit son propredialogue tandis que Vladimir tente de le suivre pour le remettre sur le bon chemin et redonner un sens au dialogue.L'incommunicabilité existe aussi dans les gestes : « Encore toi ! (Estragon s'arrête mais ne lève pas la tête.
Vladimirva vers lui.
« Viens que je t'embrasse – Ne me touche pas ! » Les personnages n'arrivent pas forcément à faireressentir leur humeur.
Ce dialogue de sourd a un effet comique, il provoque un rire amer devant le pathétique de lasituation : « Dis-le même si ce n'est pas vrai – Qu'est ce que je dois dire ? –Dis, je suis content – Je suis content.
»Certain passage vont jusqu'à relever de la farce grâce à des mots obscènes ou argotique : « Tu pisses mieux quandje ne suis pas là »
B) Une relation conflictuelle mais essentielle
Dans le dialogue entre les personnages, il apparait clairement certains conflits : « Ne me touche pas ! Ne medemande rien ! Ne me dis rien ! Reste avec moi ! – Est-ce que je t'ai jamais quitté ? – Tu m'as laissé partir ».
Cesoppositions sont dues à la différence de caractère entre Vladimir et Estragon.
Estragon est un être négatif, il a dessauts d'humeur et est du coup instable et impulsif.
Il a un caractère plus, rustre, plus primaire que Vladimir.
Il estplus touché par l'absurde.
Vladimir est lui plus réfléchie, il a un esprit d'initiative et à la volonté de se repentir.
Onpeut dire qu'Estragon est un corps alors que Vladimir est une tête ce qui peut amener à dire qu'ils sontcomplémentaires.
Vladimir est essentiel à Estragon, il est un père de substitution « (D'une vois tonnante) Regardemoi ! » ( relation d'autorité.
Alors qu'Estragon est peut être la dernière raison de vivre de Vladimir.
Ils rappellentcertains couples interdépendants célèbres tels Don Quichotte et Sancho Pansa ou Laurel et Hardy.
Ils leur semblentimpossible de se séparer « Moi aussi je me sens mieux seul – Alors pourquoi rappliquer ? – Je ne sais pas ».
Ils sequittent pour mieux se retrouver.
Ils ont besoin d'exister l'un pour l'autre malgré leur conflit, malgré leurs difficultés àcommuniquer car cette relation semble être la dernière chose qui leur reste sur la scène.
Elle leur permet de vérifierce qu'ils voient, leurs ressenties : « L'arbre, je te dis, regarde le.
» Et donc de se convaincre qu'ils existent encore,qu'ils sont encore humain.
C) Une relation de déshumanisation
On remarque que les retrouvailles des deux amis ont un caractère artificiel : (puis soudain s'étreignent, en se tapantdans le dos.
Fin de l'étreinte).
Cette didascalie courte et épurée fait penser que l'étreinte est formelle, sanssentiment comme pour mimer des retrouvailles.
Leur discussion est faite de propos factices : « Quelle journée ! - …- Voilà encore une journée de tirée ».
Il parle pour parler en débitant des banalités.
Ils peuvent donc faire penser àdes marionnettes entièrement dirigées, des automates : « Je suis content – Moi, aussi – Moi aussi – Nous sommescontent – Nous sommes content ».
Leur propos sont creux et donnent l'impression d'une absence de sentiment.Vladimir et Estragon sont des représentations de l'humain, ils tentent de parodier la vie humaine : notamment parune tentative de discussion qui frise le pathétique.
Le nombre de didascalie de la pièce ainsi que leur précisionindique, de plus, que l'on est face à une pièce à montrer.
Une grande partie des informations passe par la gestueldes personnages.
L'histoire ne se raconte pas, elle se montre comme dans un théâtre de marionnette.
La gestuelest grotesque comme celle des automates : « Estragon n'étant plus soutenue, il manque de tomber.
»
A partir de ce constat d'une certaine déshumanisation du couple, on peut s'interroger sur la condition humaine deVladimir et d'Estragon.
III) La condition humaine des personnages
A) Une volonté de dépasser l'absurde …
Les 2 personnages sont seuls, marginaux, leurs mondes semblent se limiter à l'espace scénique, le temps semble nepas couler pour eux.
Mais ils tentent d'échapper à cette condition absurde de rupture avec le monde.
On le voit,tout d'abord par le titre de la pièce En attendant Godot, ils ont un but : attendre Godot, c'est espérer que quelquechose va se passer.
Il est leur espoir comme pourrait le faire penser son nom : Godot viens peut être de God, Dieuen anglais.
Vladimir est le plus optimiste du couple : il tente souvent de sortir Estragon de l'absurde même s'il y estlui-même plongé : « Dis, je suis content ».
Il tente de rendre Estragon positif en trouvant notamment des élémentsporteurs d'espoir dans le décor comme la possibilité d'un changement : « Il y a du nouveau depuis hier ».
De plus, ilévite les questions négatives d'Estragon : « On attend Godot – C'est vrai – il y a du nouveau ici depuis hier – Et s'ilne vient pas ? – nous aviserons – Je te dis qu'il y a du nouveau depuis hier.
» Estragon, lui aussi participe à cettevolonté de congédier l'absurde.
Il raconte qu'il s'est fait battre mais on ne sait pas si cette lutte a vraiment eu lieu :« Il était dix ».
Dix est un chiffre rond, facile à dire et il est étonnant connaissant ces problèmes de mémoire.
»
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