Devoir de Philosophie

SAINT-EXUPÉRY Antoine Marie Roger de, dit aussi Saint-Ex

Publié le 13/10/2018

Extrait du document

Morale donc : morale exigeante, difficile, mais certes pas ingrate; car les vraies valeurs sont aussi de vrais plaisirs. Pour Saint-Exupéry, en effet, on ne saurait jouir du monde si la privation ne nous en apprenait pas le prix et la saveur; une gorgée d’eau dans le désert, une escale entre deux longs trajets, des amis quittés puis revus longtemps après : il y a là des voluptés épicuriennes, subtiles mais bien réelles. Rien de plus somptueux d’ailleurs que ces étendues arides qui rendent mesquins les autres paysages; lignes pures, jeux de couleurs, lieux vierges, silence, vent, sable et étoiles, l’esthétique rejoint ici l’éthique : « Un ciel pur comme de l’eau baignait les étoiles et les révélait. Puis c’était la nuit. Le Sahara se dépliait dune par dune sous la lune [...] Sous nos pas assourdis, c’était le luxe d’un sable épais. Et nous marchions nu-tête, libérés du poids du soleil. La nuit : cette demeure... » (Courrier Sud). L'épreuve et la rigueur peuvent donc être des plaisirs, parce qu’elles nous rendent meilleurs. Grâce à elles, nous prendrons conscience de nous-même, nous chercherons une direction. Ce qui apparaît en effet dans tous les récits de Saint-Ex, c’est la quête d’une signification : sans métaphysique abstraite, les personnages cherchent et/ou trouvent leur étoile. C’est là toute la différence avec les morales toutes faites et les propagandes diverses. Morale individualiste donc, mais aussi humaniste : « Rendre aux hommes une signification spirituelle, des inquiétudes spirituelles [...] On ne peut plus vivre de frigidaires, de politique, de bilans et de mots croisés, voyez-vous! On ne peut plus! On ne peut plus vivre sans poésie, couleur ni amour ». Au fond,

sur tous les tons, de l’allégorie du Petit Prince au « testament » de Citadelle, Antoine de Saint-Exupéry tient le même langage, répète la même leçon d'exigence : ne jamais s’abaisser. ne jamais déchoir. Ce n'est peut-être pas abuser de la métaphore que de voir là le conseil d’un aviateur : avant tout, ne jamais tomber, prendre de la hauteur.

« On a souvent fait de Sai nt-Exupéry un mor aliste chargé d'enseigner aux bommes la va nité d e leur s désirs, la pauvreté de leurs richesses : «E n travaillant po ur les s eul s bi ens matériel s, no us b âtissons nous-mê mes notre prison.

Nous nous enf ermo ns solitaires avec notre mon­ naie de cendre qui n e procure rien qui vaille la peine de vivre».

L e même Saint-Ex mor aliste oppose notre monde d'opu lence à La civilisation du dése rt, sobre , éco­ nome et belle .

Et, d ans le style m ême, le l ecteur sent une reche rc he de la concision et de l'ellipse: a vec notam­ ment des phrases no mina le s, courtes et remplie s d' inf or­ mation .

R ien de trop : « U n po ste frança is à vi n gt kilo ­ mètre s: le seul.

L' atte indre .

Temp ératur e de l 'ea u: 120.

D unes, roche rs, salines sont absorbés.

Tout passe au laminoir.

Et allez don c! Des co nt o urs s'é la rg i sse nt, s'ouvrent , s e ferment.

Au ras des ro u es : d ébâc.le » (Cou rrier Sud).

Dan s l'écritt tre.

en effet, comme dans l.a vie, i l s'a git d'éviter les fac i lités et d 'atteindre l'esse n­ tiel : en ce sens, on peut dire que le style auss i relèv e d 'une morale dont le P erit Prince don ne 1' exp ress io n la p lu s épurée; allégorique mais tr ès clai re.

Voici, passées en revue, tout es les figures ridicules de notre ordre social: le mona rque «a bsolu >> et «un ive rsel», le va ni ­ teux , Je buveur, le bu sinessman, J'allu meur de réverbères et le géogr aph e.

Ce qu 'ils repr ése nteQ[, chac un sur sa planète, est dé risoire: pouvo irs, po ssess ions, savo irs, rien de tout cela ne tient devant l'amour et la poésie , devant ce que Giono aurait peut -être ap pelé les « vraies richesses», celles qui donnent un sens à la vie e t so nt méprisées des imb éciles; « l'esse ntiel , dit le renard au Petit Prince , est invisible pour les yeux.

[ ...

] C'es t le temps qu e tu as perdu pour ta r ose qui f ait la rose si importante».

On voit donc tout le co ntr ese n s qu 'il y au rait à vo ir des aventuriers ou des surhommes (banals) dans ces aviateur s de Saint -Ex.

S 'ils croien t à l'action, au métier , à l'ami tié soudée par les dan gers et la discip line, ce n'es t pas vraiment au nom d 'un e morale « vir ile» et simpli ste .

Ils son t courage ux, c 'es t en tend u, mais ils sont su rto ut déçus par l a p l anète qu 'on leur offre, et 1' avio n leur permet de la voiT différemm en t.

Il s son t à la fois plu s lucides et plus rêveurs: c'est là l eu r seule s up ério r ité .

M orale donc: mora l e ex igea nte, d if f ic ile, mais ce rtes pa s ingrate; car les vrai es valeurs so nt au ssi de vrais pla isirs.

Pour Saint-Exupéry, en e ffet, on n e saurai l jouir du monde si la privation ne nous e n app renait pa s le prix et la save ur; une go rgée d'eau dans le d ése rt, une escale ent re deux lo n gs trajets , d es amis q uitt és puis re vus long ­ temps après : il y a là des vol upt és ép icurien n es, su btil es mais bien rée lles.

Rien de plus so mptueux d'ailleurs que ces éte ndu es arides q ui rendent me s quins les autres pay­ sages; lignes pur es, jeux de co uleurs, Lieux vierges, sile nce, ve nt.

sab le e l étoiles, l'es thétique rejoint ici l'éthique: «Un ciel pur co mme de l'eau baignait les étoiles et les révélait.

Pui s c'é tait la nu i t .

L e Sahara se dép liait dune par dune sous la lune [ ...

) Sous nos pas asso urd is, c'était le luxe d'un sable épa is.

E t no us mar ­ chions nu-t ête, libérés d u po id s du soleil.

La nuit : cette demeur e ...

» (Courrier Sud).

L'épre uve et la rigueu r p eu­ vent donc ê tre d es plai s irs, parce qu'elles nous rendent meilleur s.

Grâce à elles, nous prendrons co nscience de nous-m ême, nou s c herche ro ns une direction.

Ce qui appar aît en effet dan s to us l es récits de Saint- Ex, c'est la quête d'un e significatio n : s ans métaphy sique abstraite, l es personna ges che r chent et/o u tro u ve nt leur étoile.

C'est là toute la dif fé re n ce avec les morales toutes faites et les propagande s diver ses .

M orale indiv idu ali ste donc, mai s au ssi hum aniste : « R e ndr e a ux h ommes une signi ­ fication spiritu ell e, des inqui é tud es spi ritu elle s [ ...

) On ne peut plus vi vre de frigidai res, de politique, de bilans et d e mots croisés, vo yez-vo u s! On n e peut plu s! On ne p e u t plus vivre sans poés ie, co uleur ni amour ».

Au fond, su r tous les tons, de l'allégorie du Petit Prince au « testa ­ ment » de Citadelle , Antoine de Saint-Ex up éry tient le même langage , répète la même leço n d 'exige nce: ne jamais s'abaisser, ne jamais déchoir .

Ce n'est peut-ê tr e pas ab user de l a métaphore que d e voi r là le conseil d'un avia teur : avant tout , ne jamais tomber, prendre de la hauteur.

BlBLlOGRAPHJE Saint -Exupéry, Œu vres, Gallimard , La Pléiade, 1953.

Les principaux titres se trouvent aussi dan s la collection « Folio », Gallimard.

A consulter: C.

Cate, A.

de Saint-E.xupéry, hi.r Life and Times, Londres, Leioeman.

1970 (bibliographie); P.

Che­ vrier et M.

Quesnel, Sai111-Exupéry, Gallimard, 1971; id ..

les C ritiqu es de notre temps et Saint-Exupéry.

Garnier.

1971; E.

Des c hodt , Saint -E xupéry, Lattès, 1980; C.L.

Van den Berghe , la Pensée de Saint - Exup éry, New York et Francfon, P.

Lang.

1985.

Depuis 19 80, des Cahiers Saint-Exupé ry parai ssent che~ Gallimard.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles