SAINT-AMANT, Marc-Antoine Girard, sieur de
Publié le 23/10/2012
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SAINT-AMANT, Marc Antoine Girard , sie ur de (159 4-1661 ).
Saint-Ama nt est l'un des plus remarqua bles poète s baro que s frança is.
So n œ uvre r este cependant encore p eu c onnu e du public et a été long te mp s p eu appréciée.
Elle a sou ffert du discrédit jeté s ur l'ensemb le du baroque [voir BAROQUE) par la prépond érance de l'e s théti qu e classiq u e [v o ir CLASSICISME].
Elle a a uss i
s ubi l es méfait s d 'un «l égen daire » au ssi abondant que peu f ondé , qui s'es t co nstruit dès le xvnc s iècl e, oll Talle man t et Boileau ont plusieurs fois br ocardé Sai nt - Amant.
M .S.
Wen ces liu s a recensé ces clic hés, dont les trois prin cipa ux font de Saint-Amant un aven turi er, un ivro gne , un poète extravag ant.
Si, au milieu du XIx• siècle, Th éophile Gautier lui a r edonné une place de premier rang parmi le s lo intains précurseurs du roma nti s me, ce ne fu t pas en recti fian t la légende, mai s en la co n forta nt, au co ntr ai r e, par l'im age des «grotesque s».
Et, au xx• sièc le, les hi s toriens de la littératur e o nt longtemp s con ti nué à traite r avec con descendan ce le « bo o gros Sai nt Amant », en l e rangeant parmi les « au ardés e t égarés » (L an so n).
Un e œuv re mal com pri se, une biographie peu co nnu e et sou ve nt réin ve ntée à partir de s conjectures tirées d'une lecture som mai re de s e s ou v r age s, de s jugem ents auss i péremptoire s que dédaigneux : t el a é t é, trois s iècle s du rant , le sort d e Saint-Amant.
M ais, depuis un e généra tio n, l 'essor des étud es sur le baroque lui a redonné sa
place.
Une carrière animée et réu ssie
So ldat, marin, voy age ur, aussi bie n que po ète de co ur, Saint -Amant me na un e exis tence agitée.
ll ne faut pour
tant p as l'imaginer comme celle d 'un ave nturier rim ant entre deux ex p édi tion s, ni comme celle d'un poè te boh è m e c t pilier de ca baret , versifiant à la diab le sur un coin de table, e ntre de ux ripailles.
Ses activités d'homme de guerre et d'h omme de plum e relèvent d 'u ne mê m e carrière, typiq ue de ce temps , celle d'un «cl ient » de
grands seigneur s.
Son milieu d'origine est assez mal co nn u.
Qu oi qu 'il ait pré tend u - et qu'aient affirmé certai ns biogra phes - ,s a famille n'ét ait sans doute pas noble .
On a dit qu e son père étai t ge ntilhomme-verrie r : la vérité est qu 'en 1619 il s'assoc ia avec de s ge ntil s homme s-ve rrier s, les d
'
Az émar , comme bailleur de fo nd s .
En fait, il s'ag it
d 'u ne f ami lle de bourge ois rouennai s, marin s et ma r chand s, enrichis et en voie d'ascension ve rs la no ble sse.
Après le co llège , Saint-Amant cherche - tout comme l es je un es gens d e la noble sse- à« s'e mployer » au près des grands.
Il obti nt la prote ction de plusieurs personna ges in flue nts : C r amail, Montmor ency, d'Harcourt, sur tout le du c de Retz, qu 'il servit lon gtemps.
li e ut se s en trées à la Cou r, fut traité avec bienv eilla n ce par Riche lieu.
Quand Marie de Gonzague -Neve rs devint reine de Polog n e, elle lui all oua 3 000 livre s de pen sion.
Il trou va donc des mécènes, mais aussi des « patron s ».
Po ur eux il fut so ldat, marin (comman dant m e me un bateau), homm e de confia nce placé aup rès d'ambassade urs et même , un temp s, agen t d e Ba ssompierre à la co ur d'An g lete rre, aussi bien que poète de lo u ange ou versificateur
d e balle ts de co ur.
ll ne fit pas fortu ne, mais vécut à so n aise.
Il acco mplit , d ans ses «se rvice s », de nombreux voyages qui lui p ermirent de nourrir son œuvre de ses observation s : ainsi n otamme nt l'H iver des Alp es (1630- 1633), l'Étl de R ome (1633 ), la Rome ridi c ule (1643), l'Albion (1644) ...
D ans l es milieux qu'il fréqu enta it, il se trouvait en contact avec nombre d'écrivai ns et connut personnel leme nt l es plu s illustres : Théophil e, Main a rd, M arolles, Sorel, Colletet, Bois robert - homme de co nfiance de
R ichelieu - e t F aret - se c rét aire d'Harco urt et agen t
d e Ri chelieu.
JI étai t r eçu dan s les salon s, à l'H ôtel de Ramb o uillet , pu is à l' H ôtel d e Lian co urt (qui devin t un foyer janséniste et infl uença la de rn ière partie de sa car rière ).
L es érudits auss i 1 'es timai ent.
11 fréq ue nta les libertins, « mais il se distingue de [ce] gro u pe, dont il ne partageait pas l'impiété» (J.
Bailb é), même si la co nve r sion de ce p ro tes tant au catholic is me ne fut sans doute d 'abord q u 'une faço n de s'a dapter aux circonstance s.
Il sut toujour s co nserve r une certa ine i nd épe ndan ce à l'égard de toute coterie, préserver a utan t qu'il était po ssi ble sa libe rté; mai s aussi mesurer ses audaces : du rant la Frond e, il compos a des Tri ole ts qui devinr ent vite célè b res, il d é non ça les mi sères du temps et 1 'absol uti sme, mai s en assortissa nt ses vers d 'un ave rtissement qui en tempé ra it la po rt ée.
Bi en vu de s puissants, estimé da ns l es milieux littérai res, auteur à su ccès, il co nnut donc la ré ussite.
Certes, il fréquentait les cabarets, comme faisaient alo rs n om bre d'hommes de son milieu; iJ com posai t d es poèmes b aclti q u es : ge nre en vogue; il raco nta la bohème miséreu se des po è tes : lieu commun d e ce temps.
Mais tout cela ne représente qu'un aspect trè s parti el de son œuvre comme
de s a vi e.
Un poète moderne
Son œuvre appart ien t tout en tiè re à la poésie, qui était tenue alo rs po u r plu s nobl e que le r om!IJl e t le théâtr e.
Ses publications - po èmes insérés dans des recueils co llect ifs, recueils per sonnel s e t co mpositio ns plu s am pl es pu bli ées séparéme n t - s 'échelonnent sur plu s de trente ans et manife ste nt une con tin ui té d'o rien tation
f
on dame n tale.
Ce qu 'en premier lieu che r che Sa int -Am ant, ainsi
qu' il l'expose dan s la p réfa ce du Pa ssage de Gibraltar (son princi pal texte théor iqu e, 1640 ), c'est à plaire.
Po ur cela, il se confo rm e aux gofi ts du publ ic de bourgeois aisés et s urtou t de noble s qui étai t le sie n , et dont il partageait le m ode de vie.
C'e s t pou rquoi il pr ivilégie les genres gais : la s atire burle s qu e et le poème bachique, qu ' iJ pra tique volontiers, ne sont pas, d ans ce contexte,
d es genres mineurs.
Mais dan s le même propos de plaire, il che r che auss i la variété, visa nt, en même temps qu 'à la gaie té, à atte indr e à la vivaci té et à la force, à pa rcourir la ga mme d es tons , de l'héroïque au burl esque.
Son esthétique est donc fondé e sur la dive r si té el la virtu osit é..
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