Ruy Blas, par Victor Hugo : Acte III, scène 3
Publié le 08/11/2011
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Contexte Avant-dernier des grands drames du célèbre écrivain, Ruy Blas parvient à évoquer, de la manière la plus romantique, la ruine de la monarchie espagnole et la décadence de l'Autriche à la fin du XVIIe siècle. Principaux personnages - Ruy Blas, valet de Don Salluste ; - Don Salluste, grand d'Espagne disgracié ; - Don César de Bazan, cousin de Don Salluste ; - La reine Maria de Neubourg.
«
aime.
C'est un cas typique.
Il imagine d'ailleurs son entreprise vaine étant donné qu'il explique qu'il « pense à [lareine] comme l'aveugle au jour » et il ajoute « hélas ! » Le « vous m'éblouissez » confirme cela.
Pour Ruy Blas, lasolution réside dès lors dans la fuite (« J'ai fui.
Je vous fuyais.
»).
Mais là, l'amour réciproque rend la situation différente.
Il semblerait même que l'amour réconcilie ici le « jour » et« l'ombre » qui sont pourtant opposés.
A partir de là, on peut dire que l'amour réuni voire unifie les deuxpersonnages qui, au départ, sont totalement différents.
Ruy Blas, encouragé par les éloges de la reine ousimplement pour éviter de « souffrir » et de « fuir », conclue sa tirade par une expression identique à celle du début.Il dit « Je vous aime.
» Néanmoins, il tente aussitôt de dédouaner de ses révélations en parlant de sa détresse(« que faut-il que je fasse ? ») et de l'horreur que ses propos lui inspirent (« J'ai l'effroi dans le coeur.
») Il demandeenfin à la reine de « Pardonnez ! » La reine dissipe toutefois vite ses doutes avec l'interjection « oh ! » ) à laquelleelle ajoute « parle ! Ravis-moi ! » La vérité éclate.
II – La vérité éclate
1) La fin de l’ambiguïté amoureuse
L'amour de Ruy Blas et de la reine est en quelque sorte officialisé.
Il apparaît au grand jour.
Cet amour entraîne larenaissance de la reine.
Elle revit, car elle découvre un monde merveilleux qui lui était alors inconnu : « jamais on nem'a dit ces choses-là.
» Et, pour atténuer les craintes de Ruy Blas, elle lui montre qu'elle n'est pas si différente delui puisqu'elle éprouve aussi de la souffrance (« c'est moi qui souffrait ! ») et de la peur (« j'ai peur »).
Elle parleaussi deux fois de « besoin.
» C'est analogie des sentiments contribuent donc à rapprocher les deux personnages.
Le rôle de la parole est également très important : Ruy Blas écoute, puis c'est la reine.
Tout se joue sur la parole,car ici elle permet la révélation des sentiments : « quand le cœur se déchire, il faut bien laisser voir tout ce qu'on ycachait.
» C'est le triomphe de la vérité.
Les masques tombent et qu'importe les conséquences : « est-ce un crime? Tant pis ! » La reine, par ses paroles, dissipe les doutes de Ruy Blas et lui montre ainsi ses sentiments : « Tu fuisla reine ? Eh bien, la reine te cherchait.
» Les deux verbes « fuir » et « chercher » se complètent, car ils permettentde révéler la vérité, l'amour.
Ce rôle de la parole est encore accentué par la reine, « muette », qui est séduitd'abord par les propos de Ruy Blas.
Elle dit, par exemple, « ta voix m'intéresse à tout.
» La reine s'abaisse pourgrandir Ruy Blas.
Elle parle de « vrai roi » ce qui indique qu'elle le place à la première place de son classementsentimental.
2) L’intervention de la reine
C'est là qu'intervient une autre révélation.
La reine apprend à Ruy Blas que c'est grâce à elle qu'il est devenu sipuissant.
Mais, pour palier à sa déception, elle parle plus de droit naturel, à travers la phrase « où Dieu t'aurait dûmettre une femme te met », qu'elle n'a su appliquer, plutôt que d'une promotion sociale.
L'action de la reine devientdès lors un moyen de rendre la justice et non du népotisme ce qui aurait contrarié Ruy Blas, lui qui pensait que songénie était à son acmé.
Cette tactique permet à la reine de se remettre au second plan.
La reine se pose ensuite envictime avec les formules « enfermer, comme si on met en cage une colombe, sans espoir, sans amour, sans unrayon doré », « tout ce que j'ai souffert.
- toujours seule, oubliée ! » et « je suis humiliée.
» Elle désire ici que RuyBlas oubli sa déception.
C'est pourquoi, elle change de sujet.
Elle énumère alors ses malheurs.
Ruy Blas ne peut ainsirien lui refuser d'autant qu'entre deux plaintes, la reine glisse un compliment en direction de Ruy Blas : « tu doissavoir cela, toi qui sais tout.
» Elle va plus loin encore en mettant sur le même plan, sous couvert de bénédictiondivine, la sauvegarde de l'état et son amour, car elle dit « il faut, -dans ce but le ciel t'envoie ici,-sauver l’état [...]et m'aimer moi.
» On voit donc bien que la reine, bien qu'elle aime sincèrement Ruy Blas, veut l'utiliser, car il est,pour elle, un moyen de sortir de sa pauvreté affective.
A la fin de sa tirade, la reine parle de « raison.
» Elle met toutes les chances de son côté étant donné qu'elle faitjouer les sentiments et la raison.
En réponse, le « madame...
» de Ruy Blas souligne la surprise mêlée à l'émotiond’icelui qui semble perdre ses moyens, lui pourtant si éloquent, avec les ministres.
La reine, devant ce signe, enquelque sorte, de faiblesse, conclut en continuant ses compliments et se rabaisse davantage pour grandir encoreplus Ruy Blas.
C'est un appel à Ruy Blas.
Elle l'attend : « Je suis prête » et « Quand vous m'appellerez, je viendrai.
»Elle veut, pour finir, le placer au même niveau qu'elle puisqu'elle dit que « le génie est [sa] couronne.
» La scène seconclut par un baiser.
On passe de la parole aux actes.
Le « Adieu » final, lui, est paradoxalement un espoir, l'espoirde revoir Ruy Blas.
Conclusion : On peut dire que dans cet extrait, l'histoire d'amour entre Ruy Blas et la reine est à un tournant.
Lesdeux personnages s'avouent leur amour et la souffrance réciproque qui en découle.
D'un côté, il y a Ruy Blas, lafigure du peuple, qui essaie, par amour, de sortir de sa condition.
Il déploie son éloquence à dénoncer lesploutocrates corrompus pour se montrer digne d'aimer la reine.
De l'autre côté, la reine voit en Ruy Blas l'amourqu'elle n'a jamais connu.
Elle aussi veut sortir de son emprisonnement.
Pour cela, elle s'emploie à convaincre RuyBlas de ses qualités.
Victor Hugo associe donc ici avec force l'amour et la politique.
Au final, il n'est pasinintéressant d'établir un parallèle entre cette histoire d'amour et l'amour courtois du Moyen Âge dans la mesure oùici, Ruy Blas, un homme de condition modeste, est amoureux de la reine d'Espagne.
Cet amour impossible esteffectivement sublimé parce qu'il est désintéressé.
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